Le 1er novembre 1768, la Belgique perd l’un de ses compositeurs les plus reconnus. Son nom est Pierre van Maldere et le talent de ce jeune violoniste Van Maldere ne fait aucun doute.
En 1749 à 20 ans seulement, il est nommé premier violon de l’Orchestre de la Chapelle Royale, poste que vient juste de quitter Henri-Jacques de Croes, maître de chapelle et directeur de la musique de chambre de la cour. Mais s’il est remarqué par les musiciens, c’est surtout le gouverneur des Pays-Bas, Charles de Lorraine, qui, un soir, alors qu’il l’entend jouer au dîner, décide de le prendre sous son aile.
Dans un premier temps, tout en gardant son revenu, il autorise Van Maldere à quitter Bruxelles et à tourner. On le trouve en Irlande où il dirige deux années durant les Philharmonik Concerts ou encore au Concert spirituel de Paris. Charles de Lorraine, satisfait du musicien, décide de le garder auprès de lui. Commence alors pour le violoniste et compositeur une longue période de voyage à travers l’Europe, aux côtés du gouverneur. Des voyages qui mènent le musicien à Paris, Prague et Vienne. C’est d’ailleurs lors de son séjour à Vienne qu’éclate la guerre de Sept Ans.
Dans la capitale autrichienne, Van Maldere va s’illustrer à deux reprises comme compositeur d’opéra-comique présentant son Déguisement pastoral et ses Amours champêtres au Palais de Schönbrunn, respectivement en 1756 et en 1758. Quelques mois avant la création de son premier opéra à Salzbourg, naissait un jeune garçon du nom de Wolfgang Amadeus Mozart.
A son retour de Vienne, Charles de Lorraine décide de s’attacher complètement les services de Van Maldere puisqu’il le nomme son valet de chambre. Puis, en 1762, Van Maldere redevient directeur du Grand Théâtre, le Théâtre de La Monnaie. Il restera cinq années à la tête de l’institution avant de la quitter, accablé par la fatigue. Cette fatigue, il ne s’en départira jamais jusqu’à un soir de novembre 1768 où, à 39 ans, il s’éteint brusquement, comme en témoigne le journal du gouverneur.
Auteur d’opéra et de musique de chambre, c’est pourtant la symphonie qui vaudra à Van Maldere sa place dans les livres d’Histoire musicale. Sans être totalement avant-gardistes, ses symphonies s’inscrivent dans l’esthétique des compositeurs de Paris ou de Mannheim. Un style préclassique qui pave la route aux Haydn et aux Mozart. Deux compositeurs qui, par ailleurs, avaient connaissance des œuvres du maître bruxellois. D’ailleurs, les symphonies de Van Maldere jouiront d’un succès en Europe de son vivant et continueront à être défendues jusqu’à la fin du XVIIIe siècle. Ainsi, en 1791, année de la mort de Mozart dans le Musikalische Korrespondenz, Johann Hiller marque toujours les allegros de Van Maldere comme étant des modèles du genre.