Belgique

"Photographier Olivier Vandecasteele m’a fait pleurer", rencontre avec celui qui a immortalisé sa libération

Olivier Vandecasteele dans le viseur du photographe belge Vlad Vanderkelen.

© – Vlad VDK

Par Quentin Warlop

C’est une photo qui a fait le tour du monde. Olivier Vandecasteele, tout juste libéré. Un moment immortalisé dans l’avion de l’armée. Celui qui a capté cet instantané, c’est Vlad Vanderkelen. Il est photographe pour les Affaires Etrangères. Ce jour-là, il ne sait pas où il va. Ni qui il va devoir photographier. "J’étais avec la Princesse Astrid et la ministre des Affaires Etrangères, Hadja Lahbib en mission économique au Sénégal. J’ai reçu un coup de téléphone m’indiquant que je rentrais avec la ministre car je repartais pour une mission de la plus haute importance pour photographier quelqu’un."

Après 9h30 de vol, l’avion militaire A400M se pose. A Oman. Il ne l’apprend que quelques minutes plus tard. Il fait plus de 45 degrés dehors, sur le tarmac. Plus chaud encore à l’intérieur. Après trois heures d’attente, Vlad voit rentrer l’humanitaire belge dans l’avion. "Je vois arriver Olivier. Je me dis : Oh, c’est lui ! OK. J’étais partagé entre l’émotion de le voir et le rappel à l’ordre lié à mon travail. Avec les photos à réaliser."

Olivier Vandecasteele dans l’avion militaire qui le ramène en Belgique. Le sourire d’un homme heureux et libre.
Olivier Vandecasteele dans l’avion militaire qui le ramène en Belgique. Le sourire d’un homme heureux et libre. © – Vlad VDK

"Ce n’est pas mon image. C’est la sienne !"

Vlad n’a que quelques minutes pour faire les photos avant de repartir, direction Bruxelles. Des photos à la lumière naturelle, réalisées en quelques minutes, pour écrire visuellement l’histoire de la libération de celui qui a passé 455 jours, otage, en Iran. Des photos directement validées par l’humanitaire belge. "Je lui montre les photos. Pour avoir son avis parce que c’est surtout son image. Ce n’est pas la mienne, c’est la sienne. Il regarde. C’est difficile." Vlad s’arrête quelques instants et essuie une larme. Il reprend. "Pour moi aussi, c’était difficile. Il me dit : c’est la première fois que je me vois depuis tout ce temps. Je lui dis que je comprends. Il me dit qu’il n’a pas eu accès à un miroir, aucune réflexion. Donc, j’étais le premier portrait sur celui qu’il est devenu. Il me disait qu’il se voyait creusé… Mais il m’a dit ‘Merci’. Il m’a dit : Tes portraits apportent de la douceur, une légèreté. Merci.’"

Olivier Vandecasteele dans la lumière naturelle. Et dans l’objectif du photographe belge Vlad Vanderkelen.
Olivier Vandecasteele dans la lumière naturelle. Et dans l’objectif du photographe belge Vlad Vanderkelen. ©  – Vlad VDK

Des images et des couleurs pour le reconnecter à la réalité

Il est l’un de ceux qui ont passé le plus de temps avec Olivier Vandecasteele depuis sa libération. Dans l’avion, l’ex-otage souhaite parler. Alors Vlad lui montre des photos du Sénégal, où il était encore en mission avec la Princesse Astrid et la ministre des Affaires Etrangères, 24 heures plus tôt. "Je lui ai dit : ‘Olivier, je vais te montrer des photos du Sénégal, avec la mer et les décors.’ Il m’a dit : ‘Oh oui, la mer ressemble encore à cela. Ces couleurs sont magnifiques.’ Au moins, ces images ont permis de le reconnecter à la vie d’avant. Il a soufflé de bonheur. On s’est alors pris dans les bras. On a pleuré. C’est plus qu’humain. Il n’y a pas de mots pour décrire ce sentiment."

Vlad Vanderkelen, photographe pour les Affaires étrangères.
Vlad Vanderkelen, photographe pour les Affaires étrangères. © – Vlad VDK

Pas un mot sur sa détention

Olivier Vandecasteele dans les bras de ses proches, photographié par Vlad Vanderkelen sur le tarmac de l’aéroport.
Olivier Vandecasteele dans les bras de ses proches, photographié par Vlad Vanderkelen sur le tarmac de l’aéroport. © – Vlad VDK

L’humanitaire belge ne dira pas un mot sur sa détention pendant les neuf heures de vol. Puis, vient l’arrivée sur le sol belge, à l’aéroport de Melsbroek. "Quand la porte s’ouvre, je suis derrière lui. On lui laisse le champ. C’est lui. C’est son moment. Il est de retour, il faut lui laisser de l’air." Cette rencontre, ces photos, ces émotions resteront gravées dans sa mémoire. "Le fait de le capter, tu pleures avec lui. Parce que c’est intense. Je suis fier d’avoir pu réaliser une photo dont lui est fier aussi. C’est bien."

Olivier Vandecasteele. Amaigri et fatigué. Mais libre.
Olivier Vandecasteele. Amaigri et fatigué. Mais libre. © – Vlad VDK

Vlad, le photographe qui a accompagné le retour Olivier Vandecasteele

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