Pourquoi le film "28 jours plus tard" a marqué le cinéma d’horreur ?

Le film 28 jours plus tard est sorti en 2002. Réalisé avec un budget d’à peine 8 millions de dollars, il a finalement généré plus de 80 millions de dollars de recettes mondiales, en devenant, au passage, un immanquable du cinéma d’horreur. Il est né de l’association entre le producteur Andrew McDonald et le réalisateur Danny Boyle, qui avaient déjà collaboré sur de nombreux films à succès, tels que La Plage, Trainspotting ou Petits meurtres entre amis.

Dans le rôle principal, on retrouve Cillian Murphy, un acteur qui, à cette époque, n’était pas du tout connu mais qui cartonne depuis qu’il incarne, entre autres, Tommy Shelby dans Peaky Blinders (pour ne citer que ce rôle). Et c’est déjà là l’une des forces de Boyle : faire un casting 5 étoiles avant l’heure. Il a le don de choisir des acteurs très peu connus dont la carrière finit toujours par décoller après qu’il les a dirigés.

28 jours plus tard est un film post-apocalyptique. Tout ça grâce à l’intervention d’activistes qui, croyant bien faire, libèrent des chimpanzés détenus dans un laboratoire, malgré les avertissements d’un scientifique concernant "le virus de la fureur" dont ces chimpanzés sont porteurs. Ce qui devait arriver arrive : les chimpanzés finissent par mordre les activistes et le virus se répand donc aux humains.

28 jours plus tard (d’où le nom du film), Jim (incarné par Cillian Murphy), coursier de son état, se réveille du coma dans ce monde post-apocalyptique peuplé de zombies… La base ! Des zombies mais pas n’importe lesquels ! Car oui, les zombies de Boyle ne sont pas vraiment morts. Ils sont vivants et infectés (Boyle préfère d’ailleurs le terme "infectés" à celui de "zombies"), et surtout, ils courent incroyablement vite. Ils sont porteurs d’une maladie qui fait que leurs yeux sont injectés de sang et que leur bouche saigne tout le temps (même que parfois, ils vomissent du sang).

Le rôle des zombies était tellement physique que les acteurs les incarnant étaient de vrais athlètes, selon la volonté de Boyle. On est en effet très loin des lambins qu’on voit apparaître dans The Walking Dead par exemple. Vu qu’ils sont vivants, ce ne sont pas les décérébrés auxquels on est habitués dans les films ou séries du genre. Au contraire, ils sont même assez intelligents, et surtout, très violents.

Il faut au passage noter que le pari était risqué à l’époque pour Danny Boyle parce qu’au début des années 2000, les zombies n’étaient pas si bankables qu’ils le sont aujourd’hui.

Toujours est-il que le film a fait un carton un peu partout dans le monde. Alors, la question d’une suite a forcément été envisagée. Mais vu le succès mondial du premier volet, il n’était pas question de se précipiter sur un second volet qui aurait pu entacher la réputation du premier. Il fallait aussi voir dans quel espace-temps allait s’incruster ce second opus : allait-il raconter ce qui s’était passé avant le réveil de Jim ou au contraire, allait-il se concentrer sur la suite de l’épidémie ? Vu le titre du film, 28 semaines plus tard, on se doute que c’est la seconde option qui a été retenue.

Cependant, Danny Boyle n’a pas réalisé ce second opus. En raison de son engagement sur le film Sunshine, il a été contraint de passer le flambeau à un Espagnol, Juan Carlos Fresnadillo, réalisateur du film Intacto qui avait beaucoup plu à Danny Boyle. Ce dernier est tout de même resté producteur exécutif du second opus, et a donc un peu eu son mot à dire dans l’histoire. Ce qui fait qu’aujourd’hui, il reste légitime pour lui de tourner le 3e opus.

D’abord pour les plans de Londres dans un monde post-apocalyptique. La ville est déserte, Jim s’y balade l’air hagard, ne comprenant pas trop ce qu’il s’est passé, et le film nous fait voir des scènes magnifiques où le moindre détail a été réfléchi pour transmettre l’idée du chaos.

Ensuite, pour la confrontation permanente entre le gore et le beau à tendance philosophique : Boyle nous balance constamment d’une scène très trash faite d’infectés déchaînés à des scènes de réflexion profonde sur la vie et le sens que celle-ci peut bien avoir dans un monde comme celui-là.

Le film est une fable sur la nature humaine, puisque les ennemis ne sont pas seulement les infectés : les autres survivants pourraient aussi bien devenir nos rivaux. Bref, le film, derrière le scénario d’un monde post-apocalyptique, est une satire sociale. Et c’est ça qui fait en partie sa force.

Il ne s’agit pas uniquement d’un film gore bon à être regardé à Halloween. Voilà qui est dit, vous savez ce qu’il vous reste à faire !