Près 8 Belges sur 10 se disent préoccupés par les changements climatiques, mais sous-estiment leur rôle

Illustration – Les Belges restent majoritairement préoccupés par le changement climatique, mais ils sous-estiment leur rôle, selon le Service Changements climatiques du SPF Santé publique

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Par Céline Biourge avec Damien Heindrichs pour les graphiques

Quelles sont les connaissances des Belges en matière climatique ? Quelle interprétation en font-ils ? Et quels sont les efforts personnels qu’ils sont prêts à fournir ?

Pour y répondre, le Service Changements climatiques du SPF Santé publique mène, tous les 4 ans depuis 2005, une enquête publique. Un questionnaire a ainsi été envoyé, durant l’automne 2021, à des habitants belges âgés de 16 à 75 ans et sélectionnés de manière aléatoire. Un échantillon représentatif de 1613 personnes a ainsi été retenu. Toutes les régions du pays sont représentées et la parité homme-femme respectée.

Ci-dessous, nous avons épinglé quelques-unes des conclusions de cette longue enquête que vous pouvez consulter dans son entièreté ici.

Les Belges se préoccupent fortement de l’environnement

Près de 8 personnes sur 10, tous âges confondus, se préoccupent de l’environnement, même s’ils sont un peu moins nombreux à s’y intéresser vraiment, comparé aux quatre autres enquêtes. Un effet sans doute de la pandémie puisque l’enquête a été réalisée pendant une nouvelle vague de coronavirus. La santé est d’ailleurs devenue la deuxième préoccupation des Belges (69%) après l’environnement (73%) et devant la pauvreté (57%).

© Damien Heindrichs avec le SPF Santé Publique
L'intérêt des Belges pour le changement climatique au fil des enquêtes.
L'intérêt des Belges pour le changement climatique au fil des enquêtes. © Damien Heindrichs avec le SPF Santé Publique

A noter que les femmes sont davantage préoccupées par les problématiques environnementales que les hommes. Les Belges plus âgés sont également plus préoccupés que la tranche d’âge des 16-35 ans.

D’un point de vue régional, les Flamands sont moins préoccupés que les Wallons et les Bruxellois. Quant aux habitants de la Région de Bruxelles-Capitale, ils le sont encore plus que les Wallons.

On observe aussi des différences en fonction de l’urbanisation de la région de résidence. Ainsi, les personnes qui vivent dans une grande agglomération se préoccupent davantage de la problématique environnementale. C’est le cas également des personnes d’un niveau d’éducation plus élevé.

Epinglons enfin que 8% des Belges déclarent ne pas se préoccuper (ou pas du tout) des changements climatiques.

La faute aux "autres"

Les résultats indiquent que les Belges attribuent en premier lieu les problèmes climatiques aux "autres". Seules 29% des personnes interrogées estiment en effet que les ménages contribuent aux changements climatiques.

Sont pointés du doigt : l’industrie (90%), le transport de marchandises (82%) et le transport de personnes (49%).

© Damien Heindrichs avec le SPF Santé Publique

La majorité des personnes interrogées estiment donc que c’est à eux de déployer les plus gros efforts pour lutter contre les changements climatiques.

© Damien Heindrichs avec le SPF Santé Publique

Par rapport à ces trois secteurs, le Belge trouve que les ménages n’ont qu’une incidence limitée sur les changements climatiques, et qu’ils n’ont à fournir qu’un effort modeste dans la lutte contre ces changements.

On constate cependant que l’incidence que l’on attribue aux ménages et au transport des personnes diminue par rapport aux éditions précédentes, ainsi qu’en ce qui concerne les efforts qu’ils doivent fournir.

L’urgence climatique

79% des Belges estiment que les changements climatiques sont des problèmes auxquels il faut s’attaquer de toute urgence, seuls 5% ne partagent pas cette opinion.

