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Pourquoi le taux d’emploi des réfugiés ukrainiens est-il plus de deux fois supérieur en Flandre qu’à Bruxelles ?

Pourquoi le taux d’emploi des réfugiés ukrainiens est-il plus de deux fois supérieur en Flandre qu’à Bruxelles ? (05/05/23)

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Par Romain Mayez

D’après les derniers chiffres de mars 2023, 2943 réfugiés ukrainiens se sont inscrits chez Actiris depuis le début de l’invasion russe, mais seulement 14,4% d’entre eux ont trouvé un travail, soit 423 personnes.

Ce taux d’emploi varie énormément selon les Régions. En Wallonie, sur les 2686 réfugiés ukrainiens inscrits au Forem, 471 ont trouvé un job, soit 17,5%.

En Flandre, 2407 réfugiés ukrainiens sur les 6615 inscrits auprès du VDAB, l’office flamand de l’Emploi, sont actifs sur le marché du travail. Cela représente un taux d’emploi de 36%, plus du double de Bruxelles.

Saturation du marché du travail à Bruxelles

"Le marché du travail en Flandre est très dynamique, ils sont quasiment en plein emploi. Les employeurs sont prêts à accueillir beaucoup de travailleurs étrangers pour remplir les postes vacants", explique Bernard Clerfayt, ministre bruxellois de l’emploi.

Avec 88.000 chercheurs d’emploi, le marché du travail en région bruxelloise est, au contraire, saturé. "Les chercheurs d’emploi sont en grande majorité peu ou pas qualifiés, alors que les emplois disponibles à Bruxelles sont hautement qualifiés. Il y a donc une différence entre l’offre et la demande", précise Romain Adam, porte-parole d’Actiris.

Si le taux d’emploi des réfugiés ukrainiens est considérablement supérieur en Flandre comparée à Bruxelles, cela s’expliquerait donc par davantage d’opportunités de travail de l’autre côté de la frontière, avec moins d’exigence sur la qualification des candidats.

Aujourd’hui la quasi-totalité des diplômes ukrainiens ne sont d’ailleurs toujours pas reconnus en Belgique, alors que "60% des réfugiés sont hautement qualifiés" ajoute Romain Adam. "Les Ukrainiens qui arrivent s’orientent donc souvent vers des emplois peu qualifiés qui ne correspondent pas à leurs compétences".

Une méconnaissance du français et du néerlandais

À Bruxelles, ce sont surtout dans les institutions et dans l’économie de service qu’il y a le plus d’emplois vacants. Des postes pour lesquels la maîtrise des langues est une exigence. Or, selon Clerfayt, les réfugiés ukrainiens "connaissent très peu le français, pratiquement pas le néerlandais, presque pas l’anglais", ce qui complique leur accès à l’emploi.

Sur les 2943 réfugiés ukrainiens inscrits chez Actiris, 20,2% d’entre eux suivent donc désormais des formations (8 Ukrainiens sur 10 ont choisi d’apprendre le français). La région bruxelloise a également investi via son application en ligne Brulingua : "C’est un outil qui permet d’apprendre 20 langues européennes au départ de toute une série de langues, et nous avons ajouté l’ukrainien", explique Bernard Clerfayt.

80% de femmes, 20% d’hommes

Sur l’ensemble des Ukrainiens inscrits chez Actiris, 8 réfugiés sur 10 sont des femmes. Pour le ministre bruxellois de l’emploi, cela complique également leur insertion sur le marché de l’emploi : "beaucoup de réfugiés à Bruxelles sont des femmes avec des enfants, et tant qu’elles n’ont pas trouvé de solution pour la garde de leurs enfants, elles auront moins de disponibilités pour trouver un emploi".

D’après le dernier rapport d’Actiris, 34,2% des réfugiés ukrainiens qui travaillent à Bruxelles sont affectés au nettoyage des bâtiments, 15,6% travaillent dans le secteur de l’intérim, 5% dans le secteur de l’horeca.

À l’avenir, l’écart entre la Flandre et Bruxelles sur le taux d’emploi des réfugiés ukrainiens devrait davantage s’accentuer. Le 19 avril dernier, le Parlement flamand a donné son feu vert pour rendre l’enregistrement des Ukrainiens auprès de l’Office flamand de l’Emploi et de la Formation professionnelle (VDAB) obligatoire. Cette obligation d’inscription n’est pas encore d’actualité pour Actiris en Région Bruxelloise.

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