Prix Première

Prix Première : "Les Enfants endormis", une histoire familiale bouleversante dans le cadre tourmenté des premières années sida

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Anthony Passeron a reçu ce jeudi le Prix Première pour "Les Enfants endormis", première œuvre pour laquelle il a déjà reçu de nombreux prix. Le titre fait référence aux jeunes toxicomanes à une époque pas si lointaine où ils découvraient l'héroïne et s'endormaient en pleine rue, à la vue de tous, sous l'emprise de cette substance mortifère.

C'est l'histoire de son oncle, Désiré, qui en était victime, et qui comme de nombreux toxicomanes dans les années 80, a également été touché par le sida. Son histoire se déroule dans une famille de l'arrière-pays niçois, totalement dépassée par les événements. En parallèle, le livre raconte également l'état de la recherche à une époque où les médecins et les chercheurs tâtonnaient pour découvrir ce qu'était cette maladie.

Les deux histoires se chevauchent et montrent l'isolement auquel devaient faire face à la fois les victimes et leurs familles ainsi que les scientifiques à la recherche d'un remède à une maladie qui touchait principalement des populations marginalisées.

Françoise Baré a pu rencontrer Anthony Passeron. Voici son interview :

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Tout d'abord, est-ce que ça a une importance de gagner un prix en Belgique pour de la littérature francophone française?

"Oui, ça a une importance particulière parce que j'avais envie que ce livre rencontre le public le plus large et qu'il y a une grande partie autobiographique, mais que la partie autobiographique, en l'occurrence celle de ma famille, n'est là qu'à titre d'archétype. Et j'ai voulu raconter ce qui s'était joué dans une famille de la campagne française, parce que j'étais convaincu que ce qui s'était joué au sein de cette famille, s'était joué dans de nombreuses familles et bien au-delà des frontières françaises et particulièrement en Belgique.

Il est question de quelques médecins belges, de manière très anecdotique dans le roman, mais tout de même, je sais que c'est une histoire collective et c'est très important pour moi que ce livre, justement, sorte des frontières françaises. Et c'est pour ça que l'honneur qui nous est fait aujourd'hui me touche tout particulièrement."

C'est un prix décerné par des lecteurs. Est-ce que ça, ça a une importance ?

"Oui, nécessairement, parce que j'ai l'impression que dans le prix de lecteurs, il y a toujours quelque chose qui est particulier, c'est qu'il y a plus d'enjeux autres que celui de la lecture et que finalement le lecteur n'a pas d'a priori sur la taille d'une maison d'édition, sur le nom d'un écrivain, d'un primo, etc.

Je pense que c'est très important qu'il y ait toujours des lecteurs, au moins en partie, dans les jurys des prix, parce que c'est vraiment le lecteur qui va faire la lecture presque la plus objective si j'ose dire, dénuée de tous enjeux économiques, éditoriaux, etc. Donc c'est aussi un livre qui parle de ce qu'on appelle de manière sans doute insuffisante les gens ordinaires. Et c'est pour ça que pour moi, il était important que ce livre soit lu par des gens entre guillemets ordinaires, c'est-à-dire des lecteurs lambda."

C'est aussi l'histoire de gens ordinaires. Les années sida que vous réactivez. Il y a un décor, une histoire familiale, mais ce sont aussi les gens ordinaires, de la France périphérique, touchée par le sida. Et c'est l'histoire de votre oncle, Désiré, qui est mort du sida...

"Oui, absolument. Mon oncle était un jeune homme d'un petit village de l'arrière-pays niçois qui s'est beaucoup ennuyé comme beaucoup de gens des campagnes. Et un jour, il a voulu partir faire de nouvelles expériences, en l'occurrence à Amsterdam, où il a découvert une drogue. Et quelques années après, cette drogue s'est avérée être le vecteur d'un virus que personne ne connaissait et qu'on prêtait d'ailleurs plutôt aux homosexuels. Et c'est vrai que l'un des projets de ce livre, c'était de raconter le VIH sida de ceux qui n'avaient pas pu le raconter eux-mêmes, en dehors des métropoles, en dehors des milieux intellectuels, etc. Il me semblait qu'il y avait un angle mort à cet endroit-là et c'est vrai qu'il y a eu une grande production artistique autour du VIH sida, mais peut-être assez peu, voire pas du tout de ce point de vue-là. Donc c'est vrai que c'était l'un des objectifs de ce livre."

