Une étude internationale a observé que l’exposition de femmes enceintes à des mélanges de perturbateurs endocriniens, présents dans notre environnement quotidien, avait des effets délétères sur le développement cérébral des enfants, entraînant des retards de langage.
Considérer la combinaison de plusieurs substances
Les perturbateurs endocriniens sont présents un peu partout dans notre environnement, depuis les pesticides des cultures aux molécules présentes dans les objets de nos foyers, comme le célèbre Bisphénol A. Ces substances ont la caractéristique d’affecter notre système hormonal, et ainsi, indirectement, bon nombre d’autres systèmes physiologiques régulés par ces hormones.
De nombreuses études se sont donc intéressées à ces perturbateurs, afin de connaître leurs effets sur la santé et définir une réglementation efficace, notamment en termes de concentration dans nos produits quotidiens. Mais, souligne une nouvelle étude parue dans le prestigieux magazine Science, il y a une faille : cette évaluation des risques pour la santé ne considère les substances que prises séparément. L’effet cocktail, soit la possibilité qu’un mélange de substances ait d’autres effets, ou des effets différents, que chaque substance prise séparément, n’entre pas en compte pour définir ces réglementations, qui doivent nous protéger sanitairement. Alors qu’au quotidien, l’humain est sans cesse exposé à un mélange de perturbateurs endocriniens (PE).
Retards de langage
Près d’une trentaine de chercheurs, venant de laboratoires européens et américains, a ainsi analysé l’effet de mélanges de PE d’un point de vue expérimental et épidémiologique.
Ils ont quantifié l’exposition à une série de PE, couramment rencontrés, sur une large cohorte de femmes enceintes en Suède. Et de conclure à une augmentation dans les retards de langage chez les enfants de 54% des femmes enceintes étudiées. “Les enfants de la cohorte ont maintenant grandi et les résultats de leur suivi indiquent que ceux qui ont souffert d’un retard de langage obtiennent en moyenne des scores plus faibles aux tests de quotient intellectuel.” commente un des chercheurs, le français Jean-Baptiste Fini, auprès de nos collègues du Monde. Afin de mieux identifier les processus derrière ce constat, ils ont soumis des animaux de laboratoire à ces cocktails de perturbateurs endocriniens, et ont observé qu’ils affectaient le système thyroïdien (qui produit des hormones intervenant dans le développement cérébral).