On les appelle parfois "néonics", un diminutif presque affectueux pour les néonicotinoïdes. Les défenseurs de la biodiversité maudissent pourtant cette famille de pesticides, plus connue sous l’appellation d’insecticides "tueurs d’abeilles".
Ils ont été interdits par l’Union européenne en 2018 pour leurs effets nocifs sur les pollinisateurs et sur la biodiversité en général. Mais l’Europe a prévu une possibilité de prolonger leur utilisation : les Etats peuvent accorder chaque année une dérogation à leurs agriculteurs, en respectant certaines conditions.
Troisième dérogation
Comme d’autres pays, le gouvernement fédéral a fait usage de cette fameuse dérogation ces deux dernières années. Il vient de l’accorder une nouvelle fois : les néonicotinoïdes seront donc encore largement utilisés dans les champs de betteraves belges en 2022.
C’est l’administration du ministre fédéral de l’Agriculture, le MR David Clarinval, qui a la compétence sur ces dérogations. Le ministre a décliné notre demande d’interview, au motif qu’il s’agit selon lui d’une décision "purement administrative et non politique". Ce n’est clairement pas l’avis de nos autres interlocuteurs. La ministre wallonne de l’Environnement, l’Ecolo Celine Tellier nous a confié ne pas soutenir la dérogation accordée par le fédéral.
Pour comprendre l’enjeu environnemental et économique de l’utilisation de ce pesticide polémique, nous avons rencontré des acteurs concernés.
L’agronome : les abeilles en danger
Etienne Bruneau, agronome spécialiste des abeilles, connaît bien les dégâts que peuvent provoquer les néonics : "Ce sont des produits qui ont une durée de vie très très longue. Ils restent dans la plante. Quand les abeilles vont chercher du pollen ou du nectar, le produit s’y trouve. Les abeilles rentrent à la ruche avec le pesticide qui intoxique toute la colonie. A terme, elle dépérit plus ou moins rapidement."