Les terreaux de semis du commerce ne sont pas indispensables. Les jardiniers de jadis employaient tout simplement leur propre compost. Deux motivations pour retrouver la simplicité d’antan : la destruction des tourbières, sites naturels de grand intérêt biologique, et un bilan carbone désastreux.
Des tourbières disparaissent
Les terreaux, selon l’usage auquel ils sont destinés, contiennent un pourcentage de tourbe. Cette matière est créée par la fossilisation millénaire des végétaux poussant dans les tourbières, comme les Hautes Fagnes, des milieux humides à la riche biodiversité.
Si des tourbières sont maintenant protégées, l’exploitation de la tourbe se poursuit en Europe, dans le nord de la Pologne notamment. De la tourbe est aussi importée du Canada. Pour préserver ces biotopes exceptionnels, les appels se multiplient pour réduire l’usage de la tourbe dans l’horticulture en tant que substrat rétenteur d’eau. Des jardins botaniques, comme celui de Meise, ont banni la tourbe de leurs terreaux. De plus en plus de jardiniers suivent le mouvement.
Bilan carbone désastreux
La production de terreaux a un bilan carbone interpellant.
Si les tourbières ne représentent que 3% de la surface terrestre mondiale, elles stockent deux fois plus de carbone que toutes les forêts du monde.
Extraite par des engins lourds, la tourbe est ensuite acheminée par convois vers un port pour l’exportation. En provenance principalement de la Mer baltique, les cargos arrivent dans le port de Gand auprès de la principale usine de préparation et de conditionnement en Belgique. Selon les types de terreaux, la tourbe dont la forte acidité est partiellement neutralisée par de la chaux, est intégrée dans des compositions pouvant comprendre du compost industriel des parcs à conteneurs, du compost de déchets de scierie, de la sciure, du sable, de la fibre de coco, du marc de café, des engrais…
Le jardinier intervient aussi dans le bilan carbone
Les matières constituant le terreau sont emballées dans des sacs en plastique. Les palettes de sacs sont transportées par camions vers les jardineries. Les particuliers rapportent en voiture les sacs à la maison. Ces emballages en polyéthylène deviennent des déchets à recycler. Destination : le sac bleu ou le parc à conteneurs pour de nouveaux trajets et opérations.
Les caractéristiques indispensables d’un terreau de semis
Le substrat pour les semis en terrine de légumes ou d’annuelles à repiquer doit répondre à quatre besoins :
- Une structure fine afin de permettre aux radicelles de s’enfoncer en profondeur et aux germes de s’épanouir en surface sans rencontrer un obstacle de gros volume. Les terreaux de semis sont tamisés pour enlever les fragments d’écorce, les bouts de bois, les mottes.
- Une rétention de l’humidité pour ramollir les téguments protégeant la graine en vue de la germination et pour assurer ensuite le développement de la plantule. Dans les terreaux du commerce, cette fonction est surtout assurée par la tourbe.
- Un drainage de l’humidité excédentaire qui ferait pourrir les radicelles et favoriserait le développement d’attaques cryptogamiques, comme la fonte des semis détruisant en quelques heures l’ensemble des plantules. Dans les terreaux du commerce, cette fonction est assurée par de la perlite, une roche volcanique en petits grains blancs.
- Une absence de germes de maladies et de graines
Le compost, bon pour le service
Pour leurs semis, les jardiniers de jadis compostaient le fumier de cheval après son utilisation pour chauffer les couches. Ils pouvaient y ajouter des feuilles mortes ou d’autres matières végétales sans graines. Ce compost devenait en finale un humus noir dans lequel les matières d’origine ne pouvaient plus être distinguées. Tamisé, ce terreau était utilisé pour les semis et, en mélange avec la terre du jardin, pour les cultures en pots ou en bacs.
Notre compost du jardin, selon les conseils de notre vidéo, est également bon pour le service. S’il reste trop mouillé, du sable de rivière pourra l’alléger.