Le 27 janvier 1901, le grand maître de l’opéra italien, Giuseppe Verdi, tirait sa révérence à Milan en Italie. Pour rendre hommage à son œuvre abondante, Musiq3 vous propose un parcours musical varié, allant de certains de ses plus gros tubes lyriques à des pièces nettement moins connues.
Giuseppe Fortunino Francesco Verdi naît en 1813 à Roncole, un hameau proche de la ville de Busseto (dans l’actuelle province italienne de Parme), qui dépendait alors du département du Taro, sous la domination française. Il s’impose à partir de son opéra Nabucco (connu notamment pour le thème Va pensiero, c’est-à-dire "Va, pensée" qui devient un véritable hymne à la liberté) comme l’un des compositeurs d’opéra italiens les plus influents du XIXe siècle. Entre toutes ses œuvres, la trilogie populaire, analyse émouvante de l’âme humaine composée des célébrissimes opéras Rigoletto, Il Trovatore et La Traviata, a particulièrement contribué à sa réputation internationale. Son nom est aussi devenu le symbole de l’unification de l’Italie, événement vécu passionnément par le compositeur et dont nous célébrerons les 160 ans le 17 mars prochain (création du Royaume d’Italie). En 1959, au moment où son opéra Un ballo in maschera est représenté au théâtre Apollo à Rome, les partisans d’une conquête de Milan (sous l’emprise autrichienne) par le Roi de Sardaigne Victor-Emmanuel, dans la perspective d’une unification italienne, utilisent ainsi l’expression "Viva Verdi" comme code de ralliement pour échapper à la censure autrichienne, ce qui signifie : "Viva Vittorio Emanuele Re Di Italia" ("vive Victor-Emmanuel, roi d’Italie").
À l’instar de Wagner, Verdi est un génie romantique, mais son romantisme à lui n’a rien d’obscur ni de mystique : il se caractérise au contraire par une effusion immédiate, qu’elle témoigne d’une douleur inconsolable ou d’un enthousiasme débridé. Dramaturge de génie, Verdi apporte à l’opéra italien une force mélodique couplée à une profondeur psychologique d’une rare finesse. 120 ans après son décès, alors que des générations d’interprètes se sont succédé, ses opéras font toujours partie des œuvres lyriques incontournables et sont toujours autant représentés. Mais le compositeur italien ne s’est pas limité à ce genre musical…
Voici 5 pièces de Verdi qui témoignent de la richesse de son œuvre.
1) "La donna è mobile", extrait de Rigoletto
Créé en 1851 à Venise, Rigoletto est le premier opéra de la trilogie populaire. En trois actes et quatre tableaux, avec un livret de Francesco Maria Piave, il s’inspire de la pièce Le roi s’amuse de Victor Hugo. Mêlant amour filial, vengeance et trahison, la pièce raconte l’histoire du bossu Rigoletto, un bouffon à la cour de Mantoue, qui n’existe plus à l’époque, ce qui n’empêchera pas la pièce d’être initialement soumise à la censure autrichienne. Rigoletto est un séducteur dépravé qui protège sa fille Gilda en la gardant à l’abri des regards. Mais cette dernière est séduite par le Duc de Mantoue et enlevé par ses courtisans, qui la lui amènent : il devient dès lors son premier amour, tandis qu’un tueur à gage est engagé par Rigoletto pour assassiner le duc. "La donna è mobile" est l’aria célèbre entonné par le Duc de Mantoue dans le troisième acte de l’opéra. Le texte est basé sur des vers de Victor Hugo dans Le roi s’amuse, qui les aurait lui-même emprunté à François Ier. Trivial et grinçant, l’air reflète le peu de considération du duc pour les femmes : il les compare à "Une plume au vent", susceptible de changer d’idée ou de discours selon l’humeur ou les circonstances.