Parce qu'on connaît les livres importants, il y a eu Hervé Guibert et il y a eu Les Nuits Fauves, et cetera. Vous, ce n'est pas du tout l'objet, c'est-à-dire que vous êtes témoin d'une histoire familiale, mais a posteriori. Et puis c'est aussi un grand secret parce qu'on ne racontait pas l'histoire de Désiré.

"Ce qui m'intéressait, c'était de dire en quoi la spécificité géographique du territoire dans lequel l'histoire se déroule va changer les choses. Et évidemment c'était compliqué de dire sa séropositivité dans les milieux urbains. Mais dans un village où tout le monde se connaît, le fait d'avoir un fils toxicomane c'est d'abord être une mère qui n'a pas bien élevé ses enfants. Pour ma grand-mère avant tout. Et c'est pour ça qu'elle ne sera pas en mesure de prendre en charge tout de suite, en tout cas, sa toxicomanie. C'est toute cette spécificité géographique qui m'intéressait. Et ce n'est pas tant un livre sur le sida qu'un livre sur comment le sida vient percuter des vies dans un milieu, en l'occurrence dans un milieu provincial, chez des commerçants."

C'est aussi le début des années sida, c'est-à-dire qu'on n'est pas dans les années 90, on est dans les années 80, c'est le tout début. C'est la découverte à la fois scientifique et puis toute cette épopée de recherche. Mais c'est aussi le début. Donc ça, ça répercute aussi une histoire sociale, mais le début d'une histoire.

"C'est vrai que j'ai voulu essayer de faire revivre au lecteur ce qu'ont été les premières années de l'épidémie, au moment où le virus n'avait même pas de nom, au moment où on n'était pas certain des modes de transmission, on n'était même pas certain que toutes les personnes infectées finiraient par développer la maladie, etc. Toutes ces questions, tous ces errements, il était important de les documenter. Et à chaque fois que j'ai voulu demander à ma famille concrètement ce que ça voulait dire d'avoir un fils séropositif, ils étaient incapables de me le raconter. Et c'est pour ça que le roman a aussi une partie documentaire pour raconter quel effroi ça a pu être. Un effroi scientifique, médical mais aussi médiatique, l'arrivée de cette épidémie. Et c'était important de confronter les deux pour essayer de recréer au mieux l'ambiance de l'époque."

Le livre est constitué ainsi. À chaque fois et jusqu'à la fin du livre, il y a cette alternance entre un chapitre sur l'histoire familiale et un chapitre où l'on plonge dans les laboratoires. On a l'impression de vivre l'épopée et cette immense solitude des chercheurs qui correspond à l'immense solitude de votre grand-mère.

"J'avais l'impression que s'il n'y avait pas cette double histoire, on n'aurait pas compris la violence des choses. En l'occurrence, comment comprendre la solitude, la honte et le désarroi d'une mère si on ne comprend pas la solitude et le désarroi des médecins parisiens, américains face à ce syndrome qui touche des populations marginales et dont la plupart de leurs collègues ne veulent pas entendre parler. Et c'est vrai que sans cet aller-retour, si j'ose dire, je pense que je n'aurais pas été capable de mettre en évidence la difficulté de ce qui s'est joué, en l'occurrence dans ma famille."

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C'est aussi un roman qui tient du social, de l'écriture, des racines et d'une forme de trans-classe, puisque votre grand-mère était issue d'une famille italienne pauvre, prolétaire, etc. Elle accède à un statut de notable par le mariage avec le boucher. Il y a aussi une épopée sociale. Et puis il y a quelque chose de commun entre les chercheurs et votre famille, c'est la connaissance intime du sang.

