Le chignon en bataille, elle empoigne à main nue la terre qu’elle jette par paquets sur le mur de la ludothèque où viendront jouer les enfants. Le "barro", ce mélange d’argile et de ciment, remplace les briques.
"C’est moins cher et en plus, ça préserve la nature", explique Lia, le visage maculé de terre ocre mais rayonnant.
Ailleurs, des matériaux recyclés sont utilisés. "Quand je suis arrivée à Vila Nova Esperança, il n’y avait rien", raconte-t-elle. "Aujourd’hui, nous avons un théâtre, une bibliothèque pour apporter la culture aux habitants, une cuisine communautaire, un lac où les enfants peuvent se baigner. Et ce potager qui ne cesse de grandir."
Rodrigo Calisto, un ingénieur civil qui prête main-forte à Lia, montre un bassin de pierre qui va accueillir un vivier de tilapias. Avant d’être mangés, les poissons mangeront les moustiques. C’est pour "les problèmes de dengue", explique le jeune homme, qui peut mobiliser, le weekend, une trentaine de bénévoles pour travailler dans la favela.
En empilant de gros sacs remplis de terre, ils ont construit des retenues contre les glissements de terrain souvent dramatiques pour les favelas lors des pluies torrentielles. "Maintenant, il n’y a plus de danger pour les maisons en contrebas", explique l’ingénieur, qui a aussi mis au point un système de récupération des eaux de pluie.