Dans l'avion pour emmener la délégation belge à Dublin, les souvenirs de Philippe Albert rejaillissent. Il se souvient de 1987. A l'époque, les Diables Rouges sortent de la plus belle compétition de leur histoire (jusqu'alors). Guy Thys décide cependant d'injecter du sang-neuf entre les stars mondiales que sont Pfaff, Vercauteren ou Grün. Parmi eux, un certain Philippe Albert. Le Bouillonnais effectue son premier déplacement avec l'équipe nationale dans le cadre d'un match qualificatif pour l'Euro 1988. Et Guy Thys l'a décidé : il sera titulaire pour jouer face aux robustes Irlandais. "Thys avait jugé que l'on devait jouer à cinq derrière pour contrer le jeu physique des Irlandais. On était venu pour prendre un point en déplacement et, au final, c'est ce qu'on a fait." Grande tignasse au vent, moustache fournie sous le nez, les Diables rouges découvrent un Albert encore jeune mais sec dans le duel.
Stapleton est arrivé avec trois secondes de retard... et boum
"C'était d'autant plus un grand moment pour moi que le match a eu lieu un 29 avril, jour de l'anniversaire de mes deux parents, qui sont nés le même jour. C'était le plus beau cadeau que je pouvais leur offrir".
Une titularisation obtenue pour jouer à côté de Georges Grün, qui réalise ce jour-là, comme toute la défense belge, un match solide. "En deuxième mi-temps, je vais au duel pour écarter un ballon de la tête. Frank Stapleton (attaquant passé par Arsenal et Man Utd) arrive trois secondes trop tard et m'assène un coup de coude. Résultat ? J'ai l'arcade sourcilière ouverte, j'ai six point de suture et je suis contraint de quitter le terrain."
Un cadeau de bienvenue dans le football internationale, qui donnera au Bouillonnais le goût du football à l'anglaise, fait de longs ballons et de duels. "Ce jour-là, j'ai réalisé une erreur de jeunesse en me laissant avoir par ce joueur qui était en retard. Mais grâce à ce match, j'ai gagné de l'expérience, et on ne m'y a plus repris à l'avenir."
Venue pour le nul, la Belgique repart ce jour-là de Dublin avec un 0-0, mais manquera la qualification pour l'Euro 1988. Pour Albert, c'était le début d'une histoire qui allait l'emmener à deux Coupe du monde (1990 et 1994).