Pourtant, d'une simple photo de pieds, les étudiantes peuvent se retrouver coincées dans un cercle vicieux où les demandes deviennent de plus en plus "précises". La frontière entre ces images et le travail du sexe devient alors très fine. Certains acheteurs vont jusqu'à demander des objets personnels portés par les jeunes femmes. Amandine (nom d'emprunt), 18 ans, témoigne : "C'est passé de l'envoi de photos de pieds, à l'envoi de photos en collants puis en talons. Ensuite, ils voulaient aussi des photos de mes sous-vêtements. A la fin, ils voulaient carrément que je leur envoie les dessous portés et, si possible, avec des marques dedans, avec des traces blanches. Un homme m'a demandé de lui envoyer mon string après l'avoir porté 10 jours. Je me suis sentie sale, humiliée et manipulée".
Amandine a aujourd'hui arrêté ce "business" : " Je n'ai pas gagné énormément d'argent car je devais à chaque fois racheter de nouveaux collants pour ensuite les envoyer. Ce que j'ai reçu m'a aidé à payer ces sous-vêtements mais aussi mes cigarettes, pas davantage". L'idée de rentabilité qui est véhiculée sur les réseaux n'est donc pas totalement exacte, d'autant que la concurrence est devenue forte.
La jeune femme de 18 ans est suivie actuellement par un planning familial. Elle nous confie : "C'est douloureux, pour moi, d'en parler. J'ai été prise dans cet engrenage et j'ai vraiment eu cette impression de devenir un objet, d'être à leur merci". Il n'est pas rare que les étudiantes soient exposées au harcèlement, au chantage, aux arnaques, aux rapports de pouvoir mais aussi aux clients qui exposent leurs désirs sans aucun filtre.