Emploi

Plus de la moitié des jeunes chômeurs belges sont wallons : les jeunes demandeurs d’emploi sont les premiers touchés par la crise

Le Forem revient sur la hausse des chômeurs wallons de moins de 25 ans

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Mi-novembre, le Forem, l’Office wallon de la formation professionnelle et de l’emploi, indiquait que le taux de demandeurs d’emploi avait diminué de 0,7% en octobre dernier. Une diminution qui porte le nombre total de demandeurs d’emploi inoccupés (DEI) à 213.615. "Après 20 mois d’embellie conjoncturelle où le chômage a fortement diminué, on constate que la tendance baissière se stabilise", commentait l’administratrice générale du Forem Marie-Kristine Vanbockestal au micro de La Première ce mardi 22 novembre.

Du côté des jeunes de moins de 25 ans en revanche, on ne parle plus de stabilisation du taux de chômage mais bien d’augmentation. Parmi ces 213.615 personnes inscrites au Forem (bénéficiaires d’allocations et jeunes en stage d’insertion professionnelle), 21% sont âgés de moins de 25 ans.

Globalement, on observe une augmentation de plus de 13,4% du nombre de chômeurs dans cette catégorie d’âge à un an d’écart entre la fin des mois d’octobre 2021 et 2022 (dont une hausse de 21,5% pour les jeunes en stage d’insertion). "Le chômage des jeunes augmente en juin et en octobre au moment où ils viennent s’inscrire après avoir terminé leurs études", relativise l’administratrice générale. "Mais c’est vrai que la moyenne est plus élevée sur l’ensemble de l’année 2022."

Et cela pour une raison très simple : "Le principal élément d’explication avancé est que pendant la crise du Covid, beaucoup de jeunes ont dû ou ont voulu postposer leur entrée sur le marché de l’emploi. Soit parce qu’ils ont doublé, soit parce qu’ils ont souhaité poursuivre leurs études une année supplémentaire", explique Thierry Ney, le porte-parole du Forem.

Quoi qu’il en soit, une hausse du taux de chômage chez les jeunes n’est pas rare : "On le constate de tout temps", analyse le porte-parole. "Les jeunes sont la variable d’ajustement en cas de changement de la conjoncture." Selon lui, ce sont les premiers à être engagés lorsque l’économie est favorable et les premiers pénalisés lorsque l’économie ne l’est pas. "Il y a également un ralentissement chez Federgon (interim)La faute à la crise énergétique.

"Les jeunes qui s’inscrivent cette année tombent à une très mauvaise période, mais cela ne veut pas dire qu’ils ne trouveront jamais d’emploi", rassure cependant l’économiste Philippe Defeyt. "Cela prendra simplement plus de temps."

La Wallonie davantage concernée

Dans un calcul regroupant les jeunes qui bénéficient d’un revenu du Forem et les jeunes en stage d’insertion, l’économiste Philippe Defeyt constate toutefois que la hausse concerne surtout la Wallonie. La région de Bruxelles-Capitale compte ainsi 6,9% de demandeurs d’emploi inoccupés de moins de 25 ans, 5,5% pour la Flandre et 12,8% pour la Wallonie. "En octobre 2022, plus de la moitié (52%) des jeunes chômeurs en Belgique sont wallons", écrit-il dans un communiqué.

Selon lui, le nombre de stagiaires augmente toute l’année et explique même la totalité de la hausse du nombre de jeunes chômeurs en octobre. "Quand le Forem dit que le chômage baisse à un an d’écart, il parle des chômeurs indemnisés. Je dis la même chose dans ma note : la proportion de jeunes chômeurs indemnisés est en diminution."

En effet, l’économiste constate pour sa part une baisse tendancielle de la proportion de jeunes chômeurs qui sont indemnisés par l’ONEM, l’Office National de l’emploi. Au cours des douze derniers mois, 23% seulement des chômeurs wallons étaient indemnisés en moyenne. "C’est environ moitié moins qu’en 2015", précise-t-il. "Au total, plus de la moitié des jeunes demandeurs d’emploi inoccupés n’ont pas de revenus propres. Ils n’ont ni allocation de chômage, ni accès au revenu d’intégration sociale dans leur CPAS. Ils sont donc à charge de leurs parents qui connaissent peut-être eux-mêmes des difficultés financières à cause de la crise énergétique."

La situation est-elle pour autant surprenante ? Pas vraiment si l’on en croit les explications de l’économiste et du Forem. "L’an dernier, 50% des chômeurs de moins de 25 ans étaient wallons", indique Thierry Ney. C’est la situation économique moins avantageuse de la région ainsi que le niveau scolaire des Wallons qui expliqueraient cette différence. "45% des demandeurs d’emploi wallons – et plus encore dans certaines régions – n’ont pas le CESS", poursuit Thierry Ney.

"Plus de jeunes quittent l’école en étant moins bien qualifiés ou en situation d’échec scolaire en Wallonie. Nous devons les accompagner comme le veut la réforme de l’accompagnement adapté du 1er juillet pour essayer de rattraper ce qui n’a pas été acquis et ramener ces jeunes vers l’emploi, déclarait à son tour Marie-Kristine Vanbockestal sur La Première.

Un futur inquiétant pour le chômage général ?

La hausse du taux de chômage chez les moins de 25 ans est-elle inquiétante pour les autres catégories de chômeurs à l’avenir ? Nous l’avons dit, les jeunes sont les premiers impactés en cas de dégradation de la conjoncture. Et selon Philippe Defeyt, cela finira inévitablement par avoir des effets sur les plus de 25 ans. "Quand on embauche moins, cela se répercute dans un premier temps davantage sur les jeunes que sur d’autres catégories de chômeurs. Mais plus tard dans la crise, nous aurons des licenciements et nous verrons une augmentation des chômeurs dans toutes les catégories d’âge."

"Nous sommes dans un entre-deux", évoque pour sa part l’administratrice générale. Pour elle, rien n’est cependant inévitable. "Nous sommes dans un trimestre où tout peut s’aggraver, se stabiliser ou revenir à une situation meilleure."

Rappelons dès lors que 141 fonctions restent toujours critiques en Wallonie et plus de 70 métiers sont en pénurie dans les secteurs de l’industrie, la technologie, la construction ainsi que le transport et la logistique.

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