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Philippines : le chef des prisons accusé d’avoir ordonné le meurtre d’un journaliste

Le ministre philippin de l’Intérieur, Benjamin Abalos Jr. (D), aux côtés du ministre de la Justice, Jesus Remulla (G), lors d’une conférence de presse à Manille le 7 novembre 2022

© Ted ALJIBE

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Par AFP, édité par Théa Jacquet

La police philippine a accusé lundi le directeur des prisons du pays d’avoir ordonné le meurtre d’un éminent journaliste de radio. Percival Mabasa, 63 ans, qui se faisait appeler "Percy Lapid" dans son émission, a été abattu dans la banlieue de Manille le 3 octobre alors qu’il se rendait à son studio.

La police a porté plainte pour meurtre contre le directeur général de l’administration pénitentiaire, Gerald Bantag, actuellement suspendu de ses fonctions, et son adjoint à la sécurité, Ricardo Zulueta.

Le tireur présumé, Joel Escorial, s’est rendu aux autorités le mois dernier, craignant pour sa sécurité après que la police a diffusé son visage à partir d’images de vidéosurveillance, ont indiqué des responsables.

Bantag aurait ordonné le meurtre de Mabasa suite à "l’exposition continue par ce dernier des problèmes contre le premier dans son émission", a fait savoir aux journalistes Eugene Javier du Bureau national d’enquête, lisant un communiqué.

Bantag et Zulueta sont également accusés d’avoir ordonné le meurtre de Cristito Villamor Palana, l’un des détenus qui aurait transmis l’ordre d’exécution à Escorial. Escorial avait identifié Palana auprès de la police. Selon Javier, Palana a été étouffé avec un sac en plastique par des membres de son propre gang.

Des plaintes pénales ont également été déposées contre 10 détenus. Les procureurs du ministère de la Justice décideront si les preuves sont suffisantes pour saisir un tribunal.

Un critique virulent

Mabasa était un critique virulent de l’ancien président Rodrigo Duterte ainsi que de la politique et des collaborateurs de son successeur Ferdinand Marcos. Il avait également pointé du doigt le "marquage rouge" – accuser quelqu’un d’être un sympathisant communiste – ainsi que les opérations de jeux en ligne et la désinformation autour de la loi martiale.

Il s’agit du deuxième journaliste à être tué depuis que Marcos a pris ses fonctions le 30 juin. Alors que les Philippines sont classées comme l’un des pays les plus dangereux au monde pour les journalistes, de tels meurtres se produisent rarement à Manille.

Javier a déclaré que l’enquête sur ces meurtres avait révélé "l’institutionnalisation d’une organisation criminelle au sein du gouvernement". Cette affaire va susciter "de nombreuses réformes au sein du gouvernement et le renforcement des mécanismes actuels afin de s’assurer que rien de cette nature ne se reproduira", a-t-il assuré, évoquant une "guerre contre l’impunité".

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