Trois régions polonaises ont renoncé lundi, à la suite de pressions de la Commission européenne, à être des "zones sans idéologie LGBT". A la mi-juillet, la Commission a entamé une procédure d’infraction contre la Pologne pour ces "zones sans idéologie LGBT" décrétées par une centaine de collectivités locales, régions ou communes.
A travers ces résolutions d’une portée surtout symbolique prises depuis deux ans, ces autorités locales polonaises visaient les campagnes pour les droits des gays qu’elles considèrent comme des attaques contre leurs valeurs catholiques traditionnelles et les valeurs familiales hétérosexuelles. Elles constituent environ un tiers du territoire polonais et sont principalement situées dans le Sud-Est et l’est, des zones traditionnellement très catholiques.
L’exécutif européen dénonce le caractère discriminatoire de ces mesures à l’encontre des personnes LGBT+.
Il y a violation du droit européen sur la discrimination, selon la Commission qui a envoyé à la Pologne une lettre de mise en demeure et suspendu les négociations avec cinq régions concernées sur le versement de fonds du programme de soutien à la reprise en faveur de la cohésion REACT-UE. Une manne de 126 millions d’euros est en jeu.
L’an dernier, Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne, a déclaré que ces zones étaient des "zones sans humanité" et n’avaient "pas de place dans notre union".
Le Parlement européen a voté en mars pour déclarer l’ensemble de l’Union "zone de liberté LGBTIQ".
Le rempart de la famille traditionnelle
Lundi, les régions de Cracovie (sud), de Rzeszow (sud) et de Lublin (est) ont décidé de revenir, comme l’avait fait la semaine dernière celle de Kielce (sud), sur leurs déclarations selon lesquelles elles étaient des "zones sans idéologie LGBT", les remplaçant par d’autres textes.
Les députés de la région de Rzeszow ont notamment souligné dans leur nouveau texte leur opposition à "toutes les tentatives de haine et de discrimination sur le fondement du sexe, de l’âge, de la race, du handicap, de l’origine ethnique, de la religion, des croyances ou de l’orientation sexuelle".
Les trois régions ont également souligné leur attachement à la tolérance, au christianisme et au rôle traditionnel de la famille dans la vie de la société polonaise.
A Malopolskie, après débat, les conseillers ont voté en faveur d’une résolution alternative pour "s’opposer à toute discrimination contre quiconque pour quelque raison que ce soit", selon l’agence de presse polonaise.
La résolution proclame également son soutien à "chaque famille de Malopolskie, car c’est le fondement du système social de l’État".
Pas assez pour le mouvement LGBT
Pour Bart Staszewski, un militant LGBT polonais interviewé par la BBC, même si les abrogations sont une étape positive, des mesures supplémentaires sont nécessaires. "Les politiques sont en train de jouer avec nous. Je veux dire qu’ils ne veulent pas révoquer toute la résolution, ils veulent juste la remplacer par une autre".
"Nous avons entendu beaucoup de choses dégoûtantes au cours de ce débat", ajoute Bart Staszewski. "C’est clair pour moi que ce n’est pas assez, que nous devons encore nous battre."
Le ministre polonais de la Justice estime pour sa part que les pressions financières de la Commission s’apparentent à du "chantage" et "d’attaque contre la Pologne et les gouvernements locaux". Zbigniew Ziobro rappelle que son parti Droit et justice au pouvoir en Pologne est contre les abrogations régionales.
Les relations homosexuelles ne sont pas légalement reconnues en Pologne, et le pays interdit aux couples homosexuels d’adopter des enfants.