"C'est vrai que c'est quelque chose que j'ai vraiment délégué aux lecteurs. C'était un point commun, si j'ose dire, entre l'histoire de la maladie et ce sur quoi la famille avait bâti son nom. Et c'est vrai que c'est une famille de bouchers-charcutiers et d'avoir un fils qui meurt par le sang, dans les imaginaires ça cristallise quelque chose. Et c'est vrai que ce virus vient percuter la trajectoire d'une grand-mère, la trajectoire sociale.

C'est aussi pour ça qu'il était important de raconter en quoi le VIH est venu percuter des vies, des trajectoires, des objectifs. Parce que finalement, les catastrophes n'arrivent jamais sur des tables absolument planes. En l'occurrence, la toxicomanie et le virus sont venus percuter la trajectoire d'une grand-mère. La jalousie entre deux frères, etc. Toutes ces choses que les événements vont cristalliser.

Et sans doute que, par exemple, la jalousie entre deux frères n'aurait jamais été autre chose que quelque chose d'anecdotique dans ma famille si ces événements-là n'était pas arrivés. Donc c'est aussi un livre sur ce que le sida a changé dans une famille durablement."

Vous êtes né en 1989, ce qui veut dire que c'est la fin de l'histoire et vous n'avez pas vécu les événements de la maladie de l'oncle Désiré. Il était déjà mort et son épouse Brigitte aussi. Qu'est-ce que vous saviez de l'histoire à part le récit médiatique? Vous l'avez dit à plusieurs reprises, vous saviez à propos de Sidaction, etc. Mais qu'est-ce que vous saviez de l'histoire dans votre famille? Est-ce qu'on vous disait les choses?

"On ne m'a raconté cette histoire qu'à travers des euphémismes, à travers des ellipses et des métaphores. Donc forcément, je suis d'abord le tributaire d'un roman familial. On m'a raconté un roman autour de l'histoire de mon oncle parce qu'on estimait que le neveu n'était pas en mesure d'entendre à son âge des choses aussi graves que la drogue en intraveineuse par exemple. Et donc il a fallu partir de ce matériau-là pour le contredire, c'est-à-dire que, en quelque sorte, pour ma famille, je suis devenu un adulte en publiant ce livre. C'est-à-dire que j'ai remis en question le roman familial en leur disant que ce qu'on m'avait raconté était soit faux, soit incomplet, et qu'il y a eu un travail de reconstitution en se mettant à rechercher des témoins d'un second cercle, les amis de mon oncle, des gens qui l'avaient bien connu, etc. Pour essayer de me rapprocher d'une histoire beaucoup plus satisfaisante du point de vue de la narration.

C'est vrai qu'à ce titre-là, je pense qu'il y avait une responsabilité de la part de la génération suivante qui n'avait pas vécu les événements d'aussi près et qui était donc un peu moins traumatisée par ces événements et que peut-être j'ai été le premier de ma famille à être capable de raconter. Sans doute mes parents et mes grands-parents ont tellement vécu tout cela dans une urgence et une violence telle qu'ils n'ont pas pu se poser pour réécrire cette histoire, ou du moins en livrer un récit constructif. Et à ce titre, il me semblait que c'était de l'ordre de la nécessité et de ma responsabilité."

C'est aussi un monde qui périclite. On est centré sur les années sida et les années 80. C'est une décennie particulière et c'est aussi le moment de l'ultralibéralisme qui mange les villages. Et dans la mémoire de vos grands-parents, il y a le sida et ils ne voient pas que le monde périclite. Et on attribue la responsabilité à Désiré qui piquait dans la caisse

"J'ai l'impression en effet qu'ils ont vécu toute cette histoire d'un point de vue très centré sur la petite enclave qui est la vallée dans laquelle nous avons vécu. Comme si tout ce qui s'était joué économiquement, géographiquement, à l'extérieur leur était passé un peu au-dessus de la tête. Sans vouloir me placer au dessus d'eux, il était aussi de mon rôle d'essayer de raconter d'une manière globale cette histoire pour leur dire que tout ceci s'est joué en dehors du village. Et le destin de Désiré, en l'occurrence, a été percuté par tout un tas de phénomènes économiques, culturels, sociaux. Et c'est vrai que parmi la génération des toxicomanes des années 80, beaucoup sont des déçus des mouvements de gauche, des déçus de l'arrivée du mitterrandisme au pouvoir.

