Olivier Maingain a été comme prévu nommé délégué aux relations Wallonie-Bruxelles, suscitant à nouveau des critiques voire des sarcasmes. Décidément cette fonction est mal née. Cela révèle à quel point les francophones sont divisés quant à leur avenir.
La Jungle
Les institutions francophones, c’est une jungle. Et dans la jungle, on ne sait jamais ce qu’on peut rencontrer. On était sans nouvelles de l’agent de liaison Olivier M. depuis deux ans. Le voilà qui ressurgit aujourd’hui. Il y a deux ans, les négociateurs bruxellois décidaient d’un parachutage en milieu hostile. Ils avaient négocié, sans doute dans un cahier Atoma, ou sur un coin de serviette, un poste d’agent de liaison aux institutions francophones. Un poste non rémunéré, qui doit, comme son nom l’indique faire la liaison entre les institutions francophones.
Beaucoup à l’époque s’étaient moqués de ce poste taillé sur mesure pour Olivier Maingain, ancien président de Défi. À commencer par le MR bien sûr, pas associé à la décision. Mais même certains au PS et chez Ecolo avaient contribué à la curée. Les partis flamands s’esbaudissaient de cette cacophonie. Le seul qui l’avait défendu, en dehors de son propre parti, c’était Sven Gatz, le ministre Bruxellois flamand, qui rappelait-il à tout le monde est en charge lui d’une mission de liaison entre les institutions bruxelloises et flamandes.
Il ne voyait donc pas de problème à une telle fonction. Au contraire même il s’étonnait qu’elle n’exista pas encore.
Utile ?
Cette fonction, est-ce qu’elle est utile ? Sur le papier oui, car notre fédéralisme très poussé nécessite, on l’apprend chaque jour un peu plus, de coordonner les politiques menées à différents étages. Même si cela apparaît au premier abord comme absurde et baroque, dès que l’on crée un nouveau niveau de pouvoir, cela appelle à une nouvelle institution intermédiaire, un tiers, un lien entre ces niveaux. Le comité de concertation au niveau général étant l’exemple même de cette nécessité.
Bref, il se peut que la fonction d’Olivier Maingain soit très utile. Nous verrons bien. Mais, en attendant, la manière dont se déroule cette nomination révèle l’ampleur du problème francophone.
Divisions
Ce que révèle cette affaire c’est que les francophones semblent de plus en plus divisés quant à leur avenir. Déjà, cette fonction de liaison a été décidée entre Bruxellois, sans en parler aux Wallons. C’est une fonction liée à la Cocof. Cette institution aussi illisible que la phénoménologie de l’Esprit de Hegel.
Détail supplémentaire, les majorités à la Cocof, et à Bruxelles, sont différentes qu’en Fédération Wallonie-Bruxelles et qu’en Wallonie. Le consensus n’existe pas à propos de cet agent de liaison, qui aura donc bien du mal à effectuer sa mission.
Cette mission, selon Défi, le parti de l’Agent de liaison est de recueillir les attentes et les propositions de la société civile afin de renforcer l’efficacité des institutions et des relations entre Bruxellois francophones et Wallons.
Sauf que pour renforcer une relation, il faut une envie commune de renforcer les relations, et il n’y en a pas.
Cette saga de l’agent liaison est un résumé du problème de gouvernance francophone. Dans deux ans commencera une campagne électorale, il y sera question de confédéralisme face à un bloc nationaliste flamand puissant comme jamais. La situation financière de la Wallonie, et surtout celle de la Fédération ont de quoi donner des cauchemars. On sent bien que des questions d’ordre "existentielles" vont se poser tout prochainement. Et nous, nous nous disputons sur un agent de liaison. Pour le dire platement, ceci n’est pas à la hauteur de la situation.