Caroline Joway n’en revient toujours pas. Cette toute nouvelle échevine Ecolo-Groen de la mobilité à Etterbeek raconte sa surprise vendredi dernier, lorsqu’un quart d’heure avant une réunion du collège, elle a appris l’intention du bourgmestre de réaliser son propre projet de piste cyclable à l’avenue de Tervueren, alors que les autorités régionales travaillent depuis deux ans et demi sur un projet pour les cyclistes sur cet axe important de la Ville.
"Quelques minutes avant le collège, le bourgmestre est arrivé avec une ordonnance de police impliquant la création de deux pistes cyclables unidirectionnelles au lieu d’une bidirectionnelle sans concertation préalable avec nous. En tant qu’échevine de la Mobilité et des Travaux publics, ne pas être au courant d’un projet qui concerne une de mes compétences, vous le comprendrez, ça ne va pas".
Finalement, le collège approuvera l’ordonnance sans les échevins Ecolo-Groen, qui ont quitté la salle. Les travaux de réalisation ont d’ailleurs été entrepris dès lundi matin.
Il est passé en force
Si l’échevine Ecolo trouve la situation particulièrement saumâtre, c’est non seulement d’avoir été tenue à l’écart d’un tel projet qui relève pourtant de ses compétences, mais aussi parce que le projet de piste cyclable envisagé par la Région commençait à prendre forme. "Je dois avouer que je comprends l’impatience du bourgmestre, c’est vrai que ce dossier traîne. Mais j’ai dit vendredi au bourgmestre que le dossier était prêt, que les plans étaient prêts à être envoyés à la commune. Mais il n’a rien voulu entendre. Il est passé en force".
Pour les premiers concernés, les cyclistes, la surprise a aussi été entière : "C’est la consternation la plus totale, regrette Florine Cuignet, porte-parole bruxelloise du Gracq, Groupe de Recherche et d’Action des Cyclistes Quotidiens. On a appris cette décision par voie de presse. Il faut savoir qu’il y avait un dialogue régulier entre le groupe de cyclistes d’Etterbeek et l’échevine de la Mobilité d’Etterbeek et on semblait aller vers une bonne concertation entre la Région et la commune pour appliquer le projet de la Région. Puis, soudainement, débarqué de nulle part, on réalise un projet qui n’a fait à aucun moment l’objet d’une discussion avec l’autorité régionale ou les cyclistes de la commune".
Concernant le projet, même s’il juge le projet régional "forcément imparfait", le Gracq regrette surtout que la commune n’ait eu "aucune écoute des cyclistes, puisque notre demande répétée depuis des années, c’est d’avoir un tracé cohérent sur l’ensemble de l’axe Tervueren : on réclame un aménagement bidirectionnel pour permettre aux cyclistes d’emprunter la latérale dans les deux sens. Il faut savoir que l’avenue de Tervueren est une véritable autoroute urbaine, difficilement traversable par les cyclistes".
Cette histoire de piste cyclable risque de laisser traces dans la vie politique communale d’Etterbeek. Même si Caroline Joway aspire à l’apaisement : "Moi je suis constructive et j’ai envie d’avancer pour le bien des citoyens etterbeekois. Les crises sont inhérentes à la politique. Bon, celle-ci est de grande ampleur. Mais on s’est expliqué. Il y a un travail qui va être fait en majorité pour que la confiance soit rétablie. J’ai demandé hier une réunion de crise. Le bourgmestre me l’a accordée et nous avons mis les choses au point. Le bourgmestre va revenir vers nous pour voir comment continuer à avancer dans un climat de confiance. C’est mon but principal car je ne peux pas travailler dans la méfiance".
Pas une surprise
Pour Vincent Dewolf, le bourgmestre d’Etterbeek, "Ce n’est pas un cavalier seul dans la mesure où plusieurs décisions sont intervenues unanimement au collège depuis le mois de juin 2020. Un vote était intervenu en conseil communal statuant que si la ministre régionale de la Mobilité ne faisait pas ce qui était dans l’accord, nous irions en justice, donc cela n’est pas une surprise".
Concernant la réunion, de vendredi, "l’échevine m’a indiqué qu’elle était tout à fait d’accord sur le fonds. Elle n’a pas souhaité participer au vote vendredi mais un moment il faut prendre ses responsabilités. Toutes les conditions étaient réunies pour agir", se justifie le bourgmestre.