Pourquoi certains ont beaucoup perdu avec la panne de Facebook... et pourquoi d'autres y ont gagné

Facebook, Instagram And WhatsApp Experience Global Outage

© 2021 Getty Images

C’était le sujet de discussion lundi soir et ça l’est d’ailleurs toujours aujourd’hui, la panne mondiale qui a touché tout l’écosystème du géant américain des réseaux sociaux.

Facebook, Instagram, WhatsApp et Messenger en panne pendant près de 7 heures pour les quelque 3,5 milliards de personnes qui utilisent ces services tous les mois. Impossible de suivre son fil d’actualité, d’envoyer des messages à sa famille ou ses amis, de les appeler, de se connecter à d’autres sites ou services, etc.

Cela montre à quel point le géant californien est devenu incontournable pour une partie importante de la population.


►►► À lire aussi : Panne de Facebook, Instagram, WhatsApp et Messenger : que s’est-il vraiment passé ?


Ce mardi matin, l’entreprise américaine tentait d’expliquer ce qui était arrivé la veille. Des changements de configuration sur des appareils qui ont provoqué des problèmes en cascade et une panne historique du réseau.

Mais au-delà de l’explication technique, Facebook s’excuse des conséquences pour les personnes et les entreprises du monde entier qui leur font confiance. "Nous sommes conscients de l’impact de telles pannes sur la vie des gens […]. Nous présentons nos excuses à toutes les personnes concernées et nous nous efforçons de mieux comprendre ce qui s’est passé aujourd’hui afin de continuer à rendre notre infrastructure plus résiliente", postait le réseau social sur sa page.

Il est peut-être un peu tôt pour estimer toutes les conséquences économiques qu’a eues cette panne, mais on pense évidemment aux nombreux utilisateurs dépendant de Facebook pour leur entreprise, association ou commerce, par exemple.

Mais n’y a-t-il que des perdants après cette panne historique du réseau social ? Quel sera l’impact de cet évènement pour les utilisateurs ?

Qui va en tirer profit ?

Identifier les changements à long terme ou ce qui ne sera qu’une parenthèse, voilà qui est bien difficile quelques heures seulement après cette panne mondiale.

Les premiers à faire parler d’eux sont certainement les autres réseaux sociaux. On pense ici notamment à Twitter qui s’est empressé d’ironiser sur le sujet et de saisir la balle pour se mettre en avant. Facebook a d’ailleurs dû communiquer sur le réseau de l’oiseau bleu pendant la panne.

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Cependant, observe Nicolas Van Zeebroeck, professeur d’économie et stratégie numérique à la Solvay Brussels School, les types de services que rendent ces deux réseaux ne sont pas vraiment les mêmes. "Je ne suis sûr que ça ait un impact majeur. Qu’il y ait tellement d’utilisateurs qui vont migrer sur une plateforme comme Twitter, parce qu’il ne remplace pas spécialement Facebook".

Par contre, comme à chaque déboire de Facebook, les alternatives du type "messagerie" font parler d’elles. Au mois de janvier dernier Whatsapp avait demandé aux utilisateurs d’accepter de nouvelles conditions d’utilisation. Dans la foulée, des applications comme Signal ou Telegram avaient réussi à tirer profit de la polémique et attirer vers eux les plus mécontents.

A l’époque, Signal s’était d’ailleurs retrouvé en tête des téléchargements sur les stores de la marque à la pomme et du plus célèbre des moteurs de recherche. "Probablement qu’il va y avoir un petit effet comme celui-là qui est juste difficile à quantifier". Autrement dit, toute cette affaire ne s’est pas forcément traduite par un transfert significatif d’une plateforme à l’autre. "Mon intuition, c’est que ceci va avoir un effet relativement marginal pour les concurrents".

Ce matin sur nos antennes radio, Gilles Quoistiaux, journaliste à Trends Tendances et chroniqueur à la RTBF, rappelait que le réseau social allait de crise en crise en commençant par le scandale Cambridge Analytica révélé en 2018. A chaque problème sur la plateforme : "Il y a en tout cas un attrait pour d’autres applications et messageries. Maintenant est-ce que cela se matérialise réellement dans l’utilisation de toutes ces applications, ce n’est pas forcément certain".

Et le journaliste de souligner que les applications les plus utilisées dans le monde font partie de la galaxie Facebook.

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Dépendre d’une plateforme : bonne idée ?

Toute une série d’utilisateurs pourraient commencer à se poser la question si dépendre uniquement de cette plateforme et de son fonctionnement est une bonne idée. Tout cela est, à nouveau, difficile à quantifier.

Car Nicolas Van Zeebroeck le note : Facebook est "aussi un outil transactionnel". Beaucoup de petits commerçants utilisent Facebook et WhatsApp pour prendre des commandes.

Pour saisir l’ampleur des pertes dues à cette panne, il faut rappeler les différentes utilisations des outils du géant californien. Ce sont :

  • des outils de marketing. Tous ceux qui utilisent ces réseaux sociaux pour proposer de la publicité ont donc été privés de l’outil pendant quelques heures. "C’est dommage, par ce que c’est de l’engagement que l’on perd avec les clients… Beaucoup de marques capitalisent énormément là-dessus", analyse le professeur d’économie et stratégie numérique à la Solvay Brussels School. Reste à voir comment tout cela pourra être rattrapé.
  • des vitrines. Pour de nombreux petits commerçants et entrepreneurs, le réseau social est la seule possibilité d’existence sur internet. "Dans certains pays ou certains groupes sociaux l’internet s’assimile quasiment à Facebook. Quand vous perdez Facebook, c’est comme perdre internet". Certains entrepreneurs ont donc tout simplement disparu du monde virtuel pendant quelques heures.
  • des outils de prises de commandes via Messenger, Facebook, Marketplace ou Whatsapp. Beaucoup de transactions s’effectuent via ces canaux, ce qui est donc dommageable : "Et ça peut représenter beaucoup si ça tombe à un mauvais moment".

Enfin, Facebook comme d’autres grandes plateformes permet de s’identifier sur des sites ou applications.

Les personnes utilisant Facebook pour se connecter n’ont donc pas pu le faire hier soir. "Et donc là, c’est encore plus difficile de mesurer l’étendue des dégâts, mais il faut imaginer qu’il y a un très grand nombre de sites où les utilisateurs n’ont pas pu accéder parce qu’ils se connectent avec leur identifiant Facebook".

Une très belle expérience naturelle

Pour conclure, dans le jargon des spécialistes en sciences sociales, la panne d’hier soir est considérée comme une "très belle expérience naturelle", explique Nicolas Van Zeebroeck.

En débranchant la prise, on peut finalement mesurer l’impact, la dépendance réelle de certains pans de l’économie à une plateforme en particulier. Une expérience, finalement, difficile à reproduire autrement. Seul hic, comme le précise cet expert, "évidemment il faudrait encore accéder aux données pour quantifier tout cela".

La mésaventure de Facebook a montré l’extrême dépendance au réseau social et certainement pour ceux qui n’utilisaient que les outils de la plateforme. Des outils, certes bon marché et faciles, mais quand cela ne fonctionne plus, le problème peut être majeur pour les plus dépendants.

 

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