Si la révélation du chef de l'opposition a fait du bruit en Grèce, elle ne représenterait en réalité que la partie émergée de l'iceberg, le "catalyseur" qui a mis le feu aux poudres. Avant cela, des journalistes d'investigation avaient déjà révélé avoir eux-même été surveillés par le même logiciel. Dès lors, certains s'inquiètent de l'ampleur du phénomène.
Aujourd'hui personne ne peut dire combien et quels hommes politiques, journalistes ou autres citoyens ont subi la levée du secret.
- Alexis Tsipras, ancien Premier ministre grec (2015-2019)
Eliza Triantafyllou, journaliste du site Inside Story, a commencé à enquêter sur l'affaire en janvier après la publication de deux rapports de l'université de Toronto Citizen Lab et de Meta (Facebook) évoquant "un nouveau logiciel espion intitulé Predator ayant des clients et des cibles en Grèce" notamment.
"Ces rapports sont passés à l'époque inaperçus dans les (grands) médias grecs alors qu'ils révélaient que le gouvernement grec avait probablement acheté Predator", rapporte Eliza Triantafyllou, dans un récent article. Selon elle, la commercialisation de Predator en Grèce s'effectue par la société Intellexa, qui dispose de locaux dans le pays et "de liens" avec l'Etat.
En avril dernier, Inside story a publié le premier cas confirmé de l'utilisation de Predator en 2021 contre un citoyen européen, le journaliste grec Thanasis Koukakis, spécialisé dans des affaires de corruption. En novembre 2021 déjà, le quotidien de gauche Efsyn révélait "la surveillance par l'EYP" du journaliste du média d'investigation Solomon, Stavros Malichudis, spécialisé dans les affaires migratoires.