Si le siège de la peur se situe au plus profond de notre cerveau, peut-on agir directement à la source pour supprimer nos angoisses ?
L’amygdale, noyau central de nos émotions, joue forcément un rôle aussi important dans nos phobies, ces peurs extrêmes et irrationnelles face à un objet ou une situation précise (les araignées, la foule, le vide, etc.). Or on sait que l’amygdale est liée à d’autres zones cérébrales, dont l’hippocampe, qui est impliqué dans la gestion de nos souvenirs. On sait d’ailleurs que nos souvenirs les plus puissants sont liés à nos émotions. C’est à partir de là qu’une chercheuse néerlandaise a mené une expérience sur une patiente souffrant d’un terrible vertige.
Pour son expérience, elle l’a fait monter dans une nacelle, qui s’est progressivement élevée jusqu’à ce que la patiente ne puisse plus maîtriser sa peur et demande à redescendre. Une fois revenue sur la terre ferme, la chercheuse lui a donné une pilule de propanolol. Cette molécule, utilisée depuis très longtemps dans un certain nombre de traitements contre les maladies cardiovasculaires, peut avoir un effet secondaire bien particulier : elle perturbe un neurotransmetteur dans le cerveau directement lié à la sauvegarde des souvenirs. Une fois la pilule prise, la patiente est allée se coucher.
Un rangement des souvenirs modifié
En principe, pendant la nuit, notre cerveau s’emploie à ranger tous nos souvenirs de la journée. Mais dans son cas, le rangement des souvenirs a été perturbé par la molécule : le souvenir de son ascension en nacelle s’est transformé pour ne plus être associé à une réaction de peur incontrôlée. Pour le vérifier, la patiente a retenté l’expérience le lendemain. Elle est à nouveau montée dans la nacelle et cette fois, miracle : plus aucune sensation de peur, malgré des conditions météo moins favorables. Un résultat spectaculaire et très encourageant pour les personnes phobiques qui souffrent au quotidien.
Mais il faut rester prudent : cette méthode fonctionne-t-elle à long terme ? Est-elle efficace pour tout le monde ? Qu’en est-il des éventuels effets secondaires ? En attendant les réponses, la recherche avance…