C'est un mélange de choses comme ça qui a été beaucoup raconté du point de vue sociologique, et qui me semblait important d'essayer de leur transmettre à ma manière par ce roman, pour leur montrer que beaucoup de choses s'étaient jouées bien au-delà du village et que les les tenants de la catastrophe ne se jouaient pas forcément à leur échelle."

Est-ce que c'est un roman qui s'inscrit dans la veine sociologique, c'est-à-dire, comme on connaît des plumes : Edouard Louis, Annie Ernaux, Eribon… Est-ce que c'est de cet ordre-là ?

"Je ne sais pas si c'est de cet ordre-là, parce que j'ai beaucoup d'admiration pour ces auteurs. En tout cas, ce qui est sûr, c'est que ce roman n'aurait pas été possible sans ma découverte d'Edouard Louis, qui m'a permis de découvrir Eribon, qui m'a permis de découvrir Annie Ernaux. Je dis souvent que je suis un peu comme un saumon qui aurait remonté la rivière à l'envers, mais c'est exactement ça. Et plus récemment, j'ai découvert Pierre Bergounioux. Et c'est vrai qu'Annie Ernaux, elle dit que le jour où elle a lu Bourdieu, elle a mis des lunettes qui lui ont fait voir le monde d'une autre manière et qu'elle ne pourra plus jamais enlever ses lunettes.

En ayant lu ces auteurs, j'ai regardé une histoire que je connaissais déjà. L'histoire du village, l'histoire de ma famille. Mais tout à coup, je les ai regardées avec des lunettes différentes. J'avais déjà les lunettes de l'étudiant en géographie que j'étais et c'est vrai que maintenant je reraconte l'histoire du village avec tous ces prismes-là. Donc j'ai un intérêt sociologique. Mais est-ce que j'ai une compétence sociologique ? Je n'irais pas jusque-là, mais c'est forcément quelque chose qui m'obsède, absolument."

Les lunettes du géographe, on les sent très bien. Il y a une écriture géographique parce qu' il y a une méthode, il y a une histoire, mais il y a également une narration, une forme littéraire. Les phrases sont toujours avec le mot juste. C'est aussi au scalpel, très court. Et on est emporté par un rythme. Comment considérez-vous l'écriture, le style ?

"En fait, j'ai l'impression de faire partie d'une partie de la population qui n'est pas en mesure de se choisir un style comme on choisit des vêtements. Et il me semble que c'est toujours la nécessité qui guide mes choix. C'est pour ça qu'on a parlé d'écriture pudique, au scalpel, et cetera. C'est parce que de toute façon, je suis cadré par l'espoir que ma famille ne soit pas trop heurtée par ce livre. Et déjà que c'était en partie une petite transgression de raconter l'histoire qu’eux-mêmes ne voulaient pas raconter."

...avec les vrais noms et lieux.

"J'ai pensé que si je voulais les faire adhérer a posteriori à ce projet, il fallait qu'ils se reconnaissent dans cette écriture. Et ce sont des gens très pudiques, donc ils ne m'auraient jamais pardonné de faire de l'emphase, de faire beaucoup d'artistique et d'orfèvrerie avec leur vie. C'est pour ça qu'il a fallu vraiment le faire de la manière la plus neutre. Qu'il n'y ait pas le mot qui me satisfait, mais de la manière la plus simple possible pour qu'eux se reconnaissent. Sinon, j'aurais eu l'impression de les trahir un peu."

Vous ne vous considérez pas comme un traître ?

"En tout cas, j'espère de ne pas l'être. Et c'est déjà une forme de trahison d'avoir trahi le secret parce qu'eux se seraient bien satisfaits pour leur restant de leurs jours du silence autour de cette histoire."

Qu'est-ce qu'ils vous ont dit maintenant que le livre est là et que vous avez gagné des prix et qu'on vous voit partout ? La rentrée littéraire a été illuminée par ce roman...

