Belgique

Procès des attentats à Bruxelles : les attentats, une réponse aux bombardements en Syrie, selon plusieurs accusés

Bilal El Makhoukhi, le 5 avril 2023.

© Palix

Par Belga

Quel était le but des attentats en Europe ? Cette question centrale a été mercredi au cœur de l'interrogatoire des accusés du procès des attentats du 22 mars 2016 à Bruxelles. Selon Bilal El Makhoukhi, l'objectif de Najim Laachraoui, l'un des kamikazes de Zaventem, était d'appliquer la loi du talion (principe de réciprocité du crime et de la peine, NDLR) et de faire quelque chose pour arrêter les bombardements de la coalition internationale en Syrie.

"La première fois que j'ai revu Najim Laachraoui en Belgique, j'ai dit que je voulais bien lui apporter mon aide, mais que je comptais repartir en Syrie", a raconté l'accusé. "Il m'a dit 'les bombardements sont sans pitié'. Il m'a dit avoir vu des corps de femmes et d'enfants déchiquetés, qu'ils n'en avaient rien à foutre de tuer des innocents. Najim Laachraoui a fait ce qu'il a fait, mais ce n'était pas un menteur."

Le talion

"Il pensait qu'il n'y avait pas de raison que les pays qui font ces choses en Syrie ne subissent pas la même chose", a décrit Bilal El Makhoukhi. "Il était en Europe pour appliquer le talion et pour faire quelque chose afin d'arrêter les bombardements." "Les bombardements c'est aussi de la terreur", a ajouté l'accusé. "Ces bombes ont tué plus de civils en Orient que les attentats en occident." L'homme a en revanche affirmé que, jusqu'au 22 mars 2016, il n'avait aucune idée du moment où Najim Laachroui allait passer à l'attaque, ni quelles allaient être ses cibles.

De son côté, Mohamed Abrini a avancé que, selon lui, les attentats étaient effectivement une réponse aux bombardements. "Mais je pense que les attentats n'arrêteront pas les bombardements et que les bombardements n'arrêteront pas les attentats", a-t-il déclaré, avant d'ajouter que Najim Laachraoui était dans l'optique de perpétrer autant d'attaques que possible en Europe.

Sofien Ayari avance pour sa part que son départ pour la Syrie a été "un point de bascule". L'homme a expliqué qu'il ne voulait pas attaquer le mode de vie européen et que son arrivée en occident avait été provoquée par ce qu'il avait vu en Syrie.

"Quand je suis parti de chez moi (en Tunisie, NDLR), je suis parti en Syrie, je ne suis pas venu ici", a expliqué Sofien Ayari. "Ce que j'ai vécu personnellement là-bas a changé quelque chose en moi. Des amis sont morts dans mes bras, j'ai vu des corps déchiquetés mais voilà, c'est la guerre, c'est comme ça, c'est une logique que je peux comprendre."

"Fou de rage"

"Mais quand j'ai été blessé, on m'a emmené à l'hôpital à Raqqa et ce que j'ai découvert là-bas a été un point de bascule. Ce n'était plus la guerre, c'était autre chose, c'était des bombes qui tombaient sur des hommes, des femmes, des enfants,...", a-t-il poursuivi. "Je n'ai jamais ressenti une haine pareille. J'avais le cœur brisé comme vous dites ici. J'étais fou de rage."

Et l'accusé d'évoquer le témoignage du président français de l'époque, François Hollande, au procès des attentats de Paris. "Il a dit qu'il n'y avait pas de victimes civiles (en Syrie, à la suite des frappes de la coalition internationale, NDLR) à sa connaissance ! C'est prendre les gens pour des débiles ! J'ai l'impression qu'on ne condamne que d'un seul côté. Il faut que chacun prenne ses responsabilités." Regardez tout ce qu'on a fait ici après les attentats, les procès... "Combien y a-t-il eu de procès pour les morts en Syrie et en Irak ? Ça en dit long sur la valeur de la vie humaine", a conclu Sofien Ayari.

Sur le même sujet : Extrait du JT (12/04/2023)

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