Ferdinand Marcos Junior, 64 ans, a remporté l’élection présidentielle avec 58,8% des suffrages exprimés aux Philippines. Le fils et homonyme de l’ancien dictateur réinstalle son clan familial au sommet du pouvoir, 36 ans après la révolte populaire qui l’en avait chassé.
Torrents de désinformation
Ferdinand Marcos Junior est le président le mieux élu depuis son père en 1969. Plusieurs facteurs expliquent ce triomphe. Tout d’abord, "Bongbong", comme il est désigné par les Philippins, a mené une campagne de désinformation massive sur les réseaux sociaux.
Depuis des années, des comptes pro-Marcos Junior ont envahi les réseaux sociaux, faisant passer auprès des jeunes Philippins les vingt ans de régime de son père (1965-1986) comme une ère dorée de paix et de prospérité pour l’archipel. En passant sous silence les dizaines de milliers d’opposants arrêtés, torturés ou tués, ou encore les milliards de dollars volés par le clan Marcos dans les caisses du pays pour son enrichissement personnel.
Ferdinand Marcos Jr a également pu compter sur le soutien du président autoritaire sortant Rodrigo Duterte, dont la popularité reste forte.
Enfin, le nouveau président philippin doit en grande partie sa victoire à une série de tractations en coulisses avec d’autres clans familiaux, et notamment à son alliance avec Sarah Duterte, fille du président sortant, qui briguait la vice-présidence et semblait également assurée de l’emporter.
70.000 opposants torturés sous Ferdinand Marcos
Au cours de ses deux décennies au pouvoir, les forces de sécurité du père du nouveau président philippin ont tué, torturé, abusé sexuellement, mutilé ou détenu arbitrairement environ 70.000 opposants, estime Amnesty International.
Ils ont appliqué un fer à repasser sur la plante de mes pieds
Ancien prisonnier politique, Bonifacio Ilagan, alors président de l’organisation de jeunesse communiste Kabataang Makabayan, a été capturé lors d’un raid en 1974, il a été détenu pendant deux ans dans les geôles de Marcos et torturé à plusieurs reprises. Il se souvient des coups, des fers chauds qui lui brûlaient la plante des pieds.