Chroniques Culture

Podcast : “Solaris”, somptueuse création sonore d’après un scénario d’Andreï Tarkovski

©Radio France – Jean-Michel Tixier / Talkie Walkie

Par Axel Coenen

1h16. 76 minutes d’une plongée vertigineuse dans une fiction presque réelle sur la planète de Solaris. C’est ce que propose cette adaptation sonore, radiophonique ou "podcastienne" par Camille Azaïs et Christophe Hocké pour France Culture.

Adaptation, c’est le bon mot tant ce podcast prend ses racines dans le scénario du célèbre réalisateur soviétique Andreï Tarkovski (Stalker, Le Sacrifice), lui-même basé sur le roman de l’écrivain polonais Stanislas Lem publié en 1961. Presque dix ans plus tard, en 1972, sortait le film réalisé par Tarkovski, son troisième long-métrage, pour lequel il avait d’ailleurs reçu le Grand Prix Spécial du Jury au Festival de Cannes.

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Un poème métaphysique

"Notre fiction Solaris est ainsi un format atypique, changeant et poétique, à écouter comme un chant tout autant qu’une poignante histoire d’amour", c’est par ces mots que le duo Azaïs/Hocké décrit leur version. En résumé, l’histoire suit le scientifique Kris Kelvin, envoyé en mission sur Solaris, une planète mystérieuse recouverte d’un immense océan. Une fois sur la station, il découvre que d’étranges "visiteurs" hantent ses couloirs. Ils apparaissent la nuit, lorsque les membres de l’équipe dorment…

Un récit vers l’imaginaire mais proche du réel comme l’expliquent les réalisateurs : "à la radio, le travail sonore, associé à la musique et aux voix, permet de faire naître une matière onirique, de sonder les souvenirs, d’évoluer librement dans l’inconscient – comme le fait magistralement Tarkovski dans ses films."

En parlant de Tarkovski, c’est également l’occasion de se replonger dans sa filmographie à travers le "Blow Up" part Arte, qui lui est consacré :

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L’espace, l’océan et la musique

Les personnages évoluant dans un cadre essentiellement vide, désertique ou délaissé, le réalisateur Christophe Hocké a très subtilement décidé de leur accorder une place prépondérante. Véritable personne à part entière, l’Océan joue ici un rôle mystérieux, capable de réponses comme d’énigmes. Il prend donc corps à travers le chant de huit choristes et leur chant fantomatique et spectral.

Magnétique, le travail sonore, composé entre autres par la musique de Nicolas Worms, est d’un niveau tel, que l’on se perd presque dans les silences. Chaque respiration aide à la compréhension de la lassitude des personnages quant à l’inconnu qui les entoure. Les "étrangers" qui les visitent apportent également une sorte de "stress" permanent. Sans être un thriller, "Solaris" dérange et questionne. L’apparition de ces personnages offre à Kris Kelvin (joué par la voix de Vladislav Galard) et aux autres protagonistes, dont son père, un délicieux sentiment pernicieux qui remédie à l’angoisse de la solitude astrale : le réconfort de l’autre, malgré son inexistence.

Un podcast à découvrir d’urgence et qui plus est, en libre accès sur le site de Radio France : https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/fictions-theatre-et-cie/solaris-d-apres-le-scenario-d-andrei-tarkovski-et-le-roman-de-stanislas-lem-5151288

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