Présidentielle en France

Présidentielle 2022 : #MerciJeanLuc, cinq questions à deux jeunes militants de la France Insoumise

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1,2%, soit 420.882 voix, ceci est l’écart qui séparait le candidat à la présidentielle, Jean-Luc Mélenchon, de la qualification au premier tour face au président sortant, Emmanuel Macron.

Une différence minime qui n’a pas manqué de décevoir les militants et soutiens du candidat insoumis. Cependant, avec 21,95% des votes, Jean-Luc Mélenchon et la France Insoumise incarnent aujourd’hui la gauche française tandis que le Parti socialiste, le Parti communiste et Europe Écologie Les Verts réunis, ne dépassent pas les 9%.

Via le hashtag "MerciJeanLuc", les soutiens du candidat et surtout les plus jeunes, le remercient de les avoir "construits politiquement". Pour rappel, 34% des 18-24 ans ont préféré la candidature LFI à Le Pen ou Macron.

Pour en savoir plus et comprendre les raisons de leur implication dans la campagne de Jean-Luc Mélenchon, nous avons interviewé deux jeunes militants qui ont répondu à nos questions : W.L., un jeune étudiant en droit de 18 ans et Anaïs O., jeune de 20 ans et militante insoumise.

Dimanche, avez-vous voté pour la première fois ?

WL : J’ai voté pour la première fois de ma vie dimanche parce que je viens d’avoir 18 ans. En 2017, j’étais donc trop jeune pour être sympathisant ou militant LFI, je ne m’intéressais que d’assez loin à la politique jusqu’à fin 2020, là où le débat à l’Assemblée nationale sur le projet de loi "Sécurité Globale" m’a intéressé et m’a fait adhérer aux propos de la FI et au discours de Jean-Luc Mélenchon.

C’est à ce moment que je me suis intéressé de plus près à LFI et à Jean-Luc Mélenchon, chose extrêmement simple grâce à sa chaîne YouTube où toutes ses interventions sont retransmises.

Anaïs O. : Oui c’était la première fois. Vous savez, je viens d’une famille qui vote à droite, voire extrême droite mais je n’ai jamais partagé les mêmes idées. J’ai commencé à m’intéresser à la politique avec toutes les réformes dans le monde de l’éducation. En comparant les programmes et ce que disaient les différents politiques, j’ai été convaincu par Jean-Luc Mélenchon.

Est-ce que Jean-Luc Mélenchon et la France Insoumise ont été une motivation pour vous politiser ?

WL : Oui, Jean-Luc Mélenchon a été une source immense de politisation. Sans son art oratoire, sa qualité à faire campagne, son équipe fabuleuse et les Jeunes insoumis qui accueillent directement les jeunes intéressés, je ne sais pas si je serai à la France insoumise. Soutenir Mélenchon, c’est être en accord avec les idées et la vision du monde qu’il défend (vision du monde que non pas tous les candidats).

Je suis épaté de la qualité du personnage qui donne tout, tout le temps, en se faisant insulter mais restant droit dans sa ligne. Épatant pour le jeune que j’étais alors et qui m’a d’autant plus fait m’investir pour lui. Mélenchon, soit on l’adore soit on ne l’aime pas du tout.

AO : Jusque il y a bien un an, je n’étais pas dans la politique. Je suivais les programmes des candidats mais je n’étais pas plus investi que ça pour être honnête. Ce qui m’a donné envie de militer, c’était bien sur le personnage qu’incarnait Jean-Luc Mélenchon mais aussi toutes les équipes et les personnes qui l’accompagnent et qui forment le mouvement qu’il a construit.

 J’ai rencontré des personnes qui partageaient les mêmes valeurs que moi : la solidarité, l’entraide, l’intérêt général humain, etc. Il sait mettre ces valeurs au-dessus du profit.

Jean-Luc Mélenchon est arrivé très près du second tour. Qu’est-ce qui a manqué selon vous pour se qualifier ?

WL : Quand on fait une si belle campagne, passant de 7% dans les sondages à 22%, déjouant tous les pronostics, les moqueries et appels à "l’union", on ne peut pas avoir de regret. Le regret, c’est que le Pen soit si haut. Faute à qui ? Aux médias qui l’ont dédiabolisé depuis vingt ans et même totalement banalisé depuis l’arrivée du fasciste Zemmour. Faute aux gouvernants successifs qui détruisent l’Etat et font sombrer les gens dans la pauvreté, les faisant ainsi se réfugier dans les bras du loup.

Pour notre part, le score aurait vraisemblablement été encore plus haut (22% étant déjà une fierté immense) si les autres candidats se réclamant de la gauche n’avaient pas passé leur campagne à insulter Jean-Luc Mélenchon à chacune de leur intervention avec des mensonges, caricatures et attaques plus mensongères les unes que les autres. Certains électeurs de gauche se seraient sentis plus aptes à glisser un bulletin de vote Mélenchon le 10 avril.

