Pierre Solot nous parle d’une pianiste de légende qui se produira à Flagey le 12 février prochain dans le cadre du concert de clôture de la dixième édition des Piano Days.
Pierre Solot se souvient d’un concert, alors qu’il était encore un tout jeune homme, le 17 novembre 2008. Alfred Brendel, une légende au sommet de son art, venait jouer au Palais des Beaux-Arts de Bruxelles pour la dernière fois. Après 60 ans de carrière, la légende d’Alfred Brendel allait prendre une autre dimension, une dimension publiquement silencieuse : l’heure de la retraite avait sonné.
La salle Henry Le Bœuf était pleine à craquer, il devait y avoir 100 ou 150 personnes sur la scène qui avaient suffisamment insisté pour y poser leur chaise. Pierre Solot se souvient des grognements du pianiste, et puis de cette musique menée du bout des doigts par un tout petit géant au sommet de son art.
Et ce soir du lundi 17 novembre 2008, Pierre Solot s’est juré de ne jamais manquer le dernier concert d’une légende.
Vous le savez bien. Dans la vie, on passe à côté de certains moments. Parfois, souvent… pour de mauvaises raisons : de la paresse, de la pluie, du vent, alors on ne va pas écouter cet artiste qui ne reviendra peut-être plus jamais… et là, selon les tempéraments, on oublie, ou on vit de regrets.
Le dimanche 12 février 2023 à 20h15 au Studio 4 de Flagey à Bruxelles, une légende du piano vient clore la 10e édition des Piano Days : il s’agit de la pianiste géorgienne Elisso Virsaladze. Alors bien sûr, Elisso Virsaladze n’annonce pas sa retraite. Elisso Virsaladze a fêté ses 80 ans en septembre dernier, et c’est bon pied bon œil — et doigts vigoureux, qu’elle propose un programme largement consacré à la musique de Mozart.
Et pour ceux qui ne connaissent pas Elisso Virsaladze, c’est une coupe de cheveux, reconnaissable entre toutes, des cheveux noir ébène coiffés comme un pharaon. C’est une élève de l’immense Heinrich Neuhaus au Conservatoire de Moscou, comme Sviatoslav Richter, comme Emil Gilels, comme Radu Lupu. Elisso Virsaladze est de cette trempe-là, elle a traversé l’Histoire et la 2e moitié du XXe siècle comme une reine de musique. Artiste du peuple de l’URSS, elle joue la musique de Schumann comme personne, ses duos avec la violoncelliste Natalia Gutman sont des références absolues ; avec sa peau claire et son regard perçant, elle a l’autorité évidente de l’une des plus grandes voix du piano.
Vous voulez savoir ce que c’est que la grandeur de l’école russe du piano ? Dans toute son intensité et sa force vitale ? Eh bien Elisso Virsaladze sera à Flagey le 12 février prochain, il n’est pas question de manquer ça. Pierre Solot y sera, comme pour Brendel il y a plus de 14 ans.