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Peterbos : immersion au cœur de ce quartier bruxellois assiégé par la police

Le Peterbos, un paradis artificiel

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C’était un peu avant l’hiver dernier. Deux grandes opérations de police ont bousculé le quartier du Peterbos. À l’issue de ces coups de filet, les policiers ont pu débusquer d’importantes sommes d’argent, du cannabis et de la cocaïne. Les perquisitions ont eu lieu dans la commune d’Anderlecht et cinq autres communes. Dix-sept personnes ont été privées de liberté. Depuis, elles sont en attente d’être jugées.

Selon les enquêteurs, un trafic s’est organisé depuis deux à trois ans dans les cages d’escalier des bâtiments du Peterbos. Il répondrait à une structure hiérarchique, avec ses guetteurs, ses vendeurs, ses fournisseurs et ses responsables.

Depuis ces perquisitions la police occupe les lieux, pour reprendre le quartier.

Les opérations de police sont quotidiennes au Peterbos

L’actualité peu reluisante du Peterbos de ces derniers mois implique la prudence quand on s’y promène. En ce premier mercredi de l’année, quelques jeunes trainent en bas des blocs, de grandes tours à appartements entourées de carrés d’herbe relativement bien entretenus.

Au milieu de ce calme relatif, on peut très vite les remarquer, les policiers patrouillent. Leur présence est impressionnante. À chaque coin de bloc, les uniformes nous informent qu’on est en territoire contesté.

Deux policiers à moto traversent le quartier, un combi est stationné devant le bloc 9 avec quelques agents à l’intérieur.  De l’autre côté de la cité, une voiture patrouille, une autre est à l’arrêt non loin de la maison des jeunes.

Ce dispositif de police, Khalid Eladdaoui l’a remarqué. "La commune a voulu reprendre la main sur le Peterbos par rapport à certaines activités qui s’y passaient", explique le coordinateur de la maison des jeunes "D’broej", que l’on prononce ici "débrouille".

Khalid connaît le quartier. Pendant son enfance, il habitait l’un des blocs. Il a grandi au Peterbos, un endroit qu’il décrit avec attachement. Il n’a jamais pu le quitter totalement, comme investi d’une mission, celle de donner de l’espoir aux jeunes, de les accompagner, de leur confier les outils pour débuter dans la vie.

Khalid décrit le Peterbos comme une cité à la française, 18 blocs d’appartements sociaux placés à l’écart de la ville dans les années 60, posés sur une petite île séparée par de grandes voiries.

Au début, c’était bien

"Dans les années 80, le parc du Peterbos était entretenu, tout le monde voulait venir vivre ici". Dans chaque bloc vivait un délégué qui était un agent de quartier. "Il le gérait d’une main de maitre et les habitants respectaient leur appartement". Les règles étaient strictes, "on ne marchait pas sur la pelouse, sous peine d’amende", décrit Khalid. "Nous avions des devoirs dans le quartier, les gens ici n’étaient pas juste des locataires".

Ensuite, le temps passe, les gens changent, la commune n’investit plus et ce village peuplé de plus de 3.000 personnes se referme sur lui-même. Isolé, enclavé, le Peterbos après les années 2000 commence tout doucement à sombrer...


Dans ce premier épisode du podcast immersif "Le Peterbos, un paradis artificiel", partez à la découverte d’un quartier de Bruxelles, assiégé.

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