Le BR2 de Mol n’est pas un réacteur nucléaire comme les autres. Seuls dix réacteurs de ce type existent dans le monde : cinq aux Etats-Unis, trois en Europe et deux en Russie. Chacun d’eux doit être capable de délivrer des rayonnements très intenses.
Les experts vont diront que ce type de réacteur doit avoir un flux neutronique plus élevé que les réacteurs nucléaires utilisés pour nous alimenter en électricité. Voilà pourquoi le BR2 fonctionne jusqu’à présent avec de l’uranium hautement enrichi, contrairement aux centrales nucléaires classiques.
L’utilisation d’uranium enrichi était indispensable pour la recherche sur toutes sortes de matériaux (le BR2 a notamment testé l’acier des cuves des réacteurs microfissurés Doel 3 et Tihange 2) et pour produire des radio-isotopes médicaux.
Le BR2, selon le CEN, fabrique 40% des isotopes pour soigner le cancer du côlon, de la prostate et du foie. C’est le leader mondial de l’industrie nucléaire médicale.
Mais pour cela, le réacteur utilisait plus de 90% d’uranium-235 (intensivement enrichi), exactement le minerai nécessaire pour les armes nucléaires. Si quelqu’un volait le combustible nucléaire du réacteur de recherche de Mol, il aurait donc immédiatement la base d’une bombe atomique, sans avoir à traiter le minerai d’uranium.
Aujourd’hui, les premiers essais avec de l’uranium faiblement enrichi sont concluants au grand soulagement de Peter Baeten : " Si on veut changer un assemblage dans un cœur, il faut respecter les performances. Et donc ici, ce n’était pas facile de l’avoir avec 20% d’uranium 235. Nous avons donc dû développer un nouveau type de combustible pour garder les performances et pour continuer à fabriquer les radio-isotopes qui sont très importants pour le monde."