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Pourquoi les gardes-frontières au Texas chassent-ils les migrants haïtiens à cheval ?

USA : des migrants haïtiens refoulés du Rio Grande

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Un garde-frontière à cheval attrape un homme par son t-shirt. Un autre agent tient un groupe à distance en faisant tourner ses rênes, dans une posture menaçante.

Des nombreuses photos montrant des gardes-frontières à cheval en train de repousser des migrants près de Del Rio, au Texas, suscitent depuis ce lundi une forte émotion aux Etats-Unis, où le gouvernement du président Joe Biden a annoncé l’ouverture d’une enquête pour faire toute la lumière sur les faits.

Ces scènes se sont produites alors que des migrants se lavaient dans le Rio Grande ou traversaient le fleuve pour aller chercher de la nourriture au Mexique et la rapporter à leur famille restée sur le sol américain, selon l’auteur des photos, Paul Ratje.

Je n’ai pas vu de coups de fouet, mais les agents ont fait tournoyer leurs rênes.

Subitement, cinq ou six agents à cheval sont arrivés et leur ont demandé de retourner au Mexique. "La situation était tendue, et les migrants ont commencé à courir pour les contourner", rapporte-t-il. "Un des agents a attrapé l’homme de la photo par le t-shirt. Je ne crois pas qu’il ait été blessé".

"Je n’ai pas vu de coups de fouet, mais les agents ont fait tournoyer leurs rênes", a-t-il encore raconté. La tension est ensuite retombée, et les gardes-frontières ont laissé ces migrants rejoindre le camp de fortune.


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Des agents de la patrouille frontalière des États-Unis à cheval tentent d’empêcher des migrants haïtiens d’entrer dans un campement sur les rives du Rio Grande près du pont international Acuna Del Rio à Del Rio, au Texas, le 19 septembre 2021.
Des agents de la patrouille frontalière des États-Unis à cheval tentent d’empêcher des migrants haïtiens d’entrer dans un campement sur les rives du Rio Grande près du pont international Acuna Del Rio à Del Rio, au Texas, le 19 septembre 2021. © AFP

Texas - les gardes-frontières chassent les migrants à cheval

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Une situation de plus en plus tendue à la frontière

Les patrouilles équestres ont été déployées dimanche près du fleuve Rio Grande, où des milliers de migrants, dont une majorité d’Haïtiens, campent depuis plusieurs jours dans l’espoir d’être admis aux Etats-Unis, a expliqué à la presse le chef des gardes-frontières Raul Ortiz.

"Je leur ai demandé de chercher si des individus étaient en détresse et de rassembler des renseignements sur des passeurs", a-t-il ajouté, en soulignant que "contrôler un cheval dans un fleuve est difficile".

Il semble que, dans ce cadre, certains aient utilisé des longues rênes, a ajouté le ministre de la Sécurité intérieure Alejandro Mayorkas. "Nous allons mener une enquête pour être sûrs que la situation est bien celle-là, dans le cas contraire, nous agirons en conséquence", a-t-il assuré.


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Un agent de la patrouille frontalière des États-Unis à cheval tente d’empêcher des migrants haïtiens d’entrer dans un campement sur les rives du Rio Grande près du pont international Acuna Del Rio à Del Rio, au Texas, le 19 septembre 2021.
Un agent de la patrouille frontalière des États-Unis à cheval tente d’empêcher des migrants haïtiens d’entrer dans un campement sur les rives du Rio Grande près du pont international Acuna Del Rio à Del Rio, au Texas, le 19 septembre 2021. © AFP

Texas - les gardes-frontières chassent les migrants à cheval(2)

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Tensions politiques américaines

Cet afflux de migrants à la frontière s’est transformé en crise pour l’administration Biden. Ces images "de mauvais traitements de migrants haïtiens le long de la frontière sont horribles et très dérangeantes", a estimé dans un communiqué l’élu démocrate Bennie Thompson, qui préside la commission sur la Sécurité intérieure à la Chambre des représentants.

"C’est horrible à regarder", a reconnu la porte-parole de la Maison Blanche Jen Psaki lors d’un point presse. "Je ne connais pas le contexte, mais je ne vois pas dans quel cadre ce serait approprié", a-t-elle ajouté.

Une telle décision va à l'encontre du sens commun

L'un des grands alliés du président, le chef démocrate du Sénat Chuck Schumer, demande la fin des expulsions "ignobles" d'Haïtiens, renvoyés vers un pays instable et gangréné par la violence.

L'administration du président démocrate peine à gérer un afflux soudain et massif de milliers de migrants haïtiens, qui se sont massés sous un pont la semaine dernière dans la petite ville frontalière Del Rio, au Texas.

Ce week-end, son gouvernement a commencé à les renvoyer par avion dans leur pays. "Une telle décision va à l'encontre du sens commun" et de "la décence", s'est insurgé Chuck Schumer dans l'hémicycle. Ce "pays ne peut pas les recevoir", a-t-il ajouté.

Le ministre Alejandro Mayorkas a lui soutenu qu’il était raisonnable de renvoyer ces migrants vers Haïti, malgré l’instabilité politique qui y règne, et les conséquences du tremblement de terre qui a touché le sud-ouest du pays le 14 août.


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Un agent de la patrouille frontalière des États-Unis à cheval utilise les rênes alors qu’il tente d’empêcher des migrants haïtiens d’entrer dans un campement sur les rives du Rio Grande près du pont international Acuna Del Rio à Del Rio, au Texas, le 19 s
Un agent de la patrouille frontalière des États-Unis à cheval utilise les rênes alors qu’il tente d’empêcher des migrants haïtiens d’entrer dans un campement sur les rives du Rio Grande près du pont international Acuna Del Rio à Del Rio, au Texas, le 19 s © AFP

Les expulsions d’Haïtiens par Washington pourraient violer le droit international

Les Nations unies ont exprimé mardi leur profonde inquiétude face aux expulsions massives de migrants haïtiens par les Etats-Unis, qui pourraient contrevenir au droit international.

"Les expulsions massives et sommaires qui se déroulent actuellement en invoquant le Titre 42 (un règlement sanitaire auquel se réfèrent les autorités américaines pour défendre les expulsions ndlr), sans tenter de déterminer les besoins en termes de protection, sont contraires à la norme internationale et pourraient être assimilées à du refoulement", qui est condamné par le droit international, a souligné le Haut-commissaire de l’ONU aux réfugiés Filippo Grandi, dans un communiqué.

Nous sommes profondément inquiets du fait qu’il n’y ait eu aucun examen individuel

"Nous sommes profondément inquiets du fait qu’il n’y ait eu aucun examen individuel dans le cas" des Haïtiens, a déclaré une porte-parole du Haut-commissariat aux droits de l’homme, Marta Hurtado, lors d’un briefing régulier de l’ONU à Genève.

Shabia Mantoo, porte-parole pour le HCR, a souligné pour sa part lors du même point de presse que la demande d’asile était "un droit de l’homme fondamental". "Nous appelons à ce que ces droits soient respectés", a-t-elle dit.

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