Pourquoi est-il urgent de booster le secteur du jeu vidéo en Wallonie ?

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Par Nesrine Jebali d'après la chronique de Maxime Paquay

Peter Jackson, le célèbre réalisateur de cinéma qui a notamment réalisé la trilogie du Seigneur des anneaux, vient de vendre son studio d’effets spéciaux, Weta Digital. Cette transaction d’1,6 milliards de dollars devrait nous alerter sur les bouleversements à l’œuvre dans l’industrie de la culture et du divertissement. De quoi inspirer les Européens mais aussi les Belges…

Et oui, Weta Digital, c’est la référence mondiale du cinéma pour les effets visuels. Une palette d’outils, de savoir-faire, du rendu 3d, de la simulation de textures virtuelles comme les cheveux, les peaux, la végétation, tout ce qu’on veut, qui a déjà largement fait ses preuves, de Game of Thrones à Avengers. Weta c’est donc un géant du moteur du jeu vidéo qui se paye une référence mondiale du cinéma.


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C’est Unity, un géant du moteur de jeu vidéo qui a racheté le célèbre studio d’effets spéciaux. Ces logiciels qui permettent de programmer l’ensemble des paramètres d’un jeu vidéo. Bref, un géant du moteur du jeu vidéo se paye une référence mondiale du cinéma. On est donc très loin du petit phénomène de niche.

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Une convergence jeu vidéo et effets spéciaux de plus en plus marquée

Et cette convergence entre les deux industries est de plus en plus marquée. Netflix, par exemple, s’est lancé dans le jeu vidéo ou des séries issues du jeu vidéo. Actuellement Disney incarne parfaitement cette convergence au sein du divertissement, puisque le groupe produit à la fois des jeux vidéo, des séries, des films et des émissions télé.

C’est là que le mot "metavers " prend tout son sens et qui ne signifie jamais rien d’autre qu’un univers virtuel en ligne. Comme l’explique Maxime Paquay, journaliste à L’Écho, l’univers virtuel devient omniprésent : "Dans le divertissement, il est même devenu complètement illusoire d’envisager de grandes productions internationales sans modélisation 3d et donc sans les apports du jeu vidéo. Pensez à Pokémon, Fortnite, King Kong, Harry Potter ou Warcraft. La liste des univers virtuels complets est donc déclinable et déclinée sous forme de jeux vidéo, de films, de séries sur écran, mais aussi sur tablette ou smartphone. Tout ça, cette liste d’univers complets s’allonge d’année en année".

La Wallonie n’est pas un désert du gaming

Tous ces éléments amènent à penser que la Belgique et la Wallonie devraient booster davantage le secteur du jeu vidéo. Toujours d’après Maxime Paquay, la Wallonie n’est pas un désert du gaming. Il y a quelques bons studios d’effets visuels, de jeux vidéo, mais ce sont, à quelques exceptions près de toutes petites entreprises.


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"Nous avons de bonnes écoles, des bonnes formations, mais les étudiants en animation, une fois formés, ne s’éternisent que très rarement sur le sol wallon. Ils partent aux États-Unis et plus souvent encore au Canada, au sein de grandes entreprises du secteur à la recherche permanente de créatifs qualifiés. La Wallonie dispose aussi d’un héritage culturel parce que des histoires et des personnages qui s’exportent, nous en avons. Tintin, les Schtroumpfs, le Marsupilami sont en ce moment même transposés en jeux vidéo, mais ils le sont par un éditeur français", poursuit-il.

Mais que manque-t-il vraiment à la Wallonie ? "Il manquerait plusieurs années de retard et de financement, répond Maxime Paquay, de L’Écho, sur les ondes de la Première. Mais surtout la prise de conscience que le jeu vidéo s’immisce effectivement de plus en plus dans l’ensemble de la production culturelle. Le cinéma et le gaming en tant que secteur ne se parlent d’ailleurs encore que trop peu. Résultat des courses : il n’y a pas de champions wallons en mesure aujourd’hui de créer du contenu virtuel, un univers complet avec une portée internationale. Ça pourrait arriver. Ce serait même un objectif plutôt pertinent. Mais pour ça, il faut aussi qu’investisseurs et pouvoirs publics considèrent le gaming comme un jeu sérieux".

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