C’est ce qui s’est passé à Boutcha ou à Irpin, mais aussi dans d’autres zones occupées par l’armée russe. "On ne parle pas ici d’un grand crime au cours du retrait de l’armée russe, mais plutôt d’une grande série de cas d’exécution ou d’atteinte à la vie des civils tout au long de la période d’occupation de ces zones par l’armée russe."
Exécution à bout portant, kidnappings, tirs croisés, bombardements, il existe une multitude de cas documentés. "Et ce qui est important est qu’avant même l’émergence des photos apparues à Irpin et Boutcha, nous avions nous-même documenté plusieurs cas groupés d’exécution sommaire clairement liés à des forces de l’armée russe."
Se documenter et recouper
Pour s’assurer de la véracité de ces documents, Human Rights Watch utilise plusieurs sources. "La première, c’est le témoignage de survivants, de témoins, de victimes, qui nous permettent de recréer ce qui s’est exactement passé avant et après l’acte répréhensible commis par les forces d’occupation russe." Évidemment, l’ONG ne cherche pas un mais plusieurs témoignages, afin de pouvoir recouper ces informations.
Ensuite, HRW s’appuie sur des preuves plus dures, telles que des vidéos ou des photographies. Parfois extraites des réseaux sociaux, ou fournies directement par des témoins.
On vérifie tous les éléments visuels qui sont disponibles – un immeuble, un poteau, une affiche
Pour vérifier l’authenticité de ces documents, "on travaille sur des métadata qui nous permettent de vérifier autant que possible l’heure et la date de leur prise, ainsi que leur géolocalisation. Et puis on vérifie tous les éléments visuels qui sont disponibles – un immeuble, un poteau, une affiche." Il s’agit d’ailleurs d’une base importante du travail en Ukraine, puisque beaucoup d’ONG ne sont pas en mesure d’être sur le front.
Pour ce travail d’authentification, comptez une demi-douzaine de personnes dans un laboratoire technique, spécialisé dans l’analyse de ces outils de documentation (photo, vidéo et images satellites).