Portrait de l'Ebola, l'autre virus tueur qui tourmente l'Afrique depuis près de 50 ans

Cercueil contenant une victime du virus Ebola dans la ville de Butembo, épicentre de l'une des dernières crise d'Ebola en République démocratique du Congo.

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Si ces derniers mois, le coronavirus a occupé l'avant de la scène, un autre redoutable virus létal pour l'homme a déjà été responsable de plus de 15.000 morts depuis sa découverte en 1976. Il s'agit du virus Ebola. Régulièrement, de nouveaux foyers sont détectés, principalement sur le continent Africain. Dernier en date, en Côte d'Ivoire pas plus tard que le week-end dernier.

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D'où vient le virus?

Le virus Ebola est identifié pour la première fois en 1976 en République démocratique du Congo (RDC, à l'époque Zaïre). Ce virus de la famille des filoviridae (filovirus) doit son nom à une rivière du Nord du pays, près de laquelle la première épidémie a éclaté.

Cinq "sous-types" distincts de virus Ebola ont depuis été répertoriés: Zaïre, Soudan, Bundibugyo, Reston et Forêt de Taï. Les trois premiers sont à l'origine d'importantes épidémies sur le continent africain.

Des soldats zaïrois (à droite) montent la garde à l'entrée de l'hôpital de Kikwit, au Zaïre où des patients sont soignés pour le virus mortel Ebola.
Des soldats zaïrois (à droite) montent la garde à l'entrée de l'hôpital de Kikwit, au Zaïre où des patients sont soignés pour le virus mortel Ebola. © Belga

Comment se transmet-il?

Le virus circule parmi les chauve-souris mangeuses de fruits, considérées comme l'hôte naturel d'Ebola et qui ne développent pas la maladie. D'autres mammifères comme les grands singes, les antilopes ou les porcs-épics peuvent le véhiculer puis le transmettre à l'Homme.

Lors d'une épidémie, Ebola se transmet entre humains par contacts directs et étroits. Une personne saine est contaminée par les "fluides corporels" d'un malade: sang, vomissures, matières fécales...

Contrairement à la grippe, ce virus ne se transmet pas par voie aérienne. Ebola est donc moins contagieux que de nombreuses maladies virales. Mais ce virus est redoutable en raison de son taux de létalité très élevé: environ 50% et jusqu'à 90% pour certaines épidémies, selon l'OMS.

Une religieuse italienne (au centre) aide deux agents de santé zaïrois à retirer leurs gants chirurgicaux  dans un hôpital de Kikwit, la zone au centre de l'épidémie mortelle du virus Ebola dans les années 1990.
Une religieuse italienne (au centre) aide deux agents de santé zaïrois à retirer leurs gants chirurgicaux dans un hôpital de Kikwit, la zone au centre de l'épidémie mortelle du virus Ebola dans les années 1990. © Belga

Quels symptômes?

Après une période d'incubation de 2 à 21 jours (en moyenne autour de cinq jours), Ebola se manifeste par une brusque fièvre, avec une faiblesse intense, des douleurs musculaires et articulaires, des maux de tête et de gorge et, dans certains cas, des hémorragies.

Des séquelles sont fréquemment observées chez les survivants: arthrite, problèmes de vue, inflammation de l’œil et troubles auditifs.

Quels traitements?

"Aucun traitement homologué n'a pour l'instant démontré sa capacité à neutraliser le virus", indique l'OMS, précisant que plusieurs sont à l'étude. Des traitements basés sur des anticorps monoclonaux "ont montré une certaine efficacité chez l'homme, et peuvent donc être utilisés en complément des traitements de support", précise l'Institut Pasteur.

Un premier vaccin, fabriqué par le groupe américain Merck Sharp and Dohme, s’est avéré très protecteur contre le virus dans le cadre d’un essai majeur mené en Guinée en 2015. Ce vaccin, préqualifié en novembre 2019 par l'OMS pour homologation, a été utilisé à plus de 300.000 doses dans une campagne de vaccination ciblée en RDC.

Un deuxième vaccin expérimental, du laboratoire américain Johnson&Johnson, a été introduit en octobre 2019 à titre préventif dans les zones où le virus est absent, et plus de 20.000 personnes vaccinées.

La virulence du virus Ebola oblige les travailleurs humanitaires de porter des protections extrêmes afin d'éviter tout risque de contagion.

La pire épidémie (2013-2016)

Partie du Sud de la Guinée en décembre 2013, l'épidémie la plus violente de l'histoire s'est propagée aux pays voisins de l'Afrique de l'Ouest.

Elle a coûté la vie à plus de 11.300 personnes sur près de 29.000 cas enregistrés, selon l'OMS qui a déclaré l'épidémie terminée en mars 2016. Les victimes étaient concentrées à plus de 99% au Liberia, en Sierra Leone et en Guinée.

Un panneau avertissant des dangers d'Ebola à l'extérieur d'un hôpital gouvernemental à Freetown au en Sierra Leone en 2014
Un panneau avertissant des dangers d'Ebola à l'extérieur d'un hôpital gouvernemental à Freetown au en Sierra Leone en 2014 © AFP

Dixième et onzième épidémies en RDC

La dixième épidémie a démarré le 1er août 2018 dans la province du Nord-Kivu en RDC. L'OMS en a fait une urgence sanitaire de portée internationale en juillet 2019, quand elle menaçait les pays voisins.

Les autorités congolaises ont proclamé en juin 2020 la fin de cette épidémie, la deuxième plus grave en Afrique (avec quelque 2280 décès) après celle de 2013-2016.

Sans lien avec cette épidémie-là, une onzième épidémie de fièvre Ebola a démarré en juin 2020 dans la province congolaise de l'Equateur. La RDC en a annoncé la fin le 18 novembre (55 morts).

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12e épidémie en RDC, 2e en Guinée

La RDC a annoncé le 7 février 2021 la résurgence de la maladie dans l'Est. Grâce à l'utilisation d'un vaccin, la fin de cette douzième épidémie sera déclarée moins de trois mois plus tard, le 3 mai (six décès).

Le 14 février, la Guinée annonçait la réapparition d'Ebola dans le Sud-Est du pays. Après le déploiement rapide de moyens, dont des vaccins, la fin officielle de cette deuxième épidémie est déclarée le 19 juin (12 décès).

1er cas depuis 1994 en Côte d'Ivoire

Le 14 août, les autorités ivoiriennes ont été informées par l'Institut Pasteur d'un cas détecté à Abidjan, le premier depuis 1994 en Côte d'Ivoire. Il s'agit d'une Guinéenne de 18 ans arrivée trois jours plus tôt de ce pays voisin.

L'OMS a aussi signalé mardi un cas suspect et neuf cas contacts identifiés. Une opération de vaccination des agents du secteur de la santé a commencé lundi à Abidjan.

Un agent de l'Institut national d'hygiène publique (INHP) portant une combinaison d'équipement de protection individuelle (EPI) contre le virus Ebola désinfecte les locaux du CHU de Cocody suite au passage d'un premier patient Ebola, à Cocody le 16 août 2
Un agent de l'Institut national d'hygiène publique (INHP) portant une combinaison d'équipement de protection individuelle (EPI) contre le virus Ebola désinfecte les locaux du CHU de Cocody suite au passage d'un premier patient Ebola, à Cocody le 16 août 2 © AFP

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JT 14/10/2019

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