Eden Hazard a annoncé qu’il prenait sa retraite internationale. On ne reverra donc plus le capitaine sous le maillot des Diables. Philippe Albert, consultant de la RTBF depuis 11 ans, a été un témoin privilégié de la carrière du Brainois. "Il va me manquer. J’adore ce type de joueur. Les gens viennent au stade pour voir ce type de joueur. Voir les gens qui se lèvent dès qu’Eden touche le ballon que ce soit à Lille, à Chelsea ou en équipe nationale, c’était magique. On pourra se dire dans 15-20 ans qu’on a eu la chance de vivre cela à ses côtés."
Nostalgique, l’ancien défenseur n’est pas pour autant surpris de la décision du joueur du Real. "Je ne suis pas vraiment étonné. Eden a besoin de s’amuser sur le terrain. Et cela fait trois ans maintenant qu’il ne s’amuse plus. Dans ces conditions-là, peut-être qu’il vaut mieux arrêter. Les gens oublient qu’il est professionnel depuis l’âge de 16 ans. Le football professionnel demande énormément de sacrifices. C’est beaucoup plus 'vicieux' qu’auparavant. Il a subi énormément de coups. Et avec l’âge cela se ressent. Il faut respecter sa décision. Mais il va manquer à beaucoup de gens. Parce que c’est un gars sympa qui ne s’est jamais pris la tête. C’est rare ce genre de joueur qui était toujours accessible pour les journalistes, les consultants, pour les enfants, les supporters, … les gens ne savent pas ce qu’ils perdent", souligne Albert au micro de Vincent Langendries.
"Ce qu’il s’est passé ces dernières semaines dans le vestiaire des Diables a dû l’affecter"
Plusieurs raisons ont pu pousser Hazard à tirer sa révérence selon notre consultant. "Je m’y attendais suite aux dernières prestations des Diables. Il avait débuté face au Koweït, au Canada et au Maroc. Et puis il y a cette mise à l’écart face à la Croatie. Alors qu’il n’avait pas véritablement démérité dans les deux premiers matches de cette Coupe du monde. Et on lui donne un temps de jeu famélique pour faire la différence. Ce qui était carrément impossible. Même si on aurait dû gagner cette rencontre. Il a annoncé dans le vestiaire par la suite qu’il arrêterait probablement sa carrière. C’était un gros signe aussi. Le fait de trouver un nouveau sélectionneur. La fédération décide de prendre contact avec trois cadres. On cite Courtois, De Bruyne et Lukaku. La moindre des choses aurait été aussi de citer Eden Hazard. Même si au cours des trois dernières années, son temps de jeu a été insuffisant. En équipe nationale, ça reste un leader et le capitaine. Je pense que c’est un manque de respect de la fédération de ne pas avoir cité son nom. Ou alors il était au courant qu’il allait arrêter. Mais ça, je n’en suis pas véritablement convaincu. Ce qu’il s’est passé ces dernières semaines dans le vestiaire des Diables a dû l’affecter. Je pense qu’il n’a jamais connu ça dans un vestiaire. On parle toujours de grande famille chez les Diables rouges. Je pense que ce n’est plus le cas actuellement. Il y a des jeunes aux dents longues qui poussent et qui revendiquent peut-être un peu trop vite certaines choses."
"Il va laisser une trace incroyable"
Avec 126 sélections, 33 buts et 36 passes décisives, Hazardinho a été l’un des leaders de la "génération dorée". Il fait clairement partie des plus grands joueurs de l’histoire du football belge. "Il va laisser une trace incroyable. Et c’est logique avec tout ce qu’il a montré et tout ce qu’il a apporté : ses prestations à la Coupe du monde 2014, l’Euro 2016 où il était sur le toit du monde, en 2018 c’était le meilleur joueur du tournoi selon moi. C’est vrai que depuis son transfert au Real, c’est un peu plus difficile. Il est un peu sur la pente descendante. Mais il a toujours travaillé pour revenir à son meilleur niveau. Eden est suffisamment intelligent pour savoir que ce qu’il montre depuis plusieurs mois… Quand vous avez été sur le toit du monde pendant 12-13 ans, c’est très difficile de vivre la situation qu’il vit actuellement du côté du Real. Je pensais qu’il allait partir au mercato estival. Ici on parle d’un prêt en janvier. Il est temps pour lui de changer d’air. Le Real est le plus grand club du monde, il n’a pas réussi à s’imposer et Ancelotti fait des résultats absolument incroyables. Il faut être logique avec soi-même. La meilleure chose qui pourrait lui arriver, c’est d’aller voir sous d’autres cieux pour pouvoir retrouver son meilleur football".
Belgique-Hongrie 2016 : "rien que d’en parler, les frissons reviennent"
A son "prime", Eden a fait se lever les foules et a enchanté les stades et les fans de foot. "Il n’y a pas beaucoup de joueurs qui me font frissonner. C’est un joueur qui nous a fait rêver qui m’a fait rêver au même titre que Paul Van Himst, Jan Ceulemans ou Enzo Scifo. Ils ont pris à un moment ou à un autre leur retraite et cela s’est relativement bien passé pour les Diables ensuite. Espérons que ce sera encore le cas, cette fois-ci. Il va me manquer. J’adore ce type de joueur. Les gens viennent au stade pour voir ce type de joueur. Voir les gens qui se lèvent dès qu’Eden touche le ballon que ce soit à Lille, à Chelsea ou en équipe nationale, c’était magique. On pourra se dire dans 15-20 ans qu’on a eu la chance de vivre cela à ses côtés".
Pour retrouver son meilleur souvenir, Albert ne doit pas rembobiner longtemps. "Ce que je retiendrai, c’est ce Belgique-Hongrie de l’Euro 2016. Rien que d’en parler, les frissons reviennent. Il nous a gratifiés d’une prestation digne des Messi et Ronaldo de la grande époque, de Maradona ou de Pelé… n’ayons pas peur des mots. Ce jour-là, il a montré à l’Europe et au monde, qu’il faisait partie des plus grands. Je ne retiendrai que ça. Il faut retenir le positif. Il y a eu du négatif depuis quelques années. Mais avec ce qu’il nous a donné, il peut être fier de sa carrière. Et elle n’est pas encore finie."