Regions

Polari, le code secret des gays

© Belga image

Par Nicolas Kekatos

C’est une langue secrète, codée, un argot de résistance, désormais disparu, dont un musicien, Gérald Kurdian, relance aujourd’hui la transmission à l’occasion du Kunstenfestivaldesarts qui ouvre, pour la quatrième année consécutive, un programme de cours et de réflexions thématiques qui se déroulent parallèlement aux performances artistiques ; baptisé  " Free school ".

Le polari en fait c’est une sorte de crypto langage développé entre le 16e et le 20e siècle.

La toute première communauté qui a commencé à inventer un langage parallèle ce sont les Molly (Molly " était le mot employé pour désigner des hommes efféminés), qui étaient des hommes, probablement homosexuels, qui s’organisaient dans des cafés pour créer des systèmes de rencontres secrets.

Plus tard, vers la deuxième moitié du 19e siècle ce sont les marins et les dockers homosexuels de Londres qui vont vraiment utiliser le Polari pour ne pas se faire repérer parce que la répression est de plus en plus violente jusqu’aux années 1960 ou l’homosexualité est décriminalisée.

Plus la répression est forte, plus le Polari est utilisé. A la fois comme une manière de ne pas se faire repérer mais aussi comme une manière de rester ironiques si jamais on se faisait attraper ", explique l’artiste.

Voilà comment, durant plusieurs siècles, la gent policière se voit affublée de charmants sobriquets cryptés tels que " Jennifer justice " ou encore "Betty bracelet ". De véritables trouvailles lexicales, indéniablement.

C’est une langue qui est assez drôle,  qui rebondit un peu sur cet humour qu’on retrouve souvent dans les cultures gays et lesbiennes. C’est l’esprit un peu insolent, on pourrait dire indiscipliné, de la figure LGBT ".

Si Gérald Kurdian a choisi de perpétuer ce verbe clandestin et moqueur, c’est aussi pour relier les expériences de vie homosexuelles.

" Les années 1960 ne sont pas si loin, à l’époque, on pouvait aller en prison pour un clin d’œil dans la rue… C’était donc une vie particulière qui marquait le corps, la mémoire, les choix de vie… Donc pour moi c’est important de faire le lien.

Si on la regarde depuis la renaissance, l’histoire de la culture homosexuelle européenne, elle est fascinante ! Il y a eu tellement de manières d’être homosexuel ou de vivre une vie qui n’était pas normative que c’est important de faire le lien.

Là, ce qui est beau, c’est qu’en plus de faire le lien, il y a cette histoire d’échange interpersonnel que le langage permet qui peut aussi qui permet aussi de raconter les mystères de ce que c’est que cette expérience de vie. ça n’est pas juste communiquer c’est dire : nous, on drague comme ça, nous, on va se protéger de la police comme ça… C’est un truc d’individualité, de subjectivité, d’une singularité mais depuis l’endroit de la communauté ".

La Free school du Kunstenfestivaldes arts sera ouverte jusqu’au 3 juin, le programme complet est à découvrir sur le site du festival : www.kfda.be

Sur le même thème (extrait JT du 19/05/2023)

Evolution de la Brussels Pride au fil des années

Pour voir ce contenu, connectez-vous gratuitement

Inscrivez-vous aux newsletters de la RTBF

Info, sport, émissions, cinéma... Découvrez l'offre complète des newsletters de nos thématiques et restez informés de nos contenus

Articles recommandés pour vous