"Le peuple contre le coup d'Etat": plus de 5000 personnes ont manifesté dimanche dans le centre de Tunis pour dénoncer le coup de force du président Kais Saied qui s'est arrogé les pleins pouvoirs fin juillet.
Malgré un filtrage et beaucoup de contrôles, plus de 5000 personnes, selon les observateurs, ont afflué vers l'avenue Bourguiba, pour manifester à l'appel de différentes formations opposées au président dont le parti d'inspiration islamiste Ennahdha.
"Le peuple contre le coup d'Etat", "Elève la voix, la Révolution ne meurt pas", ont crié les manifestants, dont beaucoup d'hommes et de femmes, qui se sont identifiés comme sympathisants d'Ennahdha, la bête noire du président Saied.
Après des mois de blocage politique et en pleine grave crise socio-économique et sanitaire, M. Saied a invoqué le 25 juillet un "péril imminent" pour limoger le Premier ministre, suspendre les activités du Parlement et reprendre en main le pouvoir judiciaire.
Le 22 septembre, il a promulgué un décret qui officialise la suspension de plusieurs chapitres de la Constitution et instaure des "mesures exceptionnelles", censées être provisoires, le temps de mener des "réformes politiques", dont des amendements à la Constitution de 2014.
En attendant, le président a maintenu le gel du Parlement - et les salaires des députés -, légifère lui-même par décrets et préside le conseil des ministres.
Le 29 septembre, il a nommé la scientifique Najla Bouden comme Premier ministre et la formation d'un nouveau gouvernement est attendue d'un jour à l'autre.
Après le coup de force du président, des organisations tunisiennes et internationales ont critiqué un "accaparement du pouvoir" et dit craindre pour les droits et libertés publiques.