"Il ne parlait que de mourir en martyr": l'enquête sur l'assassinat du père Hamel en juillet 2016 a montré a posteriori qu'un des jihadistes persistait dans sa volonté d'action violente alors qu'il était en liberté conditionnelle au moment de l'attentat, a indiqué un enquêteur vendredi au procès.
Adel Kermiche, habitant de Saint-Etienne-du-Rouvray (département de la Seine-Maritime), avait tenté une première fois de rejoindre la Syrie en mars 2015. Intercepté en Allemagne, il était mis en examen à son retour en France pour association de malfaiteurs terroriste et placé sous contrôle judiciaire.
Mais un mois et demi plus tard, nouveau départ via la Suisse, puis la Turquie, en compagnie d'un adolescent de 15 ans. Interpellé à l'aéroport d'Istanbul, il était cette fois placé en détention à son retour.
En mars 2016, il bénéficie d'une libération conditionnelle, sous bracelet électronique. En apparence, il respecte les conditions imposées et ne fait plus parler de lui, jusqu'à son irruption dans la petite église de Saint-Etienne-du-Rouvray le 26 juillet en compagnie d'Abdel-Malik Petitjean qui l'avait rejoint trois jours plus tôt.
Un rapport des services de probation mentionne même que "son discours sur la religion ne démontre pas une adhésion à une idéologie extrémiste".
"Quand on a appris que la juge" avait décidé sa remise en liberté conditionnelle considérant "qu'il était sorti du prosélytisme, (...) on n'y croyait pas une seconde", avait souligné mercredi devant la cour d'assises spéciale de Paris Nicole Klein, préfète de Normandie à l'époque.
Les services de renseignement locaux l'avaient parfaitement identifié comme "radicalisé" et "dangereux", se rappelle-t-elle. "Mais on ne pouvait rien faire, à part surveiller ses faits et gestes", a-t-elle estimé.
"Adel Kermiche était un nom identifié au sein de l'administration municipale. (...) On sait que c'est une personne qui veut partir en Syrie. On sait que l'autorité de police et l'autorité de justice le considèrent comme radicalisé", a aussi expliqué jeudi à la barre Hubert Wulfranc, maire de Saint-Etienne-du-Rouvray à l'époque.
Mais il souligne qu'on le voyait très peu en ville et qu'aucun élément concret n'avait alors justifié son signalement à l'autorité judiciaire. L'actuel député de Seine-Maritime a insisté sur l'"absence de tout incident, de toute démonstration, fut-elle minime, de passage à l'acte ou de propos tendant à faire passer à un passage à l'acte".