Le prix de l’énergie ne cesse de grimper et pour une majorité de partis tels que le PS, Ecolo ou encore Groen, l’une des façons de contribuer à faire baisser le montant de la facture des citoyens est de taxer les surprofits des grandes entreprises énergétiques. La ministre Groen de l’Énergie, Tinne Van der Straeten, attend d’ailleurs d’ici la fin du mois un rapport de la Banque Nationale de Belgique pour clarifier le concept, étudier ce qui se fait dans les pays voisins.
Mais pour que les entreprises jouent le jeu, "il faudra que la demande du gouvernement soit bétonnée d’un point de vue juridique", estime Serge Quoidbach, auteur et rédacteur en chef adjoint du journal l’Écho. "Parce que les entreprises, elles, ont évidemment toutes sortes d’arguments contraires. Engie, par exemple, la maison mère d’Electrabel, peut faire valoir qu’elle paie déjà une contribution. Il s’agit de la taxe nucléaire, introduite en 2008. Pour l’exercice de cette année, le gouvernement s’attend à percevoir 680 millions d’euros, ce qui est un record. Par ailleurs, le fédéral est en négociation avec Engie pour prolonger deux réacteurs nucléaires. Des négociations difficiles, pas simple donc pour nos ministres d’aller exiger une rallonge supplémentaire."
En parallèle, le gouvernement devra également négocier avec les centrales au gaz, l’éolien, le solaire. "Il y a aussi toutes sortes d’acteurs comme Luminus, filiale du français EDF, Total Énergie, un autre Français, etc", reprend Serge Quoidbach. "Beaucoup d’entre eux sont détenus par des groupes étrangers. Et c’est là qu’apparaît un autre caillou dans les chaussures de nos politiques : aller exiger auprès de ces géants énergétiques des contributions pour la Belgique alors que ces entreprises ont d’autres agendas." Et aussi d’autres dépenses. Selon le rédacteur en chef, des entreprises telles que Total Energie peuvent avancer le fait que les profits générés par la hausse des prix sont directement reversés dans les investissements dans les énergies renouvelables.
"On les attend évidemment au tournant", précise Serge Quoidbach. "Et pour le coup, le bilan, c’est visiblement 'peut mieux faire'. La semaine passée, Carbone Tracker, l’un des groupes d’experts les plus à la pointe dans le domaine, a remis un rapport pour le moins mitigé. Dans les meilleurs ou plutôt les moins mauvais du classement, on retrouve les Européens. Total Énergie, par exemple, se place en troisième position, derrière l’espagnol Repsol et l’italien ENI, mais bien loin devant les groupes américains comme ExxonMobil."