Pourquoi le sultanat d’Oman a-t-il joué les intermédiaires entre la Belgique et l’Iran ?

Très discret sur la scène internationale, le sultanat d’Oman est depuis longtemps un acteur de premier plan dans la région du Golfe. À l’échelle internationale, rappellent les experts, c’est ce sultanat de cinq millions d’habitants qui avait joué les intermédiaires entre les États-Unis et l’Iran dans la signature de l’accord sur le nucléaire iranien.

Son rôle diplomatique, méconnu du grand public, est pourtant primordial. "À l’échelle des États membres du Conseil de coopération du Golfe, Oman a historiquement toujours été déconnecté des agendas des autres puissances régionales comme l’Arabie saoudite, le Koweït ou les Émirats arabes unis", détaille Didier Leroy, chercheur au Centres d’études de sécurité et défense.

"Oman est un cas très particulier, parce que ce sultanat entretient de bonnes relations à la fois avec l’Occident et les autres puissances régionales souvent pris dans une logique en conflictuelle, ajoute David Rigoulet-Roze, chercheur associé à l’IRIS. Mascate, sa capitale, c’est un peu la Genève du Moyen Orient, dans la mesure où le Sultanat d’Oman a toujours été une plateforme de négociation discrète mais efficace avec des interlocuteurs compliqués."

En ce sens, sa situation religieuse lui est particulièrement favorable : la religion du sultanat est l’ibadisme, une branche de l’Islam qui lui permet d’être neutre face au clivage historique entre sunnites et chiites, ajoute le chercheur.

"La force de sa diplomatie tient également à sa discrétion. Le sultanat n’aime pas la publicité, au contraire de pays comme le Qatar. Il accepte la longueur des négociations et s’engage à obtenir des résultats, raison pour laquelle il bénéficie d’un capital de confiance", souligne encore le spécialiste.

En véritable équilibriste, le sultanat arrive en effet à garder de bonnes relations avec des acteurs très différents, en prônant une tradition diplomatique modérée : il n’a jamais rompu ses relations avec Bachar Al-Assad, est un interlocuteur pour les puissances régionales, garde de bonnes relations avec l’Occident. "Et, comme le montrent les événements récents, le nouveau sultan Haitham s’inscrit à ce niveau dans la même stratégie que son prédécesseur, le sultan Qabus, à qui il a succédé en 2020", affirme David Rigoulet-Roze.

Quant à l’Iran, Mascate entretient des relations historiques très positives avec Téhéran, car les deux pays sont historiquement les gardiens du Golfe. D’ailleurs, selon des rumeurs, les libérations d’otages auraient un lien avec la reprise des négociations sur le nucléaire iranien, une hypothèse non confirmée, mais corroborée par la récente visite du sultan d’Oman dans la capitale iranienne ce 29 mai.

Quant aux rapports entre la Belgique et Oman, les relations entre les deux pays existaient aussi bien avant cet échange. Pas plus loin qu’en février 2022, le roi Philippe et la reine Mathilde s’étaient rendus dans le sultanat. Au cœur de cette visite officielle se trouvaient les investissements du port d’Anvers et du groupe belge Deme à Oman, dans le cadre d’un projet énergétique lié à la production d’hydrogène.