Mobilité

Plan SNCB : "Le gouvernement doit faire du train la colonne vertébrale de la mobilité", affirme Georges Gilkinet

L'invité: Georges GILKINET, ministre fédéral de la mobilité

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Par Miguel Allo sur base d'une interview de Danielle Welter via

Ce vendredi 31 mars, le Conseil d’administration de la SNCB a adopté son nouveau plan de transport pour la période 2023-2026. Celui-ci prévoit plus de 2000 trains supplémentaires par semaine d’ici 2026, dont 720 le week-end. Aucune gare ne sera supprimée pour l’instant. Seuls 22 trains P très peu fréquentés ne circuleront plus, a précise l’entreprise.

Ce plan est-il vraiment réaliste avec les nombreux retards, les suppressions de trains, le manque de personnel et l’état de l’infrastructure ? Georges Gilkinet, ministre fédéral de la Mobilité (Ecolo) était l’invité de la Matinale sur La Première ce lundi.

Le mode de déplacement de l’avenir

Des chiffres d’abord. La SNCB a transporté l’an dernier près de 227 millions de voyageurs. Un nombre plus élevé qu’en 2021, mais en recul de 10% par rapport à la période préCovid.

Le nouveau plan de transport pour la période 2023-2026 va-t-il améliorer ce bilan ?

Le ministre de la Mobilité espère que la population sera plus tentée de prendre le train grâce au nouveau plan "parce que c’est le mode de déplacement le plus respectueux de l’environnement, le plus sécurisé aussi, qui peut nous aider à répondre à nos problèmes de mobilité." Mais aussi parce que la Belgique souffre d’embouteillages et que "le coût des embouteillages en Belgique est estimé à plus de 4,5 milliards d’euros. C’est du temps de perdu et de l’énervement."

Le ministre estime que le rail "est le mode de déplacement de l’avenir", raison pour laquelle "on l’a remis sur les rails au cours de cette législature, avec une vision d’avenir 2040, un refinancement et maintenant ce plan de transport."

Faire de la mobilité une liberté

L’objectif, dit-il, "c’est de faire de la mobilité une liberté pour tout le monde." Il espère dès lors voir davantage de personnes dans les trains avec des trains plus fiables, plus accessibles et plus confortables, "ce à quoi on travaille" et qui "se mettra en œuvre progressivement". Si tout cela se concrétise "je pense qu’on aura bien travaillé".

Le ministre de la Mobilité rappelle aussi qu’il n’y avait plus eu de contrat entre l’État fédéral et les entreprises publiques de chemin de fer (SNCB et Infrabel, ndlr) depuis dix ans. "Et bien maintenant on a un contrat à dix ans financé. Et pour les trois prochaines années, on sait les trains supplémentaires qu’on veut mettre en place, notamment les vendredis soir, le samedi soir, vers les villes pour permettre la vie culturelle, la vie économique et le retour en sécurité chez soi."

On ferme la page du passé et on remet le réseau à neuf

Le plan présenté ce vendredi par la SNCB est très ambitieux. Mais est-il possible de le mettre réellement en place ? Deux mille trains supplémentaires sont annoncés. Où iront-ils, alors que l’on sait qu’une panne d’un train supprimé ou un train bondé, peut créer des retards en cascade à l’image de ce train, ce lundi matin, entre Rochefort et les Bramons, qui était en panne ? Comment faire pour que tout roule sans accroc ?

Il faut fermer la page du passé "où on a désinvesti de la SNCB, où c’était une variable d’ajustement budgétaire", assure Georges Gilkinet. Ensuite, on remet le réseau à neuf. "Infrabel est refinancé. On achète du nouveau matériel et on engage du personnel aussi." Et le ministre d’expliquer que trouver le personnel roulant, les conducteurs et conductrices, les accompagnateurs, etc. est un enjeu important.

On a parfois l’impression que les pannes, les retards et les suppressions de trains n’ont jamais été aussi nombreux. Pour le ministre, pas de doute, "c’est l’héritage du passé". Et de préciser que le matériel actuel a plus de 25 ans alors que la durée de vie d’un train est de 40 ans. Selon lui, il y a trop de matériel en fin de vie et il est nécessaire de le remplacer. "On a trouvé les budgets pour le faire, des commandes sont en cours."

Dans son analyse, il constate aussi que la SNCB est victime de la rareté de certains matériels électroniques en raison d’un retard du fournisseur, "mais aujourd’hui, on a une vision à 10 ans et des budgets. Ce qui permet de programmer les investissements et de faire beaucoup mieux", assure-t-il.

Il comprend aussi "l’énervement de ceux qui parfois sont victimes d’un retard, mais parfois dans la voiture aussi, on est dans un embouteillage."

Le manque de personnel

L’un des problèmes actuels sur le rail, c’est le manque de personnel. L’an dernier, 38.400 trains ont été supprimés et il y a 40% d’annulation en plus. Aura-t-on le temps de recruter et former le personnel pour le nouveau plan de transport avec ses 2000 trains supplémentaires ?

Le ministre fédéral de la Mobilité estime que cela va se faire progressivement et de rappeler que ces postes sont ouverts. Il ne s’agit pas d’un problème économique, de pression sur les travailleurs actuels, "on cherche des candidats et on a plus de difficultés dans certaines provinces". Il cite les exemples de la province d’Anvers et de Luxembourg.

Georges Gilkinet lance d’ailleurs un appel ce matin pour recruter les personnes nécessaires. En rappelant qu’il s’agit d’un métier de service public, utile pour la mobilité et au contact des citoyens. "Ça contribuera à notre objectif de 80% de taux d’emploi."

C’est une priorité pour le gouvernement de faire du train la colonne vertébrale de la mobilité

Il y a deux semaines, un protocole a été signé avec les syndicats. L’accord prévoit qu’il n’y aura pas d’augmentation de la charge de travail s’il n’y a pas d’engagement. Doit-on en déduire qu’il y a une condition pour les 2000 trains supplémentaires ?

Le ministre précise qu’il y a plein de conditions, "mais c’est pour la première fois depuis 2008 qu’il y a une revalorisation salariale pour les travailleurs de la SNCB." "C’est une priorité pour le gouvernement de faire du train la colonne vertébrale de la mobilité." Et il y travaille, dit-il. "En tant qu’écologiste, le train a un rôle à jouer qui est majeur pour le futur, tant pour les personnes que pour les marchandises."

Ce matin, le réseau ferroviaire était perturbé avec notamment un trafic interrompu entre Mons et La Louvière en raison d’un vol de câble à hauteur d’Obourg (Hainaut). Autre souci, entre Grupont et Hatrival sur la ligne Namur-Arlon en raison d’un train en panne.

Pour le ministre fédéral de la Mobilité, les chantiers actuels sont la preuve " qu’on investit " et " effectivement, pendant qu’on travaille sur la voie, on ne peut pas au même moment faire passer des trains. "

Vous savez, quand il y a un trou dans un toit qui a une fuite et qu’on ne la répare pas tout de suite, ça s’aggrave. Ça, c’est la situation du train les 20 dernières années."

On va vers mieux

Georges Gilkinet a, dit-il, dégagé avec le gouvernement fédéral les moyens pour remettre le réseau à neuf. "Maintenant, ça prendra un peu de temps effectivement et désolé pour ces désagréments temporaires, mais on va vers mieux."

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