Economie

Pourquoi l'économie russe est aussi dépendante du gaz et du pétrole

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Par Michel Gassée

C'est l’un des grands absents de la COP 26 à Glasgow : le président russe Vladimir Poutine n'a pas fait le déplacement. Et pourtant, la Russie est particulièrement concernée par les enjeux environnementaux. Après tout, elle est un des principaux producteurs d'hydrocarbures dans le monde. A ce titre, bien sûr, elle bénéficie massivement de l'envolée des prix du gaz et du pétrole depuis quelques mois.

Elle enregistre des milliards de dollars de recettes supplémentaires. Cet argent, la Russie en a bien besoin, il lui permet par exemple de mieux maîtriser sa dette publique. Pour Natalia Orlova, chef économiste de la banque russe Alfa Bank, la maîtrise de la dette publique est un des marqueurs de l'ère Poutine.. "En fait, a-t-elle expliqué lors d’une conférence organisée par le CEPII (Centre d’études prospectives et d’informations internationales à Paris), la Russie a vraiment utilisé les revenus pétroliers pour faire en sorte que la dette publique soit relativement faible au point qu'avant la pandémie, le niveau de la dette publique était de l’ordre de 12-13 % du PIB. C’était un niveau vraiment très, très bon."

Augmenter les dépenses sociales

Avec les conséquences économiques de la pandémie, le poids de la dette russe a un peu remonté, mais le rapport dette-PIB russe fait certainement rêver beaucoup de ministres des Finances occidentaux. En Belgique, par exemple, le rapport entre la dette publique et le PIB est de l’ordre de 120%. La Russie a donc des marges de manœuvre pour financer d'importantes dépenses sociales.

"Augmenter les dépenses sociales en faveur des retraités est une priorité des autorités russes", souligne Natalia Orlova. Faire baisser le chômage aussi. Pour autant, les revenus réels de la population russe dans son ensemble ont baissé sensiblement depuis 2014, notamment à cause d'une inflation qui reste extrêmement élevée en Russie.

Une dépendance problématique  

Globalement, 40 % des recettes du budget fédéral russe viennent du gaz et du pétrole, mais aussi des autres matières premières produites en abondance par la Russie, les métaux notamment.

Les pouvoirs publics cherchent néanmoins à développer d'autres sources de financement. D'où une hausse de l'impôt sur le revenu. "À partir de cette année, explique Natalia Orlova, l'État russe a augmenté le taux d'imposition des revenus personnels, qui était fixé à 13 % depuis le début des années 2000. En ce moment, pour les revenus de plus de 5 millions de roubles (NDLR : environ 60.000 euros) par année, c'est 15 %. Ce n'est pas une très grande augmentation mais je dirais qu’il s’agit tout de même, en quelque sorte, d’un changement du contrat social."

Un potentiel de croissance faible

Il ne sera pas facile pour la Russie de sortir de cette dépendance aux matières premières. Sa croissance économique est structurellement faible, autour de 1 %, malgré de gros investissements publics. "L’État a beaucoup investi pour soutenir les investissements, explique Natalia Orlova, et donc on a eu beaucoup de projets dirigés par l'État : les Jeux olympiques d’hiver à Sotchi (2014), la coupe du monde de football en 2018. Il a eu beaucoup d’investissements dans les infrastructures des villes mais aussi dans le secteur énergétique, notamment les pipelines qui favorisent les exportations d’hydrocarbures de la Russie. "

Mais voilà, le potentiel de croissance de l'économie russe reste faible. Il y a à ça de multiples raisons, comme le déclin démographique, la faible productivité du travail ou encore un certain retard technologique. Dans ces conditions, évidemment, il n'est pas simple de demander à ce pays de se rendre moins dépendant des hydrocarbures.

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