Justice

Procès des attentats à Bruxelles : plusieurs accusés ne répondront aux questions qu'une fois le jugement sur les conditions de transferts rendu

Le box des accusés le 30 novembre 2022

© Palix

La présidente de la cour d'assises de Bruxelles a tenté, lundi, de prendre la température du côté des accusés, au procès des attentats du 22 mars 2016, pour savoir s'ils ont l'intention ou non de répondre aux questions lors de leur interrogatoire. Celui-ci doit débuter mercredi.

Les conseils de Mohamed Abrini et d'Ali El Haddad Asufi ont d'ores et déjà déclaré que leurs clients ne répondront pas aux questions tant que le juge des référés n'aura pas rendu sa décision au sujet de leurs conditions de transfert. "Monsieur Abrini ne répondra pas tant que la question des transferts ne sera pas réglée. Je rappelle qu'au procès des attentats à Paris, il a répondu. Ça toujours été sa volonté", a notamment dit Me Laura Pinilla, avocate de l'accusé Mohamed Abrini.

"Nous attendons la position d'un magistrat sur la question des transferts", a renchéri Me Jonathan De Taye, conseil d'Ali El Haddad Asufi. "Mais sa volonté est de parler." Par contre, le conseil de Bilal El Makhoukhi, Me Virginie Taelman, et celui d'Hervé Bayingana Muhirwa, Me Vincent Lurquin, ont affirmé que ceux-ci sont prêts à répondre aux questions qui leur seront posées par la présidente et les parties, dès mercredi.

L'action en référé introduite par six accusés contre l'Etat belge, pour le faire condamner à leur offrir des conditions de transferts dignes, a été reportée, lundi, à vendredi. Elle aura lieu au Justitia à Haren, là où se déroule actuellement le procès des attentats. 

Conditions de tranfert : "L'analyse de la menace justifie les mesures"

Dans un courrier datant du 14 décembre et adressé à la cour d'assises, et lu à l'audience ce lundi matin par la présidente Laurence Massart, le ministre de la Justice est revenu sur ces conditions de transfert. Vincent Van Quickenborne y a expliqué que les mesures prises par les services de sécurité ne l'ont pas été "du jour au lendemain" et qu'elles ne sont pas uniques à ce procès. Elles sont, de plus, réévaluées régulièrement, assure-t-il dans ce courrier.

Invoquant la jurisprudence, le ministre justifie le recours aux fouilles à nu, aux génuflexions (pour lesquelles il affirme ne pas avoir connaissance de "contact physique") et à des lunettes occultantes. Il dit ne pas avoir d'informations relatives à des casques audios diffusant de la musique de type métal à un volume élevé et ajoute qu'un tel procédé n'est "pas envisagé".  

Selon Vincent Van Quickenborne, l'analyse de la menace justifie le maintien de ces mesures, qui sont toutefois réévaluées régulièrement. D'après lui, il est "souhaitable que le procès se déroule dans des conditions de sécurité suffisantes".

Les victimes "otages" du débat sur les conditions de transfert

Les victimes, quant à elles, sont prises en otage par ce débat sur les conditions de transfert des accusés, a dénoncé lundi matin Maryse Alié, membre du collectif d'avocats Life4Brussels, qui représente plusieurs victimes. "L'histoire des conditions de transfert n'a rien à voir avec le procès d'assises lui-même, qui se déroule dans cette salle", a-t-elle fustigé, appelant le jury à ne pas confondre celui-ci et le référé. "Nous en avons assez de tous ces retards! Les personnes que nous défendons attendent des réponses depuis des années." Elle dénonce la "victimisation" des accusés, avec leurs "multiples plaintes en tous genres" et qui veulent boycotter le procès. "Cela devient intolérable! Un jeu de ping-pong qui n'a rien à voir avec l'enjeu de ce dossier", a-t-elle dit en conclusion de ce "cri du cœur".

Trois des sept accusés détenus restent dans la salle d'audience

Trois des sept accusés détenus au procès des attentats à Bruxelles du 22 mars 2016 ont décidé ce lundi matin de rester dans le box plutôt que de quitter la salle d'audience et de retourner en cellule. C'est la première fois que cela se produit après trois jours d'audience consécutifs où l'ensemble des accusés détenus avait décidé de ne pas assister aux débats afin de protester contre leurs conditions de transfert de la prison de Haren au Justitia.

Mohamed Abrini, Osama Krayem et Ali El Haddad Asufi sont les trois accusés à avoir décidé de quitter la salle d'audience. S'y ajoute Salah Abdeslam, qui n'a pas fait le déplacement jusqu'à la cour d'assises. On ignore cependant la raison de ce refus de comparaître. Sans doute l'attitude des trois accusés présents dans le box s'explique-t-elle par l'intervention prévue de leurs avocats devant la cour d'assises lundi. Ils doivent en effet prononcer une déclaration de défense à l'attention de la cour et des jurés.

Procès des attents de Bruxelles: sujet JT du 13/12/2022

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