Et s’ils estiment qu’il y a urgence, une grande à très grande majorité des répondants pense que nous en sommes la cause principale et que, dès lors, nous pouvons faire quelque chose. D’ailleurs, ils sont plus nombreux à estimer que les effets des changements climatiques se font également sentir en Belgique, une conséquence sans doute des terribles inondations de l’été dernier.

Enfin, de manière générale, on observe une légère amélioration des connaissances en la matière.

Comportement face aux changements climatiques

Si le Belge fait preuve d’un comportement respectueux de l’environnement sur le plan des tâches ménagères (par exemple, le tri des déchets ou l’économie de l’eau), de son logement et de ses achats, il n’envisage pas d’aller plus loin, même s’il affirme vouloir améliorer certaines choses (installation d’une pompe à chaleur pour le chauffage ou l’intention d’utiliser de l’énergie verte et de l’énergie solaire, par exemple).

Concernant les déplacements, par contre, les résultats s’avèrent moins positifs. La voiture reste, de loin (72%), le moyen de transport principal, surtout en région rurale.

Les transports en commun, eux, restent les moins populaires : 23% empruntent au moins régulièrement le métro, le tram ou le bus ; et 15%, seulement, le train.

Quant aux vélos et aux trottinettes, s’ils sont surtout utilisés en Flandre et à Bruxelles pour aller travailler. Ce qui est loin d’être le cas en Wallonie où ils servent surtout dans le cadre des loisirs.

Effort des pouvoirs publics

Si un répondant sur quatre reconnaît qu’il ne prend pas suffisamment d’initiatives pour lutter contre le réchauffement climatique, un peu moins de la moitié (47%) ne sont pas vraiment satisfaits ou pas satisfaits du tout des actions des pouvoirs publics pour lutter contre les changements climatiques.

Par contre, plus d’un tiers d’entre eux s’oppose aux mesures ayant un impact financier direct : la taxe sur les émissions de CO2 et la taxe kilométrique.

Et quand il s’agit d’interdire la vente de véhicules neufs à moteur à combustion, une majorité (53%) s’y oppose.

L'avis des Belges par rapport aux mesures qui devraient être prises en Belgique pour lutter contre le réchauffement climatique.
L'avis des Belges par rapport aux mesures qui devraient être prises en Belgique pour lutter contre le réchauffement climatique. © Damien Heindrichs avec le SPF Santé Publique

Ajoutons que deux Belges sur trois (65%) pensent que les différents gouvernements doivent renforcer leur coopération en matière de politique climatique. Et un peu plus de la moitié des Belges (58%) estiment qu’un "conseil des sages" doit être créé pour guider le gouvernement.

6 Belges sur 10 veulent une Belgique et une UE neutres d'ici 2050

Les résultats montrent qu’une majorité des Belges est systématiquement d’accord avec l’ensemble des différents objectifs de l’Union européenne en matière climatique.

L’objectif de l’Union européenne d’atteindre la neutralité climatique et d’être résiliente aux changements climatiques d’ici à 2050 est ainsi soutenu par six Belges sur dix.

Presque autant de Belges estiment que les émissions de gaz à effet de serre doivent diminuer d’au moins 55% d’ici à 2030 dans l’Union européenne et en Belgique (par rapport à 1990).

La proposition de faire payer, à partir de 2026, les ménages et les petites entreprises pour leurs émissions de CO2 résultant de l’utilisation de combustibles fossiles (charbon, fioul, gaz naturel, essence, diesel, etc.), par contre, est moins populaire. À peine 28% des Belges ont indiqué être d’accord avec cette proposition, contre 38% ayant répondu qu’ils n’étaient pas (du tout) d’accord.

L’Europe souhaite atteindre la neutralité climatique d’ici à 2050. Différents objectifs européens ont été présentés aux répondants qui devaient indiquer dans quelle mesure ils soutenaient ces objectifs.
L’Europe souhaite atteindre la neutralité climatique d’ici à 2050. Différents objectifs européens ont été présentés aux répondants qui devaient indiquer dans quelle mesure ils soutenaient ces objectifs. © Damien Heindrichs avec le SPF Santé Publique

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