Porté aux nues ou détesté, Emmanuel Macron, arrivé en tête du premier tour de l’élection présidentielle française selon les premières estimations, à la fois séducteur et brutal, a traversé un mandat tumultueux avec un art consommé de l’adaptation et en pratiquant un exercice vertical du pouvoir.
Le mandat d’Emmanuel Macron, marqué par l’exceptionnelle crise sanitaire internationale du Covid-19, s’achève dans le fracas de la guerre en Ukraine, qui a totalement relégué la campagne présidentielle à l’arrière-plan.
Très impliqué diplomatiquement avant même le début de la guerre le 24 février, le président français – également président en exercice de l’UE – s’est positionné en surplomb de ses concurrents et n’a annoncé sa candidature que très tardivement, le 3 mars. Une posture avantageuse, confortant sa stature de chef d’Etat, mais qui était également risquée, car pouvant le faire apparaître comme éloigné des préoccupations quotidiennes des Français.
Difficile à cerner
"Le président caméléon", comme l’a qualifié le quotidien Le Monde, reste après cinq ans de pouvoir une personnalité toujours difficile à cerner.
Plus jeune président que la France a jamais eu, l’ancien ministre de l’Economie de l’ex-président socialiste François Hollande, qui n’avait jamais été élu auparavant, a été propulsé au sommet en 2017 à seulement 39 ans, en utilisant avec maestria son image d’outsider ni de droite ni de gauche, et en surfant sur le délitement des partis traditionnels.
Il avait été élu avec 66% des suffrages, dans un contexte d’abstention record, face à Marine Le Pen. Un match qui se rejouera donc le 24 avril.
Entouré d’une cour fidèle de trentenaires passés par la publicité, les cabinets de consultants ou la haute administration, M. Macron, énarque pur produit du système, ex-banquier d’affaires chez Rothschild, a constamment montré une volonté de surprendre, quitte à choquer.
Prêt à des réflexes claniques, comme lorsqu’il refuse en 2018 de licencier son homme de confiance Alexandre Benalla, dont la presse révélera l’implication dans toute une série d’affaires douteuses – et qui sera d’ailleurs condamné en 2021 à de la prison ferme.
Gilets jaunes
Auteur de coups de poker, quand il lance "un grand débat" national avec les Français après la révolte des "Gilets jaunes", mouvement de contestation sociale qui a gravement ébranlé son quinquennat en 2018 et 2019 avant de s’étioler – mais sans jamais être véritablement réglé.
Il a également pris des paris risqués, notamment celui de refuser en pleine pandémie un nouveau confinement réclamé par experts et ministres en janvier 2021, mais cette décision sera au final portée à son crédit. Il termine son mandat plus populaire que ne l’étaient à la même période ses deux prédécesseurs, François Hollande et Nicolas Sarkozy.