Dernier tournage et dernier film pour Gaspard Ulliel, compagnon à la ville de l’excellente comédienne luxembourgeoise Vicky Krieps. Deux fois césarisés, comme Jeune Espoir Masculin pour " Un Long Dimanche de Fiançailles " et comme Meilleur Acteur pour " Juste La Fin Du Monde ", Gaspard Ulliel décédé dans un accident de ski à l’âge de 37 ans, nous a livré ici une interprétation tout en finesse aux côtés d’une Vicky Krieps au sommet de son art.
Invitation au voyage
Hélène (Vicky Krieps) et Mathieu (Gaspard Ulliel) vivent une romance heureuse depuis de nombreuses années. Un lien tendre et profond les unit. Mais leur existence bascule le jour où Hélène apprend qu’elle est atteinte d’une maladie rare dont elle ne peut guérir. Se sachant condamnée, elle exprime la volonté de partir seule, en Norvège. La beauté lumineuse des paysages spectaculaires de ce pays l’attire et elle espère trouver une forme d’apaisement dans ce périple en solitaire.
Mathieu se montre inquiet mais tente de rester compréhensif face à cette décision et ce départ. Loin des regards apitoyés de son entourage, Hélène, elle, apprend au cœur de l’immensité écrasante d’une nature majestueuse à vivre sa maladie autrement…
La mort douce
Dans Trois Jours à Quiberon, en 2018, la réalisatrice franco-allemande-iranienne Emily Atef faisait le portrait de la comédienne Romy Schneider un an avant sa disparition. Dans Plus que jamais, elle s’intéresse à nouveau aujourd’hui à la vie d’une femme. Pour faire le portrait de cette dernière, dont il reste peu de temps à vivre, elle s’est beaucoup nourrie des discussions intenses qu’elle a pu avoir avec sa propre mère peu de temps avant sa disparition.
À chaque fois, son approche n’est jamais funèbre ni macabre. Au contraire, elle traque plutôt une forme d’espoir et de sérénité en lien avec la mort et la façon de l’accueillir.
Une liberté solaire
Avec Plus que jamais, Emily Atef réussit un drame sobre, pudique, étrangement doux et lumineux. Éminemment troublant, également. Impossible en effet, à la vision du film, de ne pas penser à la mort de Gaspard Ulliel, disparu en janvier dernier et dont c’est là l’ultime rôle. En ce sens, les derniers moments de vie du personnage de sa compagne à l’écran semblent constamment renvoyer en miroir à ses derniers moments de jeu et de vie à lui, contribuant encore plus à faire de Plus que jamais un objet cinématographique déchirant.
En montrant à quel point la maladie change la donne et reconfigure les priorités, modifie la perception des gens et du temps, Emily Atef excelle à brosser le portrait d’une femme certes condamnée mais qui brûle d’une liberté solaire et d’une vibrante intensité de vie. Malgré la noirceur de son sujet, elle le fait, qui plus est, sans jamais tomber dans le pathos misérabiliste ni le mélodrame larmoyant, embrassant la dimension existentielle de son histoire avec un splendide appétit de cinéma.
Un bouleversant hymne à la vie à voir absolument !