Pourquoi le retour de Skrillex est une bonne chose pour la musique ?

Une signature rock avant tout

Bien avant de toucher aux platines, pour revenir totalement sur la carrière musicale de Sonny Moore, il faut s’intéresser au post-hardcore et à son groupe, From First To Last. Un groupe qu’il a rejoint à seulement 15 ans en tant que chanteur et leader de la formation en 2004. Un groupe qu’il quitta 3 ans et 2 projets plus tard à cause de problèmes de cordes vocales après être aussi passé par le poste de guitariste. On voit là, la palette de l’artiste et qu’il puise donc ses premières inspirations dans le scream et les riffs de guitare. En janvier 2017, les sensations lui manquaient, il est donc revenu dans le groupe avec toute la renommée qu’il avait déjà à ce moment. Entre-temps, au niveau rock, celui qui cumule les casquettes a aussi participé au troisième album de Bring Me The Horizon.

L’avènement d’une nouvelle Dubstep

On est le 7 juin 2010 et naît quelque part sur MySpace en téléchargement gratuit, l’EP qui va peu à peu rebattre les cartes de la scène électronique commerciale à coups de nouvelles sonorités. "My Name Is Skrillex" sort et l’alias électro de Sonny Moore voit le jour. La même année il rencontre Deadmau5 et s’en suit le projet que tout le monde a entendu au moins une fois, "Scary Monster and Nice Sprites" qui lance véritablement Skrillex, ses sons et la brostep américano-anglaise qui popularise la très british dubstep. Ce qui lui valu 3 Grammy Awards en 2012.

Pour parler de brostep, sous-genre de la dubstep, il faut remonter en 2007 avec Rusko au Royaume-Uni alors déjà pilier du genre qui a commencé à intégrer des sonorités plus dansantes, plus rock dans ses sons, ce qui a donné beaucoup d’inspirations à d’autres grands noms en devenir.

Née quant à elle au sud de Londres dans les années 90, la dubstep se caractérise par un rythme syncopé sur lequel prédominent des lignes de basses à la manière des soundsystems jamaicains. Ici, on a plus de batteries, plus de synthétiseurs et des basses en "wobble" et moins de place laissée aux basses fréquences héritées du dub c’est la recette que Skrillex tout comme Flux Pavillon, Foreign Beggars, Excision ou encore Nero vont utiliser. Et avec ça faire les belles heures de labels comme UKF.

> La dubstep ne se résume pas à cette branche et chez Jam c’est Quillian qui l’explore dans son émission "Things in Motion".

En 2011, Skrillex annonce la fondation de son label, OWSLA, qui va aussi contribuer à l’émergence de toute une scène bass music en dehors de la Grande-Bretagne jusque-là imbattable en la matière. Le premier artiste à sortir sous ce label n’est autre qu’un certain Porter Robinson.

La suite de l’histoire s’écrit avec la sortie de l’EP "Bangarang" et là la corde dubstep ne suffit déjà plus à l’arc de l’artiste qui s’attaque à la moombahcore. Bien qu’en 2014 il marque encore fort les esprits dubstep avec son premier album studio, "Recess".

Trap, house, hyper-pop, rien ne l’arrête

Une chose est sûre, Skrillex n’est pas qu’un artiste dubstep. A partir de son premier album on entrevoit l’ouverture à la trap qui cartonne à ce moment aux USA, l’ouverture aux collaborations rap comme avec Pusha T ou Rick Ross et surtout la multiplication des projets. A partir de 2013, Sonny se nomme aussi Dog Blood pour l’acid house en duo avec Boys Noize ou Jack U avec Diplo sur un projet plus festif. C’est avec le premier avec le producteur Allemand que la rupture de genre se fait vraiment et où il se fraye pour la première fois un vrai chemin dans l’underground. Dog Blood est revenu en 2019 et pourrait aussi faire un nouveau retour cette année au moins pour un single en duo déjà joué dans certains sets et ce que Boys Noize a déjà confirmé.

Dans sa musique, Sonny se déclare à de nombreuses reprises influencé et particulièrement fan de projets comme ceux d’Aphex Twins, de Squarepusher ou même de Justice. Au niveau house il collabore aussi beaucoup avec son ami Four Tet, un nouveau titre sur lequel ils sont rejoints, une nouvelle fois, par Fred Again est d’ailleurs en phase de sortie sous peu aussi. Il s’appellera "Baby Again".

Entre-temps Sonny Moore s’attaque à tous les genres en tant que producteur et compositeur pour d’autres, on le retrouve aux crédits d’artistes comme Lady Gaga, Beyoncé sur son récent "Renaissance", M.I.A, Justin Bieber à de nombreuses reprises, PinkPantheress, Mura Masa ou encore Ed Sheeran.

A l’heure actuelle, on ne sait pas combien de directions et d’identités prendront ses prochains projets en 2023. Un retour qui a été amorcé par une collaboration hyper-pop avec le duo barré 100Gecs sur "Torture Me" où la patte Skrillex est indéniablement présente.

A coups de production à gauche, à droite, de collaborations et d’inventivité, l’artiste influence l’industrie musicale de façon continue. Mais en conclusion, quasiment 10 ans après son seul album qui a lancé un nouveau mouvement, qui a réellement changé une partie de la musique électronique, on ne peut qu’attendre de voir si le deuxième album qu’il prépare depuis tant d’années aura le même effet. Vu ses diverses expériences depuis et son background en coulisses de la musique, on peut espérer que Skrillex souffle un nouveau vent de fraîcheur.