Enfin, les communistes avec qui Jean-Luc Mélenchon a fait campagne en 2012 et 2017 sont partis cette fois seuls. Nous n’avons pas cessé de faire des appels à se rassembler entre nos deux formations si proches idéologiquement, en vain. Leur candidat Fabien Roussel n’a cherché qu’à créer des divergences entre nous sur des sujets ridicules pour fabriquer des barrières aux communistes. Sans sa candidature, Jean-Luc Mélenchon serait très probablement au second tour actuellement et l’extrême droite chez elle.

AO : On ne va pas se mentir, Monsieur Roussel, Madame Hidalgo et Monsieur Jadot se sont présentés alors qu’ils savaient parfaitement qu’ils ne pourraient pas passer le premier tour. Ils auraient dû se retirer bien plus tôt et appeler à voter Jean-Luc Mélenchon, ainsi on aurait eu la gauche au second tour à la place de l’extrême droite.

En plus de tout cela, il y a aussi l’abstention qui est restée élevée, surtout chez les jeunes ! Je pense que la plupart ne se sentent pas concerner par la politique en général parce qu’ils pensent que de toute façon, il n’y aura pas de changement ou que le gauche ne pouvait pas se qualifier au second tour. Si vous vous en rappelez, les sondages ont largement sous-estimé Jean-Luc Mélenchon et surestimé Eric Zemmour. Finalement, on a été à deux doigts d’y arriver.

Finalement, est-ce que la France Insoumise sans Mélenchon aurait eu autant de succès ?

WL : La France Insoumise est l’élaboration de Jean-Luc Mélenchon et de son aptitude à sentir le pays et ses aspirations, et à savoir comment créer des forces politiques : Front de gauche, Union Populaire, etc.

Ainsi, "la France Insoumise sans Mélenchon" est difficilement envisageable puisque l’un ne va pas sans l’autre dans sa création. Ensuite, si c’est dire que Jean-Luc Mélenchon est une personnalité politique hors du commun, reconnu par tous sans sa qualité de tribun, et qu’il va énormément manquer à notre courant pour incarner nos idées parmi les quartiers populaires notamment, oui, c’est une certitude. Mais nous nous relèverons et comme il nous l’a demandé, "on fera mieux".

AO : Mélenchon, il a des qualités et des défauts mais c’est un vrai tribun. Il a fauté évidemment. Je me souviens de l’incident au QG de son parti où il avait déclaré : "la République c’est moi !".

On l’a fait passer pour un mégalomane et tout ceci a été sorti de son contexte. En tout cas, c’est certain que ça a laissé une trace dans l’esprit des gens… Mais dans le même temps, je pense que son tempérament est aussi sa force, que ça pouvait repousser comme convaincre. De plus, Jean-Luc Mélenchon, tout le monde le connaît et sa notoriété est utile pour le mouvement.

Savez-vous ce que vous ferez pour le second tour ?

WL : Pour le second tour, je m’abstiendrai ou je voterai blanc. Je le dis tout de suite, mon engagement auprès de Jean-Luc Mélenchon est un engagement anti-fasciste, contre l’extrême droite et Marine le Pen. Voter pour elle n’est même pas une seconde envisageable.

Toutefois, voter pour celui qui a tout fait pour être au second tour face à le Pen, c’est non. Qu’il s’en débrouille. Le barrage ? Nous l’avons fait au premier tour en votant pour le seul qui pouvait la battre. Maintenant, que ceux qui ont voté Jadot, Roussel et Hidalgo se débrouillent puisqu’ils portent l’entière responsabilité de la présence de l’extrême droite au second tour. Voter pour la peste le Pen, non.

Pour le choléra Macron, avec ses mesures anti-sociales comme jamais vu, après son quinquennat où des propos tels que, "Marine le Pen, vous êtes trop molle", ont été prononcés sur les musulmans ou encore les mesures d’extrême droite (loi asile et immigration, sécurité globale, destruction des tentes de migrant, etc.) ont été réalisées, c’est non également. Sa majorité a passé son temps à nous qualifier d’islamo-gauchistes, d’ennemis de la République, et il voudrait qu’on vienne le sauver ? Il n’a qu’à susciter l’adhésion du pays et il gagnerait facilement.

AO : Ni Le Pen, ni Macron, je m’abstiendrai. Marine Le Pen est aux antipodes de mes convictions. Je ne peux tout simplement pas me résoudre à voter extrême droite. Mais pour autant, il est aussi hors de question de voter Macron au second tour parce que je n’aime pas son programme et encore moi son bilan. Sincèrement, qu’ils fassent ce qu’ils veulent mais nous ne sommes pas responsables, nous avions voté pour l’alternative viable de gauche et elle n’est pas au second tour.

 

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