Justice

Policier tué à Schaerbeek : l’agresseur aurait-il dû être interné ?

Policier tué à Schaerbeek : l’agresseur aurait-il dû être interné ? Sur la photo, le lieu de l’agression bouclé par les forces de l’ordre.

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Par Margaux Guyot

La mort du policier tué jeudi soir aurait-elle pu être évitée grâce à une hospitalisation ou une mise en observation en psychiatrie de l’agresseur ?

Jeudi soir, un homme de 32 ans a agressé au couteau deux policiers en patrouille à Schaerbeek. Un des deux hommes a succombé de ses blessures.

Plus tôt dans la journée, Y.M. s’était présenté au commissariat de police d’Evere. Selon le parquet de Bruxelles, il tenait des propos incohérents, parlait de la haine contre la police et demandait d’être prise en charge au niveau psychologique. "Conformément à la procédure, les services de police ont pris contact avec le magistrat de garde du parquet de Bruxelles demandant de lancer la procédure de mise en observation psychiatrique prévue par la loi du 26 juin 1990", détaille le parquet.

Y.M. est alors amené aux Cliniques Saint-Luc par les policiers et est reçu au sein du service de psychiatrie. Cependant, cette procédure légale de mise sous observation n’a jamais abouti, car l’homme ne remplissait pas tous les critères nécessaires.

"Pour placer une personne sous mesure de mise en observation, il faut qu’il y ait une dangerosité pour le patient ou pour autrui", explique Sébastien Theunissen, chef de service de psychiatrie de l’hôpital de Jolimont. "Il faut ensuite que cette dangerosité soit liée à une maladie mentale en phase de décompensation (ndlr : le moment de la réapparition des symptômes de la maladie mentale). Il faut aussi qu’il y ait un refus des soins adéquats et du coup qu’il y ait un défaut d’alternative. Cela signifie que la seule possibilité pour prodiguer des soins adéquats, ça soit de priver le patient de liberté et de le mettre dans une unité de psychiatrie fermée", continue-t-il.

Y.M. n’a pas refusé les soins psychiatriques : une mise en observation forcée, prévue par la loi n’était donc pas légalement possible.

Mais pourquoi alors n’a-t-il pas été hospitalisé, alors même qu’il acceptait de se soigner ? C’est une information dont ne nous disposons pas.

De son côté, Benoît Gillain, chef du service de psychiatrie de l’Hôpital Saint-Pierre d’Ottignies rappelle que l’offre de soin en psychiatrie n’implique pas d’office une hospitalisation et une privation de liberté. "La majorité des soins psychiatrique qui sont délivrés en Belgique sont des soins ambulatoires", explique-t-il. Le passage par la case hospitalisation dépend aussi des ressources hospitalières : "On a régulièrement des patients qui demandent immédiatement des soins lorsqu’ils sont dans une situation difficile, mais on n’a pas toujours la capacité de pouvoir les accueillir dans l’immédiat. Il y a donc une évaluation du risque et des ressources, avec parfois le renvoi d’un patient vers une hospitalisation quelques jours plus tard."

En Belgique, les listes d’attente pour des soins et des hospitalisations en psychiatrie sont monnaie courante. "Dans mon service de santé mentale, 30 nouvelles demandes de soins arrivent chaque semaine. On est incapable de répondre à tous les besoins."

Aujourd’hui, aucun élément ne permet cependant de faire le lien entre surcharge du service psychiatrique des Clinique Saint-Luc et l’absence d’hospitalisation de Y.M. Ce sera à l’enquête de faire la lumière sur ces éléments.

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