Peter Pan, un enfant de 70 ans

Chaque fois qu’un enfant dit qu’il ne croit pas aux fées, il y a quelque part une petite fée qui meurt…

Voilà pourquoi, nous, nous y croyons dur comme fer. Nous y croyons surtout depuis que, petits, nous avons découvert "Peter Pan", le 14e classique d’animation des Studios Disney, sorti en salles pour la première fois le 5 février 1953.

L’histoire de Peter Pan commence en réalité tous les soirs chez les Darling quand l’aînée de la famille, Wendy, raconte les aventures du jeune garçon à ses vauriens de petits frères, Michael et Jean, pour les endormir. Tous les soirs donc, elle les emmène au Pays imaginaire. Vous prenez la direction de la deuxième étoile à droite et puis c’est tout droit jusqu’au matin… Dans ce pays, Peter se bat volontiers en duel avec le Capitaine Crochet… ledit crochet étant à l’origine de sa peur des crocodiles. Toujours accompagné de sa fidèle fée Clochette, Peter est aussi entouré des Enfants perdus… jusqu’à cette nuit-là, où Peter entre réellement dans la chambre de la fratrie Darling et embarque tout le monde avec lui pour une incroyable épopée…

À l’origine de cette histoire, nous retrouvons un conte intitulé "Le petit oiseau blanc", écrit par l’écossais J. M. Barrie (J. M. Pour James Matthew) en 1902. Voulant lui offrir davantage qu’un second rôle, Barrie écrit ensuite une pièce de théâtre intitulée, elle, "Peter Pan, l’enfant qui refusait de grandir". Nous sommes en 1904. Cette pièce connaît un véritable succès. Elle est jouée partout. Même à Marceline, un bled perdu dans le Missouri où a grandi un certain Walt Disney (c’est l’architecture des maisons de Marceline qui a servi de point départ à la conception des parcs Disney). Walt a même joué l’un des rôles de cette pièce à l’école. C’est dire si son envie animée remonte loin, à l’enfance. Une pièce qui fut encore et toujours adaptée en livre par le même Barrie en 1911, cette fois-ci, sous le titre de "Peter et Wendy" !

Mais la version animée de Walt Disney n’est pas la première adaptation cinématographique de l’œuvre de Barrie. Bien des années plus tôt, en 1924, il y a eu un premier film, "Peter Pan", réalisé par Herbert Brenon (la vidéo ci-dessous) et, en 1925, un premier dessin animé (mais en version courte) "Peter Pan handled" des J.R. Bray Studios.

La version de Disney a tellement marqué les esprits, il faut attendre les années 90 pour voir au cinéma d’autres adaptations comme l’incroyable "Hook" de Steven Spielberg (1991) racontant non plus la jeunesse du garçon refusant de grandir mais bien sa vieillesse du garçon devenu grand ou presque, avec un Robin Williams parfait en Peter, une Julia Roberts en Clochette incroyablement féerique et un Dustin Hoffman accrocheur en Crochet. Spielberg est l’un des réalisateurs qui a le mieux évoqué l’enfance dans ses films. "Hook" étant l’incarnation parfaite d’une innocence perdue qu’il faut absolument retrouver… ou ne jamais perdre !

Les années 90 qui ont encore vu en télévision la programmation de deux séries animées, soit "Peter Pan no bouken" (made in Japan) et de "Peter Pan et les Pirates" (ou 65 épisodes de 22 minutes made in USA)…

Parmi les autres adaptations, il faut encore noter les sorties en 2003 de "Peter Pan" de P. J. Hogan et en 2015 de "Pan" de Joe Wright avec Hugh Jackman en Barbe noire qui exploite les orphelins comme Peter pour extraire d’une mine une poudre magique qui lui assurerait l’éternité. Là au fond de cette mine magique, notre héros fait la connaissance de James Crochet et se lie d’amitié avec lui…

La suite de cette histoire, vous la connaissez. Mais connaissez-vous encore les suites de Peter Pan ? Outre la série des longs-métrages animés Disney consacrés à Clochette et ce numéro 2 intitulé "Retour au Pays imaginaire", il y a surtout eu le très beau et poétique "Neverland" de Marc Forster en 2004. Ce film raconte l’histoire de Barrie, incarné par un Johnny Depp qui n’a pas toujours été pirate aux Caraïbes, qui rencontre une jolie maman veuve à l’imagination plus que débordante, jouée, elle, par Kate Winslet (parfaite comme toujours). Preuve que derrière chaque grand homme, même ceux qui refusent de grandir, il y a une femme prête à recoudre leur ombre et à leur montrer le réel chemin vers le Pays imaginaire !