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Pourquoi certains clubs de foot veulent attirer des joueurs en fin de carrière ?

© Getty images

La légende du foot Cristiano Ronaldo qui signe avec le club Al-Nassr pour un montant de 200 millions d’euros par saison jusqu’en 2025, c’est le transfert historique de ce début d’année. A 37 ans, le joueur portugais passera deux ans et demi de la fin de sa carrière en Arabie saoudite. Ce n’est pas le premier transfert doré de joueurs stars au niveau mondial qui se retrouve dans des clubs lointains et rémunérateurs à la fin de leurs carrières.

David Beckham, Zlatan Ibrahimovitch, Thierry Henry… Ils sont beaucoup à avoir opté pour un club moins prestigieux ayant les moyens.

On se doute forcément que pour les joueurs l’aspect financier est nécessairement intéressant, car tous les clubs n'ont pa les moyens de répondre aux pretastations salariales d'un CR7. Mais qu’est-ce que les clubs ont à gagner en dépensant autant d’argent pour des joueurs en pré-retraite ?

Un coup de pub ?

Ce qui est sûr, c’est qu’en termes de visibilité, la stratégie peut être payante. Depuis l’arrivée de Ronaldo au sein du club, selon Views France, le club Al-Nassr a vu un gain de 8 millions d’abonnés sur Instagram. De plus, comme nous le demande Thierry Zintz, professeur émérite à l’UCLouvain, spécialiste en sciences du sport, "connaissiez-vous le nom du club Al-Nassr avant l’arrivée de Ronaldo ?". La réponse est… Pas vraiment. Et d’ajouter, "lorsque Ronaldo a été présenté devant un stade plein de près de 50.000 personnes, dans un pays qui n’a pas la culture du football, en termes de visibilité interne, c’est remarquable. De plus, la cérémonie a été retransmise dans le monde entier et l’attention médiatique a été clairement focalisée sur cet évènement". Ainsi, pour l’Arabie saoudite, au niveau visibilité, le gros coup de pub est effectivement un pari bien gagnant. Avec 529 millions d’abonnés sur Instagram, Ronaldo, c’est clairement une belle prise pour le pays. L'arrivée du joueur portugais permet de placer Ryiad sur la carte de la planète foot et de donner de la crédibilité au pays au niveau international.

Et le retour sur investissement semble déjà un peu porter ses fruits. Alors que, comme nous le disions, l’Arabie saoudite n’est pas connue pour être une nation du foot, l’arrivée de Ronaldo dans le club semble déjà conquérir le cœur de cette population qui semble frapper par la Ronaldomania. Effectivement, depuis son arrivée, les ventes de maillots siglés du nom du joueur explosent.

Un outil de soft power

"Ça place également le pays sur la carte du monde sportif", explique Thierry Zintz. Ce n’est pas un secret, l’Arabie saoudite souhaite se positionner dans l’organisation de grands évènements sportifs et notamment, le pays espère remporter l’organisation de la Coupe du monde en 2030. Alors bien sûr la seule présence de Ronaldo ne suffira pas au pays du Golfe pour accueillir le tournoi mais "cela fait partie d’une stratégie globale pour attirer le regard et dire, "vous voyez, nous en sommes capables, donnez-nous la Coupe du monde, vous n’aurez pas à le regretter !"", souligne Thierry Zintz.

Comme l'explique Raphaël Le Magoariec, membre de L’Équipe Monde arabe et Méditerranée (EMAM) à l’université de Tours et cité par le média So Foot, avec l'arrivée de CR7, "l'Arabie saoudite a franchi un cap énormissime. (...) Comme une onction sacrée, venue donner au pays la crédibilité nécesaire à ses projets". 

A l’instar de son meilleur ennemi et principal concurrent, le Qatar, l’Arabie saoudite est en train de développer un arsenal de soft power via le sport. C’est ce qu’on appelle la diplomatie sportive, une discipline stratégique des relations internationales que le Qatar a commencé à développer il y a déjà plusieurs années. 

Pour l’Arabie saoudite, l'offensive se fait de plus en plus claire. Première étape, poser ses jalons au sein des clubs européens. Et après un bras de fer intense avec la chaîne qatari BEIN Sport c’est chose faite puisque le fond souverain saoudien a racheté le club anglais Newcastle United en 2021, comme l’indique le site FC Geopolitics. Avec le rachat de ce club, l'autre objectif de l'Arabie Saoudite serait aussi de décrocher une qualification en ligue des champions avec les Magpies. Et en ligne de mire vient donc l'objectif d'organiser la Coupe du monde 2030, à l'instar de son rival, le Qatar.

"Quand un club est prêt à dépenser autant, c’est investissement et ce n’est pas uniquement une question de compétition sportive mais c’est bien parce qu’en termes de soft power et d’image, ça peut être un bon retour sur investissement", explique le professeur de l’UCLouvain.

Et au-delà de l’Arabie saoudite, la présence de joueurs d’envergure dans des nations peu réputées pour leur amour du football peut aider à développer la discipline sur le terrain. Par exemple, explique Thierry Zintz, aux Etats-Unis, "le soccer est particulièrement bien développé au niveau féminin. Aujourd’hui on voit d’un bon œil le renforcement du championnat national". Et si on ne peut pas dire que l’arrivée de joueurs tels que Pelé, David Beckham ou encore Thierry Henry est en lien direct avec l’organisation de la prochaine Coupe du monde en Amérique du Nord, cela participe tant à l’intérieur qu’à l’extérieur à faire du foot un sport incontournable dans ces pays.

A réécouter : Hors-jeux, Episode 1 : Les dirigeants tous fans de foot ?

Hors-Jeux

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