Tout comme le rouge fait référence à la colère, le noir, lui, a toujours été associé à la mélancolie et la tristesse. Rappelons-nous seulement les vêtements noirs portés, à l’époque, par les veuves pendant leur période de deuil.
L’expression, elle, nous plonge dans l’art de la Renaissance. On disait des peintres du XVIe siècle qui utilisaient du bois carbonisé pour obtenir une couleur sombre qu’ils "broyaient du noir".
Le siècle d’après, l’image de la mélasse noire fut reprise par les médecins pour évoquer la bile noire, le fluide considéré comme la cause de la mélancolie et de l’hypocondrie est hypothétique.
C’était du moins ce qu’en disaient les célèbres quatre humeurs (des liquides corporels), utilisées dans les théories médicales anciennes et censées influer sur le comportement des êtres humains.
Ce lien entre la bile noire et la tristesse a été conservé malgré la disparition de cette doctrine. Il faudra néanmoins attendre le XIXe siècle avant que "broyer du noir" passe dans le langage courant pour désigner une personne triste et déprimée qui rumine, qui ressasse.