Pot’Ingé : un potager communautaire à l’Université de Liège

En juin 2019, récemment diplômés et prêts à se lancer corps et âme dans leur thèse, sept doctorants de la Faculté des Sciences Appliquées de l’Université de Liège ont décidé d’agir pour un monde meilleur. "C’était une période charnière. La majorité d’entre nous quittait le cocon familial, et donc était amenée à faire ses propres choix quant à un mode de vie plus durable", confie Sophie Bekisz, membre du Pot’Ingé. Soucieux de leur avenir et de celui de notre planète, ils se documentent sur la transition alimentaire et écologique, et ensemble se mettent à rêver d’un potager communautaire sur le site de l’ULiège. "Vivant dans le centre-ville, on n’avait pas suffisamment d’espace pour mettre en place un potager. Mais, depuis les fenêtres de nos bureaux, on pouvait apercevoir une parcelle inoccupée appartenant à l’Université. On passait devant tous les jours et on se disait que c’était trop bête de la laisser ainsi." Rapidement, l’Université décide de soutenir leur initiative et leur permet d’utiliser un bout de terrain.

Les quatre bacs installés initialement sur le campus du Sart-Tilman ont vite été complétés par des buttes potagères, des arbres fruitiers, des bacs de plantes aromatiques, indigènes et médicinales, une structure à houblon, des hôtels à insectes, une serre, un coin compost, un abri en béton recyclé, etc. "On n’y connaissait pas grand-chose à la base… On voulait d’abord un endroit pour cultiver et apprendre tout en s’amusant. Honnêtement, on ne s’attendait pas à ce que ça prenne autant d’ampleur." Aujourd’hui, Pot’Ingé compte pas moins de 10 responsables, tous compétents dans un domaine particulier, et 40 membres supplémentaires.

Au-delà de la culture et la récolte de fruits et légumes selon les grands principes de la permaculture, Pot’Ingé veut également conscientiser la communauté universitaire aux problèmes environnementaux. "Dès le début, on a voulu proposer des conférences, organiser des évènements et ateliers pour informer et sensibiliser." Fresque du climat, ateliers zéro déchet, fabrication de nichoirs, cueillettes de champignons, etc. Le collectif ne manque pas d’idées pour faire de Pot’Ingé un acteur sérieux de la transition écologique au sein de l’Université.

"On incite également les étudiants et doctorants à réaliser leurs travaux pratiques au Pot’Ingé. Comme ça, leur projet ne finit pas à la cave mais a une vraie application sur le terrain" explique François Rigo, un autre membre du collectif. Ainsi, en collaboration avec des étudiants en Ingénieur civil électromécanicien, un projet de panneaux solaires reliés à une pompe permettant d’arroser la serre automatiquement a vu le jour. "On a aussi construit un abri à outils en béton recyclé surmonté d’une toiture verte filtrante dans le cadre d’une thèse en Ingénieur civil des constructions." Cette année, pas moins de six projets différents sont lancés. "Bien qu’utiles pour nous, ces projets nous permettent également de sensibiliser les étudiants à des thématiques indirectement liées à leurs domaines de compétences, faisant le lien entre maraîchage, écologie et transition énergétique."

En 2021, grâce à leurs idées, leur motivation et la qualité de leur projet, Pot’Ingé a été récompensé par la Province de Liège du Prix des Acteurs de la Transition Écologique et Alimentaire et a reçu la somme de 5000€ afin de continuer à développer leurs activités.

Récemment, les membres du collectif ont commencé à rédiger un guide qui documente l’évolution du projet, avec un tas de conseils et de contacts pour permettre à d’autres initiatives de voir le jour."Le but n’est évidemment pas que chacun crée un potager communautaire, mais plutôt de susciter l’intérêt et d’aider d’autres projets, ayant un impact positif pour l’avenir de notre planète, à se développer." Dans ce guide, Pot’Ingé essaye d’être le plus transparent et le plus complet possible, notamment concernant leur financement, provenant en grande partie de l’Université de Liège.

Étudiants, doctorants, professeurs ou même habitants du Sart-Tilman, tous les profils sont les bienvenus au Pot’Ingé. "On essaye de toucher un public le plus large possible, tout en gardant un ancrage universitaire." Une semaine sur deux est organisée une journée chantier. "Tout le monde est libre de nous rejoindre et d’aider pour une durée qui lui convient." Les récoltes, elles, sont redistribuées aux membres, de façon équitable, en fonction de leur implication. "Et s’il y a un surplus, on le redistribue à différentes associations, comme on l’a déjà fait avec l’Opération Thermos Liège."

Et de nouveaux membres, le Pot’Ingé pourrait bel et bien en attirer ! En effet, le collectif vient de recevoir la permission d’occuper un autre terrain de l’Université, plus proche des lieux de passages des étudiants. "Cet endroit sera une nouvelle vitrine pour notre projet. On y installera une serre, récupérée après les inondations de 2021, pour agrandir notre culture. Mais aussi un parcours didactique sur la permaculture."

À travers leurs différentes initiatives, les membres de Pot’Ingé veulent prouver qu’un autre modèle est possible. Que cultiver ses propres fruits et légumes est accessible à tous. Et qu’avec un petit bout de terrain, il y a déjà moyen de faire de grandes choses.

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