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Philippe Noiret, le bienheureux

© Getty Images

Par Viva+ via

Le 1er septembre 1977, Michèle Cédric reçoit dans le cadre de son émission " Rencontre ", l’un des plus grands acteurs du cinéma français, Philippe Noiret. Le comédien récompensé l’année précédente du César du meilleur acteur pour son rôle dans " Le vieux fusil " de Robert Enrico est de plus en plus sollicité par les réalisateurs. Sa classe et son phrasé particulier, unique séduisent les scénaristes qui le font tourner film sur film. Quand on est autant demandé, il est nécessaire, même indispensable de lever le pied et de penser à autre chose qu’au 7ème art. C’est ce que Philippe Noiret appelle " le confort " et qu’il explique à Michèle Cédric qui compatit.

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French Actor Philippe Noiret at Home
Philippe Noiret chez lui

Philippe Noiret est né à Lille le 1er octobre 1930 dans une famille de commerçants. Son père, issu de la bourgeoisie locale est vendeur de faux-cols dans une grande maison de confection. Sa mère, d’origine belge est mère au foyer. L’enfant reçoit une éducation catholique et adolescent, il ne figure pas parmi les bons élèves. Au contraire ! Il rate trois fois son baccalauréat. Dépité, dégoûté, il se détourne des études classiques et rejoint le Centre dramatique de l’Ouest à Paris. Après quelques auditions, repéré par Gérard Philippe, il intègre le Théâtre national populaire où il fait ses premiers pas sur les planches. Auparavant, pour l’anecdote, pour oublier les échecs au bac, le jeune Philippe doté d’une belle voix avait gonflé les effectifs de la chorale de la Cigale avec laquelle il s’est produit à la Basilique Saint-Pierre de Rome en 1949, à l’occasion de la fête de Pâques. On referme la parenthèse et on en revient à nos moutons

Un monstre sacré

Après maintes prestations sur les planches, Philippe Noiret se sent un peu à l’étroit au théâtre d’autant que le cinéma lui fait du pied. Il se lance dans l’aventure et obtient en 1955, un premier rôle dans le film d’Agnès Varda, " La pointe courte ". L’artiste continue, faute de sollicitation du 7ème art à monter sur la scène des théâtres jusque dans les années 60. A partir de cette décennie, les rôles vont s’enchaîner mais son ascension va prendre du temps. A l’époque de l’avènement au cinéma de la nouvelle vague avec des cinéastes comme Truffaut ou Godard, Noiret tourne avec l’ancienne génération de réalisateurs, avec René Clair, Jean Delannoy,…On le voit dans " Zazie dans le métro " de Louis Malle, dans " La ravissante " de Robert Lamoureux ou encore dans " Capitaine Fracasse " de Pierre-Gaspard-Huit dont Jean Marais est la vedette. Bref, l’acteur se cantonne à des seconds rôles. Et c’est sa prestation en 1968, dans " Alexandre le bienheureux " d’Yves Robert qui le révèle au public mais aussi aux grands hommes du 7ème art. Remarqué par Alfred Hitchcock, il est à l’affiche l’année suivante de " L’étau " avec Michel Piccoli. Il retrouve ce dernier en 1973, dans le très controversé " La grande bouffe " de Marco Ferreri où il joue également aux côtés d’Ugo Tognazzi , de Marcello Mastroianni et de son épouse, Monique Chaumette, des bourgeois qui se tuent à force de s’empiffrer.

Il poursuit une carrière en Italie et tourne avec Scola ou Monicelli. Au même moment, il devient le comédien fétiche de Bertrand Tavernier qui le dirige dans " L’horloger de Saint-Paul " ," Coup de Torchon " et " La fille de d’Artagnan ". Mais personne n’oublie " Le vieux fusil " et son rôle de chirurgien qui rêve de vengeance devant l’assassinat par les S.S, dans des conditions épouvantables de son épouse et de sa fille. Il obtient pour son jeu dans le film de Robert Enrico, le César du meilleur acteur en 1976. Il reçoit cette même récompense en 1990 pour " La vie et rien d’autre " de Bertrand Tavernier. On retiendra aussi le projectionniste qu’il incarne dans " Cinema Paradiso " de Guiseppe Tornatore et " Le facteur " de Michael Radford où il campe le poète chilien, Pablo Neruda. Incontournable également dans le genre un peu plus léger, la trilogie des " Ripoux " de Claude Zidi avec Thierry Lhermitte et la chanteuse Régine. En 1996, grâce à Patrice Leconte et son long métrage " Les grands ducs ", Philippe Noiret retrouve ses copains de toujours qui ont suivi le même parcours artistique, Jean Rochefort et Jean-Pierre Marielle. Il apparaît en 2006 dans la comédie de Michel Boujenah " 3 amis ", Boujenah qui l’avait dirigé auparavant dans " Père et fils ". Ce sera son dernier rôle. Philippe Noiret s’éteint le 23 novembre. L'homme, l'artiste qui a eu du mal à accepter son physique est parvenu à crever l'écran et est devenu un monstre sacré du cinéma français. Il est par ailleurs, l’acteur de plus de 110 films. A sa mort, le président Jacques Chirac déclarera : " C’est un géant qui nous quitte".

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