"C'est un grand honneur qui nous est fait. Je pense qu'ils sont partagés parce qu'avoir un fils qui a écrit un livre pour eux, c'est une grande fierté. Quelque part, ils auraient bien aimé que je raconte l'histoire des voisins plutôt que la leur, mais ils sont très fiers de ça. Une partie de la famille subissait le tabou. Je pense que beaucoup de membres de la famille auraient eu besoin qu'on en parle plus tôt et donc ceux-là sont plutôt satisfaits qu'on puisse enfin discuter. Et comme s'ils se souvenaient tout à coup de tout, ils se remettent à en parler, etc. Et c'est une grande satisfaction.

Les plus anciens sont un peu plus gênés parce que pour la génération précédente, il n'y a aucune bonne raison de parler, alors que nous vivons peut-être tous collectivement dans une société qui a admis que la parole est libératoire. Mais ce n'est pas leur cas. Donc ils ont beaucoup plus de mal avec ça. Mais ça nous permet d'avoir des discussions constructives."

C'est un roman très fort, qui vous touche beaucoup, puisque c'est quand même l'exploration d'un secret de famille, d'époques douloureuses. Il y aura autre chose? Vous vous sentez capable d'écrire autrement, autre chose?

"Écrire autrement, non, mais autre chose, oui. Il me semble que j'ai eu la chance de rencontrer des auteurs confirmés dans le cadre de la rentrée littéraire et des festivals auxquels nous avons assisté. Et c'est vrai que la plupart des auteurs confirmés me disent souvent qu'un premier roman, ça pose les jalons de quelque chose. Et quand je regarde ma bibliographie, eh bien finalement je me rends compte que mon premier roman, quel qu'il fût, déjà tout était contenu dans mon premier roman. Et c'est vrai que j'ai l'impression que ce premier roman m'ouvre les portes d'une sorte de méthodologie. Le mot est insuffisant, mais il y a quelque chose qui me permet aujourd'hui de revoir d'autres éléments de ma vie, de ce prisme-là, avec cet aller-retour collectif et intime. Et c'est vrai que je compte bien continuer de ce point de vue-là, avec cette famille-là, avec cette géographie-là, mais d'autres personnages, d'autres faits collectifs aussi."

Donc l'écriture vous tente ?

"Oui. C'est une chose dans laquelle je me trouve bien et je compte bien continuer."

Il s'agit d'un objet, un livre et sa couverture. D'abord le titre, ce sont "Les Enfants endormis", liés à la toxicomanie. Mais on ne le comprend qu'en lisant puisque nous on n'employait pas ce terme-là. Et sur la couverture il y a des photos, qui parlent aux gens qui ont vécu les années 80. On voit la Golf, le vélo, le mariage avec le bouquet de fleurs. C'est typique, mais ce sont de vraies photos. Ça ancre donc dans une réalité familiale. Ce ne sont pas des illustrations ?

"Au moment où l'aventure éditoriale a commencé, on a songé avec mon éditeur, les éditions Globe, à utiliser un matériau qui est aussi le matériau du livre, en l'occurrence les super 8 de mon père. Et quelque chose qui m'ennuyait, c'était pas tant l'exposition de ma famille, mais c'était est-ce que les gens vont comprendre qu'il ne s'agit pas que de l'histoire de ma famille ? Et c'est pour ça que plutôt que de choisir une seule photo, on a accumulé des photographies et les choix ont été faits selon un seul critère. Il ne s'agit pas de se demander si tel ou tel personnage représenté est dans le livre ou pas. Ce qui a été un critère, c'est que chacun puisse reconnaître les photos de sa propre famille. Donc c'est pour ça qu'on retrouve des sortes de cartes postales. Donc il y a des vacances à la mer, il y a un jeune garçon devant une maison qui semble être quand même de la campagne, il y a des photos de mariage, etc. Le but c'était que chacun puisse comprendre qu'il ne s'agissait pas de quelque chose d'uniquement intime. Donc c'est pour ça que ce choix-là a été fait."

Donc ce n'est pas un album de famille ?

"C'est l'album collectif, en quelque sorte, de toutes les photos que nous avons chacun en notre possession."

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Anthony Passeron, "Les Enfants endormis", aux éditions Globe, Prix Première.

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